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Les lettres de mandat des ministres publiées

Mélanie Marquis et Fannie Olivier - La Presse Canadienne

OTTAWA – Le bureau du premier ministre Justin Trudeau a rendu publiques vendredi les lettres de mandat que le chef libéral a adressées à ses ministres — des documents qui restent normalement confidentiels.

Elles confirment en grande partie les engagements que le chef libéral avait pris en campagne électorale: arrivée de 25 000 réfugiés syriens, élaboration d’une politique de réduction des gaz à effet de serre (GES), mise sur pied d’une enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues, baisse d’impôts pour la classe moyenne et instauration de l’Allocation canadienne aux enfants, pour ne citer que ceux-là.

Les lettres de mandat sont des communications que reçoivent les nouveaux titulaires d’un portefeuille, dans lesquelles le premier ministre énumère les dossiers prioritaires qu’ils devront porter.

Dans les missives qu’il a fait parvenir à ses ministres, M. Trudeau insiste sur l’importance d’«amener un vent de changement» à Ottawa en sortant «le gouvernement de l’ombre pour que celui-ci soit réellement au service de la population».

En ce sens, il les exhorte à demeurer à l’écoute des Canadiens, mais également à travailler en collaboration avec les députés des partis d’opposition et les journalistes, «des professionnels qui, en posant des questions pertinentes, contribuent grandement au processus démocratique».

Il est aussi «essentiel» d’améliorer les relations avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, mais également celles avec les peuples autochtones, afin que celles-ci soient fondées «sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat», écrit Justin Trudeau.

Le premier ministre souligne que le gouvernement devra «réaliser tous (les) engagements» contenus dans la plateforme libérale au cours du mandat de quatre ans que les Canadiens ont confié au Parti libéral du Canada (PLC) le 19 octobre.

Il affirme que les Canadiens ne s’attendent pas à un gouvernement parfait, mais honnête et sincère dans ses efforts pour servir l’intérêt public. «Si nous faisons des erreurs, nous devons les reconnaître sur-le-champ», écrit-il.

Parmi les ministres québécois, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a notamment le mandat d’«améliorer les relations avec les États-Unis» et de «renforcer la coopération trilatérale nord-américaine avec les États-Unis et le Mexique».

Il est également clair, selon le contenu de sa lettre de mandat, qu’il travaillera en étroite collaboration avec sa collègue à l’Environnement, Catherine McKenna, afin de «faire du Canada un chef de file dans les efforts internationaux visant à combattre les changements climatiques».

Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, devra notamment concevoir «l’Allocation canadienne aux enfants», bonifier de 10 pour cent le Supplément de revenu garanti (SRG) pour les aînés et revenir à l’âge de 65 ans pour l’admissibilité de la retraite.

La mission du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, sera principalement de coordonner les efforts pour «réinstaller les 25 000 réfugiés syriens dans les mois à venir». Il devra par ailleurs mettre en place une série de mesures pour faciliter et élargir la réunification familiale.

À l’Environnement, Mme McKenna devra fixer des cibles nationales de réduction des GES et assurer le financement destiné aux provinces pour leur atteinte. «Je m’attends à ce que vous participiez au rétablissement de la réputation du Canada dans le domaine de la gouvernance environnementale», écrit M. Trudeau.

Mme McKenna devra «immédiatement» revoir les processus d’évaluation environnementale, notamment pour les pipelines, et élargir le réseau de parcs nationaux.

Le ministre des Ressources naturelle, James Carr, devra s’assurer que leur développement se fasse par «des pratiques durables et des procédés à faible émission de carbone». Avec ses collègues M. Dion et Mme McKenna, il devra concevoir une «entente nord-américaine ambitieuse en matière d’énergie propre et de protection de l’environnement».

Comme promis, la ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, aura à fixer un mandat pour l’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada.

À la Santé, Jane Philpott pilotera la préparation d’un nouvel accord de financement à long terme avec les provinces et territoires. Elle devra décourager la consommation de malbouffe par une série de mesures allant de la restriction de la publicité visant les enfants à l’amélioration de l’étiquetage.

Sa collègue à la Justice, Jody Wilson-Raybould, aura du pain sur la planche si l’on se fie à la liste de priorités qu’a concoctée pour elle le premier ministre Trudeau.

La première: «diriger un processus (…) visant à collaborer avec les provinces et les territoires dans le but de donner suite à la décision de la Cour suprême du Canada au sujet de l’aide médicale à mourir». Ottawa dispose de moins de trois mois pour réagir au jugement, et la ministre doit signifier prochainement si une demande de prolongation sera déposée.

Mme Wilson-Raybould, une nouvelle venue en politique, devra également réviser la série de changements qui ont été apportés depuis 10 ans au système de justice canadien et contribuer à l’élaboration d’«un processus fédéral-provincial-territorial qui mènera à la légalisation et à la réglementation de la marijuana».

Le ministre aux Finances, l’homme d’affaires et néophyte en politique Bill Morneau, ne chômera vraisemblablement pas lui non plus.

Parmi les 27 priorités énumérées dans sa lettre de mandat figurent celles d’assurer la viabilité du cadre financier libéral, donc la promesse d’équilibrer le budget en 2019-2020, et de mettre en place les modifications au régime d’imposition — une baisse pour la classe moyenne et une augmentation pour les mieux nantis.

Il a également le mandat clair de «rétablir le crédit d’impôt pour contribution à un fonds de travailleurs», ce qui a eu l’heur de réjouir le président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ, Gaétan Morin, qui souhaiterait cependant que cela se produise avant le 1er janvier 2016.

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a la responsabilité de mettre en oeuvre la promesse libérale de renflouer les coffres de la société Radio-Canada. Le premier ministre lui demande de «rétablir et augmenter» ce financement, sans toutefois préciser de montant.

Elle devra également «revoir processus par lequel les membres sont nommés au conseil d’administration de CBC/Radio-Canada» afin de s’assurer que les nominations «sont indépendantes et fondées sur le mérite», est-il précisé dans la missive.

La question du péage sur le pont Champlain semble réglée pour le gouvernement libéral. À son ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Amerjeet Sohi, le premier ministre demande d’«aller de l’avant avec le remplacement du pont Champlain sans péage».

Le leader du gouvernement en Chambre, Dominic LeBlanc, a pour sa part reçu la consigne de travailler avec tous les députés pour «réformer la période des questions de manière à ce que tous les ministres, y compris le premier ministre, soient davantage obligés de rendre des comptes».

Il sera également chargé de réformer les pratiques parlementaires, notamment en modifiant le Règlement de la Chambre des communes «afin de mettre un terme à l’utilisation inappropriée des projets de loi omnibus et des prorogations».

La jeune ministre des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, aura pour sa part la complexe tâche de créer un nouveau processus pour les nominations au Sénat, mettre sur pied un comité parlementaire pour étudier notamment la représentation proportionnelle et examiner les limites des dépenses électorales.

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