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PTP: Gilles Duceppe se dit «déçu»

Bloc Quebecois leader Gilles Duceppe speaks at a news conference where he spoke about the Trans-Pacific Partnership deal during a federal election campaign stop in Montreal, Que., Monday, October 5, 2015. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La gestion de l’offre a été partiellement sacrifiée par le gouvernement conservateur dans l’accord de Partenariat transpacifique (PTP), a regretté lundi le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

La vaste entente de libre-échange impliquant 12 nations qui ceinturent l’océan Pacifique ouvrirait une nouvelle brèche dans le système de la gestion de l’offre pour les producteurs laitiers du Québec et du Canada.

Car en vertu du texte de l’accord de principe conclu aux petites heures du matin, lundi, un nouvel accès au marché canadien équivalant à 3,25 pour cent de la production de lait canadien serait offert aux pays signataires.

Cela se traduirait par une perte de 25 000 $ par producteur laitier en tenant compte de ce qui a déjà été concédé en vertu de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, selon l’analyse préliminaire du Bloc québécois.

«Ce n’est pas une modeste brèche», a insisté M. Duceppe, se disant «déçu» lors d’une conférence de presse tenue dans son local électoral de la circonscription de Laurier—Sainte-Marie, lundi matin.

Le chef bloquiste a précisé que son parti procéderait au cours des prochaines heures et des prochains jours à une étude plus approfondie de cette entente «très complexe» — car plus souvent qu’autrement, «le diable est dans les détails», a-t-il fait remarquer.

S’il est ratifié par l’ensemble des nations impliquées, le PTP mènera à la création de la plus imposante zone de libre-échange à ce jour, qui englobera 40 pour cent de l’économie mondiale et 800 millions de personnes.

En plus du Canada, des États-Unis et du Japon, l’accord regroupe le Mexique, le Pérou, le Chili, la Malaisie, Singapour, Brunei, le Vietnam, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le gouvernement conservateur s’est félicité lundi d’être parvenu à maintenir les trois piliers de la gestion de l’offre pour le lait, les oeufs et la volaille dans le cadre de l’entente.

Ottawa semble malgré tout considérer qu’elle pourrait perturber l’équilibre actuel pour les agriculteurs, promettant la mise en place de programmes de compensation totalisant 4,3 milliards $ à long terme.

Loin de se réjouir de ce règlement, Gilles Duceppe a signalé que «ce qui doit être maintenu intégralement, c’est le revenu des agriculteurs» — et à ce chapitre, «il y a des promesses, il y a du conditionnel et il n’y a pas de texte actuellement», a-t-il prévenu.

Les principaux regroupements des producteurs agricoles québécois, dont l’Union des producteurs agricoles (UPA) et les Producteurs de lait du Québec, ont mal digéré l’accroissement de l’accès à leur marché, estimant qu’ils sont les grands perdants dans cette histoire.

Selon Daniel-Mercier Gouin, titulaire de la Chaire d’analyse de la politique agricole et de la mise en marché collective de l’Université Laval, cette entente marque «un nouvel affaiblissement» du système de gestion de l’offre mis en place dans les années 1970.

Cela pourrait résulter en «une perte d’activité économique pour les filières concernées (lait, poulet, dindon et oeufs) qui ne pourront plus produire les quantités de produits concédées aux autres pays», a ajouté l’économiste.

Le secteur du lait ne sera pas le seul secteur agricole à devoir ouvrir son marché, puisque 2,3 pour cent du marché des oeufs et 2,1 pour cent de celui du poulet auront à le faire en vertu de l’entente.

Du côté d’Atlanta, le ministre du Commerce international, Ed Fast, a dit ne pas s’attendre à des pertes d’emplois, mais il a prévenu que certaines entreprises devront s’«adapter».

En conférence de presse, il a par ailleurs souligné que l’accord devra faire l’objet de nombreuses discussions entre les élus, et ce, peu importe la composition du Parlement à l’issue du scrutin du 19 octobre.

Mais chose certaine, un gouvernement conservateur réélu ratifierait et exécuterait cet accord commercial «historique», a promis le premier ministre sortant Stephen Harper.

De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a réaffirmé lundi que son parti ne se sentira pas lié par le PTP s’il est porté au pouvoir le 19 octobre prochain.

Le Parti libéral a pour sa part réitéré son préjugé favorable envers les grands accords de libre-échange. Mais celui-ci a été négocié de façon opaque, d’après le chef Justin Trudeau, qui s’est engagé à ne pas le ratifier avant d’avoir consulté les Canadiens si son parti forme le gouvernement dans deux semaines.

Le texte final du Partenariat transpacifique, qui était en négociations depuis des années, n’a pas encore été divulgué. Des représentants du gouvernement fédéral ont indiqué que ce pourrait être fait dans les prochains jours.

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