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Procès Turcotte: 46 plaies sur les deux enfants

Stéphanie Marin - La Presse Canadienne

SAINT-JÉRÔME, Qc – Quarante-six plaies, infligées alors qu’ils étaient vivants: c’est le total de blessures externes dénombrées sur les corps d’Olivier et d’Anne-Sophie, tel qu’établi par le pathologiste judiciaire qui a témoigné lundi au procès de Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants.

Selon l’opinion de cet expert, André Bourgault, ces blessures ont été causées par des coups de couteau, «l’exemple le plus fréquent» d’un objet piquant et tranchant qui aurait pu causer pareilles plaies.

Deux couteaux ont d’ailleurs été retrouvés sur la scène du crime.

Le coeur de la fillette de trois ans a été transpercé par l’un de ces coups.

Une plaie «mortelle en soi», a écrit l’expert, notant qu’elle en a toutefois reçu bien d’autres.

Les mains d’Olivier, 5 ans, avaient aussi des blessures qu’il a appelées «plaies de défense». Ce qui signifie, selon lui, que l’enfant a tenté de se protéger ou de saisir l’arme qui l’attaquait.

«Il a tenté de se défendre entre quatre et sept fois», a expliqué le pathologiste qui a réalisé plus de 4000 autopsies au cours de sa carrière.

Olivier avait au total 27 plaies et Anne-Sophie, 3 ans, a reçu 19 coups de couteau. Les deux enfants avaient des plaies au ventre et au thorax, mais aussi dans le dos.

Il y avait trop de sang sur les mains des enfants pour effectuer des prélèvements sous leurs ongles, a expliqué le pathologiste qui a réalisé les autopsies sur les deux petits corps.

«Il est décédé des suites du passage dans le thorax, l’abdomen et le dos d’un instrument piquant et tranchant à plusieurs reprises», conclut dans son rapport M. Bourgault au sujet du garçonnet.

Quant à Anne-Sophie, il a tiré des conclusions similaires, précisant qu’elle avait aussi succombé en raison de l’atteinte à son coeur.

Dans la salle de cour, lundi après-midi, l’expert, calme et méthodique, a détaillé les plaies, une par une.

Lors de ce témoignage difficile à entendre, Guy Turcotte avait la tête baissée, rouge par moment, tremblant et sanglotant à d’autres.

L’expert ne peut certifier le moment de la mort des deux bambins.

«Mais sur les plaies, la seule chose que je peux dire, c’est qu’elles ont été causées quand le coeur battait», a-t-il dit.

Les enfants seraient morts quelques secondes ou quelques minutes après.

Analyse de l’ordinateur

Un policier-enquêteur était le témoin suivant. Michel Dufour a analysé le contenu de l’ordinateur portable de Guy Turcotte et récupéré les données informatiques. Il a confectionné une liste des pages consultées par l’ex-cardiologue de 43 ans.

Le 20 février 2009, soit le jour du drame, l’accusé a consulté plusieurs pages sur Internet au sujet d’éthanol et de méthodes de suicide, a noté M. Dufour.

La description de l’une d’elles à 19h02, telle que décrite dans le relevé des recherches compilées par l’ordinateur lui-même, est éloquente: «suicide – sans souffrance – comment se suicider – se donner la mort sans douleur – rapidement».

Rien n’apparaît sur ce relevé quant à des recherches qui auraient été faites sur des méthodes à employer pour sceller le sort des enfants.

Avant et après ces recherches, Guy Turcotte aurait lu des courriels échangés entre son ex-conjointe et mère des enfants, Isabelle Gaston, et Martin Huot, l’homme avec lequel elle avait entamé une relation extraconjugale.

L’expert a aussi relevé une page Internet temporaire consultée qui serait un forum de discussion sur le suicide.

Le témoignage de M. Dufour va se poursuivre mardi matin.

Une semaine écourtée à nouveau

Le procès de Guy Turcotte avait ainsi repris lundi au palais de justice de Saint-Jérôme, après une suspension de deux jours.

Le juge André Vincent de la Cour supérieure avait dû reporter le déroulement de la cause en fin de journée mercredi dernier puisqu’une jurée devait subir jeudi une intervention chirurgicale mineure, qui entraînait une convalescence de deux jours. Un procès devant jury ne peut procéder en l’absence de l’un de ses membres.

Le procès sera écourté également cette semaine, car des jurés doivent s’absenter. La mère de l’un d’eux est décédée au cours de la fin de semaine. Ce juré devra être présent mercredi après-midi et jeudi pour les funérailles. Par ailleurs, la jurée qui avait subi une chirurgie la semaine dernière doit retourner à l’hôpital pour des soins vendredi.

Pour ces raisons, le procès sera suspendu durant ces périodes.

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