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Le NPD veut surfer sur l'affaire Gagnier

NDP Leader Tom Mulcair addresses supporters at a campaign event in Toronto on Monday, October 5, 2015. THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

SHERBROOKE, Qc — Les néo-démocrates comptent bien marquer des points contre leurs adversaires libéraux avec une nouvelle campagne publicitaire accusant les troupes de Justin Trudeau de «manigancer» avant même d’avoir été élues à Ottawa.

La controverse entourant la démission du coprésident de campagne de M. Trudeau, Daniel Gagnier, est accueillie comme un vent d’espoir pour la campagne de Thomas Mulcair en quête d’un second souffle.

À quatre jours du scrutin, le Nouveau Parti démocratique (NPD) lance une campagne de publicités radio sur les ondes du Québec pour convaincre les électeurs que les libéraux n’ont pas changé depuis le scandale des commandites.

«Stephen Harper a fait son temps. Les libéraux tiennent les électeurs pour acquis et ont déjà commencé à manigancer», accuse le député sortant Alexandre Boulerice dans la publicité, en ondes depuis le milieu de l’après-midi, jeudi.

«Les libéraux n’ont pas changé depuis le scandale des commandites. Même gang, mêmes pratiques douteuses et arrogantes. Mettons fin à l’alternance des scandales libéraux et conservateurs», enchaîne M. Boulerice, avant d’enjoindre les électeurs à voter pour le NPD.

Depuis mercredi, Daniel Gagnier est sur la sellette en raison d’un courriel qu’il a expédié à des dirigeants de TransCanada, le promoteur du pipeline Énergie Est. Dans cette missive, ce proche conseiller du chef libéral leur recommande de s’adresser dès que possible aux personnes clés d’un nouveau gouvernement, qu’il soit libéral ou néo-démocrate. M. Gagnier a démissionné depuis cette révélation.

L’incident arrive à point pour M. Mulcair, qui tire la patte dans les sondages après un départ canon. Les stratèges néo-démocrates espèrent récupérer avec cette affaire une parti du vote libéral, alors que plusieurs électeurs n’ont toujours pas arrêté leur choix. Il estiment que les libéraux n’arriveront pas à se débarrasser de ce scandale avant la tenue du scrutin, lundi.

En point de presse à Alma en matinée, M. Mulcair a tout de suite sauté sur l’occasion pour accuser M. Trudeau d’avoir déjà prévu donner son aval au controversé projet Énergie Est s’il était élu premier ministre, en dépit de la prétention du chef libéral de vouloir d’abord consulter la population.

«Ça allait se faire. C’est faux de la part de M. Trudeau de continuer de prétendre qu’il restait quoi que ce soit à décider là-dedans. Dès le lendemain, si on faisait l’erreur de les élire, il l’aurait fait», a insisté le chef néo-démocrate.

Pour M. Mulcair, cet épisode est plutôt la preuve que les libéraux sont toujours les mêmes, malgré que l’eau ait coulé sous les ponts depuis le scandale des commandites. À ses yeux, ce qu’il appelle le «scandale» de TransCanada n’est que «la pointe de l’iceberg».

«Ce n’est pas en apposant une couche de peinture sur une vieille voiture rouillée que vous changez quoi que ce soit à ce qu’il y a en-dessous», a-t-il illustré.

Ironie du sort, le dossier d’Énergie Est avait justement donné beaucoup de fil à retordre à M. Mulcair depuis le début de la campagne. Le Bloc québécois avait notamment accusé M. Mulcair de dire une chose et son contraire en fonction de l’endroit où il se trouve au Canada sur la construction de ce pipeline qui permettrait le transport du pétrole albertain vers l’Est, selon un tracé qui sillonnerait le Québec.

Le NPD assure qu’un gouvernement néo-démocrate ne pourrait autoriser le projet selon les standards mis en place par les conservateurs depuis dix ans et que de nouvelles évaluations environnementales devraient être effectuées avant qu’il soit possible de déterminer s’il faut aller de l’avant avec le projet.

Les libéraux pour leur part soutenaient que s’ils étaient élus à Ottawa, ils allaient d’abord consulter les citoyens avant d’autoriser la construction du pipeline.

«Depuis le début, M. Trudeau nous ferait croire que le problème, c’est qu’il n’y avait pas de licence sociale. Ce qu’il a omis de dire, c’est que lui il avait déjà délivré la licence libérale», a conclu M. Mulcair.

Selon M. Trudeau, M. Gagnier n’a toutefois jamais contribué aux politiques énergétiques du parti.

En soirée, quand il a été mis au jour que M. Gagnier avait été embauché comme consultant par TransCanada au printemps alors qu’il coprésidait déjà la campagne libérale, M. Mulcair n’a pas manqué d’en rajouter une couche. Devant une foule de 700 personnes rassemblées pour un discours à Sherbrooke, il a qualifié l’affaire de «conflit d’intérêts gros comme le bras».

En terrain ennemi

Thomas Mulcair a fait campagne au Lac-Saint-Jean pour encourager les électeurs à battre le lieutenant québécois du premier ministre sortant, Denis Lebel.

«Si on faisait l’erreur de faire réélire Denis Lebel, ce serait par accident une manière d’aider Stephen Harper, et c’est la dernière chose que les gens de la région souhaitent», a-t-il soutenu dans une salle de conférence d’un hôtel d’Alma. Il fera vendredi un saut dans le comté de l’ancien ministre conservateur Christian Paradis, Mégantic-L’Érable, avant de s’envoler pour Edmonton et Vancouver.

Pendant ce temps, M. Trudeau faisait campagne à Outremont, le comté de M. Mulcair lui-même. Les chefs de partis ont pourtant pour coutume de ne pas faire campagne dans la circonscription d’un autre chef.

«On est dans un pays libre, les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent», a noté M. Mulcair, déplorant toutefois que M. Trudeau semble le cibler davantage que Stephen Harper.

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