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Le coprésident de la campagne libérale se retire

OTTAWA — Le coprésident du comité de la campagne électorale nationale de Justin Trudeau a annoncé qu’il se retirait, mercredi, après avoir écrit un courriel aux responsables du projet de l’oléoduc Énergie Est afin de les conseiller sur les ficelles qu’ils devraient tirer auprès du nouveau gouvernement à Ottawa, qui pourrait bien être libéral.

Plus tôt mercredi, le Parti libéral avait pris la défense de Dan Gagnier, affirmant qu’il n’avait enfreint aucune règle en matière d’éthique.

Mais dans un communiqué publié en soirée mercredi, M. Gagnier a révélé vouloir prendre du «recul» par rapport à ses responsabilités afin de ne pas détourner l’attention du public de la campagne libérale.

«Je regrette que cette campagne soit affectée par des attaques négatives et personnelles, peut-on lire dans la déclaration. J’ai toujours agi dans les règles de l’art. Dans l’intérêt supérieur du parti, j’ai décidé de prendre du recul. Je continue d’appuyer Justin Trudeau et de souhaiter l’élection d’un gouvernement libéral le 19 octobre.»

Dans son propre communiqué, la formation politique a indiqué qu’elle respectait la décision du coprésident, estimant que c’était la meilleure chose à faire dans les circonstances. Elle a toutefois mis la controverse sur le compte des conservateurs et de leur façon de faire de la «politique négative et mesquine».

Dans son courriel très détaillé, que La Presse Canadienne a obtenu, Dan Gagnier suggère à cinq responsables de TransCanada de s’adresser le plus tôt possible aux bonnes personnes au sein d’un nouveau gouvernement, afin de faire valoir rapidement leurs points de vue auprès des libéraux ou des néo-démocrates quant à leur stratégie énergétique nationale. M. Gagnier soutient que de telles démarches seront nécessaires si on ne veut pas reporter la mise en service de projets tels qu’Énergie Est.

L’oléoduc Énergie Est doit acheminer, sur 4600 kilomètres, environ 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta et la Saskatchewan vers des raffineries du Québec et des terminaux portuaires du Nouveau-Brunswick.

Selon M. Gagnier, il faut saisir l’occasion d’«un point d’entrée précoce» au sein du nouveau gouvernement afin de faire valoir rapidement ses points de vue lors d’une révision éventuelle du mandat de l’Office national de l’énergie. «Si les premiers ministres (des provinces et territoires) et le nouveau premier ministre fédéral veulent des investissements et des emplois, ils devront exercer leur influence et proposer un échéancier réaliste», écrit M. Gagnier, qui a déjà présidé l’Institut canadien de politique énergétique, un organisme de lobbyisme de l’industrie qui n’existe plus depuis quelques années.

Le coprésident du comité de la campagne nationale de Justin Trudeau écrit aussi que les entreprises énergétiques devront oeuvrer de manière «uniforme» avec le nouveau gouvernement si les conservateurs sont défaits le 19 octobre. «Une stratégie énergétique nationale est à prévoir, et nous avons besoin d’un bon soldat pour parler au nom des acteurs de l’industrie qui veulent faire partie de la solution plutôt que refuser de saisir les implications d’une réalité mondiale en pleine mutation.

«Ce dernier élément est primordial, car la gouvernance fédérale et les discussions avec les provinces se mettront en place rapidement, et c’est là que nous pouvons jouer un rôle et les aider à faire les choses correctement.»

Dans son courriel, il écrit aussi qu’un gouvernement libéral ou néo-démocrate risque fort de réduire la taille du cabinet, à environ 25 ministres, ce qui ferait du ministre des Finances une cible stratégique pour les lobbyistes.

Une «analyse» personnelle

Une porte-parole du Parti libéral avait indiqué plus tôt mercredi que l’analyse soumise par M. Gagnier dans son courriel n’avait «strictement rien à voir avec ses activités bénévoles dans la campagne» nationale de M. Trudeau, et qu’il ne conseillait pas le chef libéral sur les questions énergétiques.

«Cette analyse est le fruit de ses années d’expérience au sein de la fonction publique, et est basée sur des informations publiques sur les divers scénarios qu’un nouveau gouvernement peut rencontrer, avait fait valoir Zita Astravas dans un courriel. Je vous rappellerai qu’aussi bien les conservateurs que le NPD se sont adjoints plusieurs consultants au sein de leur campagne.»

M. Gagnier a mené une longue carrière en politique, notamment au Bureau du Conseil privé, le «ministère du premier ministre» du Canada, sous Brian Mulroney. Il a aussi été chef de cabinet du premier ministre libéral Jean Charest de 2007 à 2009, puis appelé à la rescousse pendant le «printemps étudiant» en 2012. De 1995 à 2007, il avait été de la haute direction d’Alcan.

Le porte-parole de la campagne conservatrice, Stephen Lecce, a qualifié le PLC de «parti dirigé par une élite d’initiés, qui vendent leur influence aux plus offrants, au détriment des contribuables».

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d’éthique, Charlie Angus, a soutenu de son côté que M. Gagnier a «indiqué à ses petits amis de l’industrie pétrolière» comment entrer dans les bonnes grâces du prochain gouvernement, s’il n’est pas formé par les conservateurs.

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