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Politique LGBT: des écoles catholiques divisées

Chris Purdy - La Presse Canadienne

EDMONTON – Tout a commencé plus tôt cette année lorsqu’une fillette transgenre âgée de sept ans a voulu utiliser les toilettes réservées aux filles dans son école catholique.

La gamine ne se considérait plus du tout comme un garçon et ne voulait pas attirer l’attention en se rendant dans les installations sanitaires de genre neutre récemment inaugurées par l’établissement scolaire.

En mai, l’école située à Edmonton avait accepté que la petite utilise les toilettes des filles.

Mais la fillette, qui fait preuve d’une sagesse étonnante pour une enfant de son âge selon sa maman, n’a pas cru l’établissement sur parole et a exigé que ce dernier lui fournisse une autorisation écrite. Elle attend toujours.

La famille de l’écolière a déposé une plainte et le conseil scolaire des écoles catholiques d’Edmonton a depuis tenté à plusieurs reprises d’élaborer une politique plus large sur cette question qui protégerait les élèves homosexuels et transgenres tout en respectant les principes de l’Église.

La controverse pourrait bien atteindre son paroxysme, mardi, alors que le conseil tiendra sa deuxième réunion sur l’utilisation des toilettes, enjeu qui s’est mué en un débat religieux houleux sur les droits des personnes transgenres.

Le conseil exige des écoles qu’elles offrent des installations sanitaires de genre neutre. Mais selon la mère de la fillette, qui a demandé à ne pas être identifiée afin de préserver l’anonymat de son enfant, la décision concernant les toilettes que sa fille peut utiliser revient au bout du compte au directeur de son école.

La dernière rencontre du conseil en septembre a été mouvementée. L’une des administratrices a fondu en larmes et s’est mise à crier après avoir été accusée d’homophobie. Un autre administrateur, Larry Kowalczyk, a déclaré aux médias qu’il considérait le fait d’être transgenre comme un trouble de santé mentale.

Le ministre albertain de l’Éducation, David Eggen, a été contraint d’intervenir. Plusieurs administrateurs ont été convoqués pour une réunion privée à l’Assemblée législative de la province où ils ont été prévenus qu’il y aurait des conséquences s’ils ne reprenaient pas bien vite leurs esprits.

La présidente du conseil, Debbie Engel, a reconnu que ce sujet était délicat, mais a assuré que l’organisation réussirait à élaborer une politique similaire à celle du conseil des écoles publiques d’Edmonton.

Ce conseil est devenu le premier de la région des Prairies à concevoir une politique spécifiquement consacrée à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Cette dernière permet notamment aux élèves d’utiliser les toilettes et les vestiaires correspondant au genre auquel ils s’identifient.

Si le conseil scolaire des écoles catholiques d’Edmonton a retardé la création de sa propre politique, c’est en partie parce qu’il attendait l’avis du conseil des directeurs des écoles catholiques de l’Alberta, qui devait soumettre une proposition pour une politique provinciale avec le concours d’évêques catholiques.

Cet avis a été publié la semaine dernière et, s’il indique que les établissements devraient favoriser l’intégration de toutes les minorités et traiter tous les individus avec dignité et respect, il précise aussi que le fait d’être transgenre va à l’encontre des préceptes de l’Église.

Pour Kris Wells, un chercheur de l’institut des études sur les minorités sexuelles de l’Université de l’Alberta, la suggestion de l’Église relève de la transphobie et la religion ne devrait pas servir à justifier de la discrimination.

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