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Procès Turcotte: la psychiatre témoigne encore

Stéphanie Marin - La Presse Canadienne

SAINT-JÉRÔME, Qc – Après le premier coup de couteau donné à son fils Olivier, Guy Turcotte s’est rendu compte qu’il lui faisait mal, mais il n’était alors plus en mesure de contrôler son comportement et de s’arrêter, a déclaré une psychiatre experte à son procès.

Dominique Bourget a témoigné vendredi pour une troisième journée consécutive au procès de l’ex-cardiologue Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, qu’il a poignardés à 46 reprises.

Une bonne partie de la défense de l’accusé repose sur les épaules de l’experte puisque l’homme de 43 ans présente une défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Le procureur de la Couronne, René Verret, a ainsi poursuivi vendredi son contre-interrogatoire de ce témoin expert, retenu par la défense, et s’est efforcé de miner sa crédibilité.

Il a notamment tenté de lui faire dire que le soir du double meurtre, Guy Turcotte savait ce qu’il faisait.

Il lui a souligné que l’accusé a dit devant la Cour, au sujet d’Olivier: «Je me rends compte que je suis en train de lui faire mal. Je panique. Je lui donne d’autres coups».

«Après le premier coup, il s’est rendu compte qu’il lui faisait mal», a convenu Mme Bourget.

«Ça veut dire qu’il savait ce qu’il faisait?», a alors demandé Me Verret.

«Je pense qu’il n’était pas en mesure de contrôler son comportement, qu’il n’était pas capable de s’arrêter. Il était en perte de contrôle. Il n’était pas en mesure d’agir autrement», a analysé la psychiatre.

Elle avait déjà témoigné que ce soir-là, le cerveau du Guy Turcotte était «profondément malade».

Le procureur de la Couronne a souligné que l’accusé travaillait dans un hôpital, entouré de gens spécialisés en santé et que personne ne s’est rendu compte que quelque chose n’allait vraiment pas bien avec lui.

Il a fait admettre à l’experte que des milliers de personnes se séparent ou divorcent chaque année au Québec et qu’elles ne développent pas pour autant de trouble d’adaptation au point de commettre des meurtres. Mais pour Mme Bourget, à la différence des autres personnes qui divorcent, l’accusé «avait une fragilité certaine», qui perdurait dans le temps.

Mme Bourget a été reconnue par le juge André Vincent de la Cour supérieure comme experte en psychiatrie ainsi qu’en psychiatrie légale. Elle a notamment une spécialité en homicides intrafamiliaux.

Elle a déclaré mercredi que Guy Turcotte souffrait d’un trouble d’adaptation avec anxiété et humeur dépressive, avec des traits obsessifs-compulsifs, au moment du drame, ce qu’elle a qualifié de «maladie mentale majeure». Elle a aussi décrit que l’accusé était suicidaire à ce moment.

Comme autre conclusion notable, Mme Bourget a fait part jeudi au jury de 11 personnes que Guy Turcotte n’avait pas la capacité de former l’intention de tuer le soir du drame, le 20 février 2009.

Guy Turcotte est accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans. Il a plaidé non coupable mais a reconnu avoir tué ses deux enfants.

Le contre-interrogatoire de Mme Bourget va se poursuivre lundi et Me Verret a déclaré qu’il avait encore bon nombre de questions.

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