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Priorité militaire: rappeler les CF-18 canadiens

Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne Photo: Sean Kilpatrick

OTTAWA – Dans une lettre transmise deux jours après l’assermentation de son cabinet, le premier ministre Justin Trudeau a donné au nouveau ministre de la Défense son ordre de mission pour l’avenir immédiat — avec, en priorité, le rappel des avions de chasse canadiens en Irak et en Syrie.

Cette lettre du 6 novembre, dévoilée vendredi parmi d’autres «lettres de mandat des ministres», est aussi d’un certain intérêt pour… ce qu’on n’y retrouve pas. Ainsi, M. Trudeau demande au ministre de «travailler de concert avec le ministre des Affaires étrangères pour mettre fin aux missions de combat en Irak et en Syrie, et revoir les efforts déployés par le Canada dans ces régions afin de les orienter vers la formation des forces locales et le soutien humanitaire». Mais la lettre ne précise pas davantage l’ampleur et la teneur de ces nouveaux efforts, promis par les libéraux en campagne électorale.

La chef de l’opposition conservatrice, Rona Ambrose, a immédiatement réclamé de M. Trudeau, vendredi, qu’il imite le gouvernement de Stephen Harper et tienne un débat et un vote aux Communes pour tout changement de mandat de la mission militaire canadienne contre le groupe armé État islamique.

Par ailleurs, on apprend dans la «lettre de mandat» que le ministre Harjit Sajjan devra «travailler de concert avec la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement au lancement d’un appel d’offres ouvert et transparent pour le remplacement du chasseur CF-18» — mais la lettre n’évoque pas du tout la promesse électorale de M. Trudeau d’écarter le F-35 américain dans ce coûteux dossier d’acquisition militaire.

Interrogée là-dessus jeudi, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, indiquait qu’«aucune décision n’avait été prise pour l’instant» et que les fonctionnaires n’avaient pas évoqué avec elle les conséquences juridiques de l’exclusion systématique du F-35 de Lockheed-Martin lors d’un appel d’offres, qu’on souhaite «ouvert et transparent».

La missive du premier ministre Trudeau au ministre Sajjan ne fait non plus aucune référence au rapport du lieutenant-général à la retraite Andrew Leslie, aujourd’hui député libéral, visant à réformer le ministère de la Défense nationale — là aussi une promesse des libéraux. M. Leslie recommandait notamment d’alléger la bureaucratie au sein du ministère et d’augmenter par ailleurs les capacités opérationnelles militaires.

Casques bleus

Par contre, le premier ministre Trudeau est plus clair quant au rôle que le Canada devra jouer à nouveau au sein de missions de maintien de la paix chapeautées par les Nations unies. Le gouvernement canadien veut maintenant «assurer la disponibilité des capacités spécialisées du Canada — qu’il s’agisse des équipes médicales mobiles, du soutien technique, du transport aérien de matériel et de personnel, après évaluation de la situation».

Le ministre Sajjan, lieutenant-colonel à la retraite, devra aussi «travailler de concert avec le ministre des Affaires étrangères pour aider les Nations unies à répondre plus rapidement aux conflits qui éclatent soudainement ou qui prennent de l’ampleur, en fournissant du personnel dûment formé en interventions internationales et pouvant être déployé, notamment des commandants de mission, des officiers d’état-major et des unités du quartier général».

En clair, cela signifie que — pour le moment, du moins — le Canada ne pourrait contribuer de façon significative, avec des troupes sur place, aux missions de maintien de la paix de l’ONU. Or, aussi bien les libéraux que les néo-démocrates déploraient que les conservateurs aient petit-à-petit abandonné le déploiement de casques bleus canadiens dans le monde.

Lors d’un débat électoral des chefs, en milieu de campagne, M. Trudeau s’était engagé a faire jouer à nouveau au Canada un rôle actif au sein de la Force de maintien de la paix de l’ONU, créée par l’ancien premier ministre libéral Lester B. Pearson, qui a obtenu le prix Nobel de la Paix en 1957 pour cette contribution.

Au cours de sa carrière militaire de plus de 25 ans, M. Sajjan a été déployé trois fois en Afghanistan et une fois en Bosnie-Herzégovine. Il avait auparavant été policier à Vancouver.

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