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Le Front commun met la pression

Photo: Archives Métro

QUÉBEC – Les 400 000 employés du secteur public représentés par le Front commun syndical sont prêts à faire la grève cet automne si le gouvernement maintient son offre de gel salarial, ont déclaré vendredi leurs représentants.

Une première semaine de grèves régionales d’une journée est prévue à partir du lundi 26 octobre. Si la situation ne progresse pas, deux journées de grèves par régions seront ensuite exercées pendant la semaine du 9 novembre.

Finalement, dans le cas où l’impasse perdure, trois jours de grève nationale auront lieu les 1er, 2 et 3 décembre prochain.

Le Front commun regroupe les syndicats qui représentent les employés des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, des organismes gouvernementaux et de la fonction publique du Québec.

Le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, a déclaré vendredi que le dévoilement de ce «plan de match» a pour objectif d’augmenter la pression sur le gouvernement.

Mais interrogé plus tard à Montréal, le premier ministre Philippe Couillard ne s’est pas laissé ébranler.

«Les gens exercent leurs droits. Dans une société comme la nôtre, je n’ai aucun problème avec ça», a-t-il répliqué.

Il a toutefois réitéré le message gouvernemental quant à l’enveloppe budgétaire consacrée à la négociation des secteurs public et parapublic. «Les finances publiques sont ce qu’elles sont. Et je répète qu’à même le cadre financier qu’on a, comme on a fait avec les municipalités, on est capable de faire beaucoup mieux, je crois», a-t-il dit.

M. Boyer a affirmé que l’objectif du front commun syndical demeure la négociation afin d’éviter l’exécution du calendrier de grèves dans deux semaines.

«On a des mandats de grève mais on veut avant tout négocier la convention collective et c’est ce qu’on demande au gouvernement. Oui, on annonce un calendrier de grèves, mais il y a encore beaucoup de temps d’ici à ce qu’on déclenche véritablement la grève», a-t-il dit.

Selon M. Boyer, le gouvernement doit répondre aux demandes d’augmentations salariales, de diminution de la précarité d’emploi et de maintien du pouvoir d’achat des employés du secteur public, présentées à la fin de 2014.

«On n’a aucune réponse à ces demandes là au moment où on se parle, a-t-il dit. On a relancé (jeudi) les porte-parole patronaux à la table centrale et on n’a toujours pas eu de réponse. On nous a dit qu’il faudra encore une semaine de réflexion, comme si un an c’était pas assez. Donc, on pense que le gouvernement n’est pas tout à fait sérieux et qu’il faut augmenter la pression.»

Le leader syndical a affirmé que l’offre de gel salarial du gouvernement, pour les deux premières années de la prochaine convention collective, suivi d’une hausse de trois pour cent en trois ans, est inacceptable.

La vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, a affirmé que l’attitude du gouvernement est la cause de cette menace de grève qui perturbera les services publics.

«Nos membres sont très conscients des impacts de ça, personne fait ça de gaieté de coeur une grève, a-t-elle dit. On sait que si ça n’avait pas d’impact, ce ne serait pas efficace, malheureusement. Mais c’est vraiment l’intransigeance du gouvernement qui nous conduit à ce niveau-là.»

Lucie Martineau, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), a affirmé que les taux de participation aux assemblées syndicales, «de 35 pour cent à 45 pour cent» et même « des salles à 75 pour cent», témoignent de la mobilisation des membres.

«De toute ma carrière, je n’ai jamais vu des gens aussi indignés par l’arrogance des dépôts patronaux qui fait en sorte qu’au cours des cinq prochaines années, on va continuer à s’appauvrir», a-t-elle dit.

Le premier ministre Couillard s’est néanmoins montré optimiste. «Il faut que chacun se mette au travail. Nous, on est au travail. Je crois que les syndicats, également, travaillent de bonne foi actuellement avec nous. Le fait qu’il y ait des grèves ou des démonstrations d’opinion, c’est correct, c’est normal. Mais ça ne nous fera ni accélérer ni diminuer le rythme des négociations qui, je crois, avancent quand même dans la bonne direction», a-t-il opiné.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, n’a pas fait de commentaire, mais son attachée de presse a affirmé que les négociations se poursuivent avec l’objectif de conclure une entente qui respecte la capacité de payer des contribuables et l’équilibre budgétaire prévu au terme de l’exercice en cours.

«On aurait souhaité qu’il n’y ait pas de grève mais toutefois c’est un processus qui est normal, a-t-elle dit dans une déclaration téléphonique. Les syndicats ont le droit de manifester et d’exercer le droit de grève. Cela dit, les moyens utilisés par les syndicats devraient se faire dans le respect des lois et des règles, et ce, sans perturber l’économie et en minimisant l’impact sur les familles.»

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