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Ottawa suspend le déversement d'eaux usées

Photo: Archives Métro

MONTRÉAL – Le maire de Montréal, Denis Coderre, assure qu’il respectera les règles du gouvernement fédéral sur le projet de déversement d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, mais il juge qu’Ottawa devra porter la responsabilité si des bris ou des complications surviennent à Montréal.

Le gouvernement conservateur a annoncé en après-midi qu’il avait décrété un «arrêté provisoire» de l’opération en vertu de l’article 37 de la Loi fédérale sur les pêches.

Lors d’une conférence de presse à Saguenay, le ministre Denis Lebel a affirmé de la part de la ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, que Ottawa nommera un expert qui sera responsable d’étudier «toutes les informations liées à ce projet», puisque le fédéral ne saurait pas pour l’instant si les substances déversées dans le fleuve «ont un degré de toxicité aigu».

Si la décision finale n’est pas prise d’ici le 23 octobre, il pourrait y avoir des conséquences et des «problèmes sérieux», a martelé le maire, en point de presse à l’hôtel de ville, en début de soirée.

Le maire a accusé le gouvernement fédéral de «jouer à la politique sur le dos des Montréalais» puisque le ministère disposerait de tous les documents requis pour analyser le dossier.

Le maire a d’ailleurs brandi la copie d’un courriel d’un directeur général régional d’Environnement Canada, qui a écrit à la Ville le 10 octobre dernier pour dire que la documentation reçue était «suffisante» pour étudier la situation.

Le maire a dit juger «regrettable» que M. Lebel affirme avoir besoin de plus d’informations. Il a dit «croire pour sa part aux scientifiques» et aux experts de la Ville de Montréal, qu’il a qualifiés de «meilleurs techniciens en traitement des eaux usées».

«S’il y a des bris, parce qu’il va y avoir des bris, à ce moment-là, il va y avoir encore plus de déversement dans le fleuve. Ça va aussi créer des problèmes à notre usine d’épuration et là il va y avoir encore plus d’eaux usées. Là, on va être en réaction, plutôt qu’en planification», a-t-il soutenu.

Le maire de Montréal a de nouveau martelé que les conservateurs cherchaient à «scorer des points politiques» sur cet enjeu dans un contexte de campagne électorale fédérale, surtout qu’il dit que l’arrêté ministériel n’a pas encore été émis par le gouvernement.

«Je m’attends à ce qu’il y ait des arrêtés ministériels partout (dans toutes les villes canadiennes). Est-ce que c’est parce que Montréal ne vote pas conservateur qu’ils ont décidé de faire de la politique sur notre dos?», a-t-il pesté.

M. Coderre a dit avoir obtenu, mercredi, un «appui unanime» de ses collègues de l’exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

«Moi je suis pas là pour faire plaisir à tout le monde, je suis là pour être responsable. C’est ça le leadership. Tu prends une responsabilité et tu l’assumes jusqu’au bout», a-t-il tranché.

Dans un communiqué, la ministre Aglukkaq a indiqué que Montréal n’avait pas fait d’étude sur les impacts environnementaux du déversement prévu de 8 milliards de litres d’eaux usées. Elle a rappelé qu’elle se devait d’être «diligente» pour protéger le cours d’eau.

Selon elle, l’avis d’un expert indépendant permettra de déterminer la meilleure option.

M. Coderre avait déjà affirmé qu’Ottawa a le dossier en main depuis septembre 2014, alors que Mme Aglukkaq affirme qu’elle n’était pas au courant jusqu’à récemment.

Montréal avait l’intention de rejeter ses eaux usées du 18 au 25 octobre, dans le cadre d’un plan pour déplacer une chute à neige située sous l’autoroute Bonaventure.

Le ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, a réagi à la sortie d’Ottawa en disant que «rien dans la déclaration du gouvernement fédéral ne venait contredire les conclusions des experts du gouvernement du Québec».

M. Heurtel n’y a vu «rien de nouveau», disant que les experts du gouvernement du Québec avaient fait leur devoir. Le ministère de l’Environnement du Québec a exigé de la Ville de Montréal des mesures d’atténuation, notamment en limitant le déversement d’eaux usées non traitées à l’intérieur de la période du 15 octobre au 15 novembre.

Le Parti québécois (PQ) juge quant à lui qu’il est «gênant» que le ministre de l’Environnement du Québec «fasse passer les conservateurs pour des défenseurs de l’environnement». Par voie de communiqué, le député Mathieu Traversy a réitéré que le PQ réclamait la démission du ministre Heurtel.

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