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J-Forget invite Chagnon à s'entourer d'experts

Photo: Archives Métro

QUÉBEC – L’Assemblée nationale n’a pas l’expertise nécessaire pour entreprendre son projet d’agrandissement de 60,5 millions $, a déclaré vendredi l’ex-présidente du Conseil du trésor Monique Jérôme Forget.

Mme Jérôme-Forget a invité le président de l’institution parlementaire, Jacques Chagnon, à s’adjoindre les services des spécialistes gouvernementaux des grands projets d’infrastructures.

Selon l’ancienne ministre libérale, M. Chagnon obtiendrait ainsi une protection contre les risques de dépassements de coûts du projet, dont le budget est déjà passé de 50 millions $ à 60,5 millions $ en quelques mois.

L’Assemblée nationale est un organisme autonome du gouvernement, en vertu des règles de séparation qui assurent l’indépendance des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

Pour cette raison, l’institution n’est pas obligée de faire appel aux spécialistes gouvernementaux de la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui interviennent habituellement pour conseiller les ministères et organismes dans leurs projets.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, Mme Jérôme-Forget a reconnu que M. Chagnon n’est pas tenu de s’adjoindre l’expertise de la SQI.

«Il n’est pas tenu, c’est clair, il n’est pas tenu, a-t-elle dit. Mais ce serait intelligent de le faire.»

Selon Mme Jérôme-Forget, qui a également été ministre des Finances, les projets de construction ne font pas partie de la mission de l’Assemblée nationale, qui n’a aucune expertise dans ce domaine.

«Tout comme un ministère ne l’a pas, tout comme moi quand j’étais ministre des Finances et présidente du Conseil du trésor, je ne l’avais pas, a-t-elle dit. Il y a de l’expertise au gouvernement, l’Assemblée nationale, ce n’est pas sa mission, elle n’est pas dans la construction de bâtiment et par conséquent elle a intérêt à s’associer à des gens qui ont de l’expertise.»

Mme Jérôme-Forget ne s’est pas étonnée de voir que le budget du projet a déjà augmenté de 10 millions $ depuis sa première annonce en septembre 2014.

Selon l’ancienne ministre, les coûts pourraient encore augmenter d’ici aux premiers appels d’offres, qui doivent être lancés en janvier et février 2016.

«Ça ne m’étonne pas, a-t-elle dit. Parfois un projet, on pense que ça va être 50 millions $. Et ça va peut-être être plus que 60 millions $. Ça va peut-être être 70 millions $.»

M. Chagnon, «pour se protéger lui-même, aurait intérêt à trouver une façon de travailler avec les gens de la nouvelle SQI, pour s’assurer que l’agrandissement se fait selon les règles de l’art», a déclaré Mme Jérôme-Forget.

«Je suis sûre que M. Chagnon va le faire, a-t-elle dit. Je ne sais pas comment il va s’y prendre, mais je suis sûre qu’il va le faire. Je connais Jacques, je présume qu’il ne va pas se lancer dans une construction comme ça sans avoir des guides, des indicateurs, des choses comme ça.»

Jeudi, M. Chagnon a annoncé que le projet d’agrandissement, qui prévoit notamment un réaménagement des aires d’accueil pour améliorer la sécurité des lieux ainsi que la construction de deux salles de commissions parlementaires souterraines, avait été approuvé par les députés des trois groupes parlementaires de l’Assemblée nationale.

En présentant une vidéo du projet, M. Chagnon a attribué la récente hausse de 10 millions $ à des ajouts pour des raisons de sécurité ainsi qu’à l’inflation depuis les premières estimations il y a trois ans.

La direction des communications de l’institution a confirmé vendredi que «l’Assemblée est le seul maître de l’ouvrage» dans le cadre du projet d’amélioration.

«La direction de l’amélioration des infrastructures de l’Assemblée est formée de membres du personnel qualifiés pour la gestion du projet et un mandat de gérance de construction a été octroyé à l’entrepreneur-gérant Verreault, a répondu un porte-parole, Jean-Philippe Laprise, dans un courriel. L’octroi des contrats aux entrepreneurs spécialisés se fera dans le respect des règles et des principes de gestion contractuelle relatifs aux contrats publics.»

Les modes de sollicitation et d’adjudication des contrats à l’Assemblée nationale sont les mêmes que pour les ministères et organismes assujettis à la la Loi sur les contrats des organismes publics (LCOP), indique le courriel.

Un porte-parole de la SQI, Martin Roy, a déclaré que l’organisme gouvernemental n’est pas impliqué dans le projet de l’Assemblée nationale.

«La SQI n’est pas impliquée dans ce projet-là, l’Assemblée nationale est autonome dans sa gestion immobilière», a-t-il dit.

M. Roy a affirmé qu’il arrive parfois à la SQI de conseiller des clients qui ne font pas partie de la liste des ministères et organismes tenus par décret du conseil des ministres à faire appels à ses services.

«Il s’agirait de voir quel serait le mandat confié, a-t-il dit. C’est certain que c’est des choses qui seraient regardées, mais on n’est pas impliqués à ce stade-ci.»

M. Chagnon a affirmé jeudi que le projet sera financé grâce aux surplus d’un compte de revenus autonomes que l’institution peut accumuler avec le budget voté par les députés.

Contrairement aux autres ministères et organismes, l’Assemblée nationale peut garder ces sommes qui, ailleurs dans l’appareil gouvernemental, sont retournées au fonds consolidé du Québec.

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