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La CAQ demande la démission de Heurtel

QUÉBEC – Stimulée par un revers infligé par les autorités fédérales, la Coalition avenir Québec est revenue à la charge en réclamant pour la deuxième fois, mardi, la démission du ministre de l’Environnement David Heurtel, parce qu’il a autorisé un déversement de 8 milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent.

Le leader parlementaire caquiste François Bonnardel a fait cette déclaration quelques minutes après une demande, de la part des autorités fédérales, de report du déversement, annoncé pour la fin du mois par la Ville de Montréal.

«Il doit démissionner parce que c’est une humiliation additionnelle que le gouvernement fédéral lui dit aujourd’hui, a-t-il dit. Malgré le fait qu’il ait eu 18 mois pour trouver des solutions, que le gouvernement fédéral lui dise ‘stop’, pour évaluer tous les scénarios plausibles pour atténuer ce déversement de ces milliards d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, je pense que c’est une bonne nouvelle.»

Dans un échange avec la presse parlementaire, M. Bonnardel a exprimé son malaise devant l’appui renouvelé mardi par le premier ministre Philippe Couillard à M. Heurtel.

«Que le premier ministre dise qu’il a entièrement confiance, c’est gênant, a-t-il dit. C’est gênant, le Québec est gênant face aux autres provinces, face au monde. On ne fait plus ça nulle part dans le monde, sauf dans des sociétés moins développées, déverser nos eaux usées, notre merde dans l’eau.»

Plus tôt mardi, après avoir réclamé une première fois la démission de M. Heurtel, le député caquiste Mathieu Lemay a soutenu que des ingénieurs de la Ville de Montréal disposent de moyens qui permettraient d’atténuer les impacts du déversement.

«Ça fait 18 mois que le ministre est resté les bras croisés, il n’a rien fait pour trouver des mesures d’atténuation, il n’a pas demandé d’étude d’impact environnemental, a-t-il dit. C’est inconcevable sur les plans environnementaux, sociaux et moraux.»

Devant la décision fédérale annoncée par le ministre conservateur sortant Denis Lebel, M. Heurtel a demandé mardi au gouvernement fédéral de respecter les analyses qui ont permis l’autorisation du déversement.

M. Heurtel a expliqué que les autorités québécoises ont déterminé que les risques environnementaux seront moindres si l’opération se déroule entre le 15 octobre et le 15 novembre.

«Je souhaite que le gouvernement fédéral, dans son analyse, tienne compte justement du fait que si on prend trop de temps, ça pourrait avoir un impact encore plus néfaste sur l’environnement», a-t-il dit en point de presse.

Malgré ce revirement annoncé à quelques jours de l’opération, M. Heurtel a continué de défendre les analyses de Montréal et du gouvernement du Québec qui ont mené son ministère à autoriser le déversement, prévu du 18 au 25 octobre.

«Le gouvernement (fédéral) demande de suspendre la décision, alors ce que je comprends, c’est qu’il n’y a pas de jugement de fait sur la décision comme tel», a-t-il dit.

M. Heurtel a répété que les fonctionnaires du gouvernement du Québec ont, après analyse, accepté la proposition de la Ville de Montréal, qui a demandé, en avril 2014, l’autorisation de déverser ses eaux usées en raison de travaux de construction de l’autoroute Bonaventure.

«On a pris la seule décision possible dans les circonstances, a-t-il dit. Dans ce contexte, si le fédéral veut analyser la proposition de l’administration Coderre, c’est libre au fédéral de le faire.»

En émettant un certificat d’autorisation, en février dernier, le ministère québécois de l’Environnement a exigé de la Ville de Montréal qu’elle respecte la condition que le déversement ne soit fait qu’entre le 15 octobre et le 15 novembre.

«On n’a pas choisi ça au hasard, du 15 octobre au 15 novembre, c’est que selon l’analyse des experts du ministère de l’Environnement et des experts du ministère de la Faune, c’est la période de l’année où il y aurait le moins d’impact», a dit le ministre.

La CAQ et le Parti québécois réclament du ministre tous les documents qui ont mené le gouvernement du Québec à prendre sa décision

Le député péquiste Mathieu Traversy a estimé qu’Environnement Canada a servi «une gifle» à M. Heurtel avec sa décision.

«C’est un ministre qui se cache de plus en plus derrière des documents qu’il ne veut pas rendre publics, qui manque de transparence, a-t-il dit. L’opposition officielle demande la suspension de cette autorisation et de mettre ses arguments sur la table pour qu’on puisse comprendre ce qui l’amène à une telle décision déplorable.»

Plus tôt, M. Heurtel a affirmé que même si les rejets iront dans le fleuve Saint-Laurent, cela n’empêchera pas les usines de traitement des eaux en aval de fonctionner.

«Pour des personnes qui ont des craintes par rapport à leur eau potable, pour les prises d’eau en aval, je comprends la préoccupation de la population, a-t-il dit. Mais les usines de filtration vont continuer à fonctionner, elles peuvent traiter l’eau.»

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