Soutenez

Quel avenir pour les clubs vidéo?

Photo: Yves Provencher/Métro

Vers la fin des années 1990, les vidéocassettes VHS ont laissé leur place aux DVD, qui à leur tour aujourd’hui voient leur popularité diminuer au profit des services numériques comme illico et Netflix. Les grands perdants dans cette histoire: les clubs vidéo.

De moins en moins de gens se déplacent pour aller louer le dernier succès au box-office. Dorénavant, ils peuvent le louer de la maison en quelques clics de télécommande. Résultat: les clubs vidéo de quartier ferment un à un.

Dernièrement, ce sont les succursales montréalaises de Vidéo 20-20 et le Vidéo Ultra Laser de la rue Saint-Denis qui ont fermé boutique, pour ne nommer que ceux-là. Même les grandes chaînes comme Blockbuster et Rogers, au Canada anglais, ont mis la clé sous la porte de leurs succursales.

Cette réalité laisse présager un avenir sombre pour les propriétaires de ce type de commerce.

«Il y a une baisse depuis au moins deux ans, avoue Julien Avon, copropriétaire du club vidéo Le Septième, dans Hochelaga-Maisonneuve. Une baisse légère et régulière, mais qui ne laisse pas entrevoir un avenir très prometteur pour ce genre de commerce, s’il se maintient dans la forme actuelle avec des concurrents de toutes sortes.»

Les chiffres montrent eux aussi cette tangente prise par l’industrie de la location vidéo. De 2007 à 2012, le nombre de commerces de détail dont l’activité principale était la vente ou la location de matériel vidéo est passé de 255 à 156 pour la région de Montréal, selon les données de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec.

À l’échelle de la province, alors que la vente ou la location de matériel vidéo était l’activité principale de 946 commerçants en 2003, elles n’étaient celle que de 661 commerces en 2010. Une diminution de 30 % en sept ans.

Pourtant, Le Superclub Vidéotron, le géant québécois dans ce secteur, a connu une hausse de ses revenus totaux de 41 % au cours des six dernières années. Une hausse importante qui peut certainement s’expliquer par le tournant pris par l’entreprise.

«On a su diversifier l’ensemble de notre offre de produits, explique Donald Lizotte, président de Le Superclub Vidéotron. On a su élargir notre mission vers le divertissement, plutôt que juste la location de films.»

Aujourd’hui les Superclub Vidéotron offrent, en plus de la location vidéo, des services de vente de téléphonie mobile, d’internet et de télé numérique, à travers des boutiques Vidéotron, ainsi que des bannières Microplay, qui permettent l’achat, la vente et la location de jeux vidéo neufs ou préjoués.

«L’importance de la location vidéo pourra jouer dans le temps, mais le fait qu’on soit en mesure de vendre l’ensemble des produits Vidéotron avec des spécialistes dédiés aux télécommunications, en plus des jeux vidéo, fait qu’on est capable de se différencier. Les joueurs qui sont en mesure de se réinventer le font», assure M. Lizotte.

«Malgré qu’on fait tous les deux de la location vidéo, on ne peut pas se comparer», rétorque M. Avon, au sujet du tournant pris par le Superclub Vidéotron. «Quand t’es petit et indépendant et qu’arrivent les Netflix et autres, tu ne peux pas te battre contre ça», ajoute sa copropriétaire Julie Brisson.

[pullquote]
Selon Julien Avon et Julie Brisson, copropriétaire du Septième, la compétition est sur l’internet. «Quand quelqu’un download et qu’il est habitué de ne plus payer, il ne veut pas nécessairement payer. Si le client ne veut pas sortir de chez eux, je ne peux pas aller le chercher», croit Mme Brisson, qui a ouvert Le Septième en 2002.

«En même temps [les clubs vidéo n’ont] peut-être plus leur place… C’est plate à dire, mais on va peut-être se rendre compte que ce n’est plus de son temps, même si on est encore passionné de ce qu’on fait», déplore Julien Avon.

«On n’est pas non plus don Quichotte; on ne va pas se battre contre des moulins pendant 20 ans», conclut sa collègue.

Confiant, Donald Lizotte est, lui, loin de lancer la serviette. «Sur le marché nord-américain, les revenus de location de films DVD se maintiennent, dit-il. Aux États-Unis, oui Blockbuster a fermé, mais il y a des machines distributrices qui fonctionnent très bien. Le nombre de DVD loué a augmenté au fil des dernières années.» Selon lui, «aller sur place faire le choix d’un film fait partie intégrante de l’expérience de location de film».

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.