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La Sécurité publique s'attaque au trafic humain

Stéphanie Marin, Mike Blanchfield et Jim Bronskill - La Presse Canadienne

OTTAWA – Le gouvernement fédéral met sur pied une escouade spéciale pour s’attaquer au trafic de personnes, afin d’empêcher qu’elles ne deviennent esclaves ou prostituées.

Cette annonce survient après que les États-Unis eurent fait pression pendant des années sur Ottawa pour que le Canada aille dans le l’avant dans ce dossier.

Le plus récent rapport du département d’État américain sur le trafic de personnes, publié l’an dernier, se plaint d’ailleurs du niveau inadéquat de coopération existant entre le gouvernement fédéral et ceux des provinces sur la question.

«Le gouvernement ne disposait pas d’une stratégie nationale pour combattre le trafic, et la coordination limitée entre le gouvernement fédéral et les provinces en la matière continue de représenter un problème», mentionne le document.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a annoncé mercredi que l’escouade sera composée d’agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de l’Agence des services frontaliers du Canada. La formation des policiers, des agents des douanes et des procureurs sera également adaptée à ce phénomène.

Le ministre promet notamment d’améliorer la recherche et l’échange d’informations sur le commerce d’êtres humains, un crime méconnu qui consiste à utiliser des personnes vulnérables afin qu’elles deviennent les esclaves de ceux qui les exploitent.

Toutes ces initiatives font partie du plan d’action national contre la traite des personnes, qui concrétise une promesse électorale des conservateurs.

«Des aspects variés du plan ont été développés par des intervenants, en collaboration avec les forces de police du pays, ainsi que des partenaires nationaux et internationaux. Nous croyons qu’il est temps de tout rassembler au sein d’un processus coordonné», a déclaré le ministre.

Les mesures prises par le gouvernement sont nécessaires, assure Vic Toews, «surtout car le nombre de trafiquants humains et de victimes identifiés par la police augmente».

M. Toews ajoute que son ministère mènera une équipe interministérielle spéciale assignée au trafic humain. Pas moins de 18 ministères travaillent sur ce type de crime et, selon lui, il y a un besoin urgent de coordonner les efforts.

Dans ce but, 25 millions $ sur quatre ans sont investis dans le plan d’action.

Le ministre Toews dit espérer que sa stratégie fonctionne pour empêcher des cas de trafic de personnes.

«J’aimerais voir moins d’affaires devant les tribunaux parce que nous avons adopté une approche proactive pour s’assurer que les gens ne sont pas exploités.»

Aux yeux du commissaire adjoint de la GRC Todd Shean, les Canadiens ont d’ailleurs un rôle à jouer dans la prévention de ce genre de crime. Il soutient ainsi que les habitants du pays doivent s’interroger lorsqu’ils voient quelqu’un «embaucher une autre personne qui vit dans des conditions déplorables sans être payés, et se faisant dire que c’est ainsi que les gens sont traités au Canada».

Les trafiquants de personnes s’en prennent surtout aux femmes et aux jeunes filles, a par ailleurs noté la ministre de la Condition féminine, Rona Ambrose. Cela représente environ 98 pour cent des victimes.

«On ne doit pas s’enfouir la tête dans le sable et prétendre que la traite de personnes se déroule ailleurs dans le monde», a-t-elle insisté.

«On sait que le Canada est une source, un endroit de transit et une destination pour les victimes des trafiquants.»

Actuellement, une cinquantaine de cas de trafic de personnes sont devant les tribunaux, impliquant 147 victimes.

Selon la GRC, des personnes ont déjà été accusées et condamnées dans 23 dossiers pour des crimes liés au trafic d’êtres humains et autres infractions connexes.

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