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Duceppe: Trudeau a menti sur la vente d'armes

L’ex-chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe Photo: Yves Provencher/Métro

MONT-LAURIER, Qc — Gilles Duceppe accuse Justin Trudeau d’avoir menti sur la vente de matériel militaire canadien à l’Arabie saoudite lors de son passage à l’émission «Tout le monde en parle», diffusée dimanche soir à Radio-Canada.

Devant un auditoire militant d’environ 70 personnes à Mont-Laurier, lundi, le chef bloquiste a dit que l’affirmation de son adversaire libéral voulant qu’il s’agisse d’un contrat entre le royaume saoudien et une compagnie privée est fausse.

«Quand il nous dit que c’est une compagnie privée seulement, il nous ment parce que ç’a été fait sous les auspices de la Corporation commerciale canadienne, une société d’État. Donc, le gouvernement canadien est directement impliqué dans cette transaction», a-t-il martelé.

Plus encore, il a reproché à Justin Trudeau d’induire la population en erreur en soutenant également qu’il ne s’agit pas d’armes, mais de «jeeps».

Il a brandi une photo du véhicule blindé léger en question, un véhicule à huit roues qui est habituellement équipé de canons, de mitraillettes ou de mortiers, selon le cas. Certaines armées les appellent d’ailleurs des véhicules d’assaut d’infanterie.

«C’est ça les jeeps. En voyez-vous des jeeps du genre sur la 117? Avez-vous déjà vu passer un jeep de même? C’est du jeep, ça mes amis. Je pense que ce n’est pas fait pour aller à la chasse, ça», a-t-il raillé devant ses partisans ravis.

Gilles Duceppe a invoqué une rupture avec les valeurs canadiennes, rappelant les gestes posés à l’époque de l’apartheid par René Lévesque, qui avait interdit la vente de vins sud-africains par la Société des alcools du Québec, Robert Bourassa, qui avait modifié la Loi sur les cités et villes pour permettre au maire de Montréal, Jean Doré, de mettre fin à des contrats avec des compagnies qui faisaient affaire avec l’Afrique du Sud, et Brian Mulroney, qui avait maintenu la ligne dure avec Pretoria et tenu tête à Margaret Thatcher «l’héroïne de Mulcair», a-t-il ironisé.

«Ça n’a pas de sens de vendre des ‘jeeps’ qui ont des canons et des mitraillettes à un régime barbare», a conclu M. Duceppe en reprochant au régime saoudien sa répression des opposants et ses pratiques de flagellation et de décapitation de prisonniers d’opinion.

«C’est un régime qui a répandu le fanatisme islamiste — qu’il ne faut pas mélanger avec la religion musulmane, parce que les premières victimes de ce monde-là, ce sont les femmes musulmanes», a-t-il dit.

Percée dans les régions?

Le passage à Mont-Laurier constituait la dernière étape d’un blitz régional aérien qui a mené le chef bloquiste successivement dans Charlevoix, le Bas-du-Fleuve, la Gaspésie, la Côte-Nord, le Saguenay et l’Abitibi en quatre jours.

L’objectif désormais visé par le Bloc québécois est d’obtenir la balance du pouvoir dans un éventuel gouvernement minoritaire et, pour ce faire, de récupérer un minimum de 12 sièges, le seuil requis pour être reconnu officiellement comme parti à la Chambre des communes.

Une autre tournée régionale est prévue le week-end prochain, le Bloc voyant ses meilleures chances de revenir en force dans les régions.

Selon les sondeurs, le nombre d’indécis demeure anormalement élevé à l’approche du scrutin, une réalité que la candidate bloquiste dans Laurentides-Labelle, Johanne Régimbald, a dit avoir constaté en rencontrant un électeur qui s’était rendu voter par anticipation.

Celui-ci, qui ne l’avait pas reconnue, insistait pour qu’elle passe devant: «Il m’a dit: je ne suis pas pressé, je ne sais même pas pour qui je vais voter», a raconté Mme Régimbald.

«Je tends la main et je me présente: je suis Johanne Régimbald, votre candidate du Bloc québécois. Et là j’ai vu un éclair dans ses yeux et il m’a dit: Merci! Maintenant je sais pour qui voter.»

«Des indécis, il y en a encore beaucoup», a conclu la candidate en incitant fortement ses militants à continuer le travail sur le terrain.

Le Bloc table sur l’effritement des appuis au Nouveau Parti démocratique dans les sondages et sur le fait que les députés élus en 2011 n’ont eu que très peu de temps et n’avaient pas l’expérience requise pour se bâtir une infrastructure électorale aussi solide que celle du Bloc à travers la province.

La formation souverainiste, elle, bénéficie au contraire de la machine électorale péquiste, qui s’est entièrement mise à son service.

«Je viens de parler à Pierre Karl Péladeau, a déclaré Gilles Duceppe aux militants. On communique ensemble régulièrement et je peux vous dire que c’est un appui extraordinaire du Parti québécois dans toutes les régions; partout où je suis passé, il y a un appui et on travaille main dans la main.»

Des députés, des ex-députés et même des ex-ministres péquistes de la première heure tels Marc-Yvan Bédard et Jacques Léonard se sont d’ailleurs retrouvés aux côtés de Gilles Duceppe à tous les arrêts.

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