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«Pratiques barbares»: Rona Ambrose se dissocie

OTTAWA – La chef intérimaire du Parti conservateur se dissocie de l’une des promesses controversées faites par sa formation en campagne électorale concernant la mise sur pied d’une ligne de dénonciation sur les «cas de pratiques culturelles barbares».

Lors d’une rencontre avec la presse parlementaire, mercredi, Rona Ambrose a plaidé qu’elle n’avait «pas été partie prenante de cette décision» et qu’elle ne l’appuyait pas non plus.

L’engagement de mettre sur pied une ligne d’aide de la Gendarmerie royale du Canada afin de permettre à la population d’informer le corps de police de «cas de pratiques culturelles barbares» avait suscité de nombreuses critiques des partis adverses, mais aussi des communautés culturelles.

Cette promesse avait été formulée peu après que les conservateurs eurent décidé d’interjeter appel devant la Cour suprême du Canada d’un jugement sur le port du niqab aux cérémonies de citoyenneté, ce qui leur a valu d’être accusés de semer la division pour faire des gains politiques.

Mme Ambrose n’est pas allée jusqu’à dire qu’elle se dissociait de l’ensemble du pan identitaire de la campagne électorale, se contentant de faire valoir que ces questions soulevaient naturellement les passions et alimentaient forcément les débats.

Elle a par ailleurs réitéré que les conservateurs avaient l’intention d’adopter un nouveau ton, moins acrimonieux, après avoir constaté que cela avait pu leur nuire pendant la campagne électorale.

L’une de ses adversaires à la course à la direction, Candice Bergen, avait fait le même constat. Pourtant, cela ne l’a pas empêchée de publier mardi sur Twitter des attaques personnelles visant le premier ministre Justin Trudeau.

«Je suis tellement embarrassée et dégoûtée par (M. Trudeau). Je le suis», a-t-elle écrit après s’être réjouie d’avoir été assermentée, exprimant notamment son désaccord face au retrait des avions de chasse canadiens de la mission contre le groupe armé État islamique (ÉI).

Rona Ambrose plaide que ce genre de dérapage peut se produire lorsque les enjeux sont aussi graves. Mais «le message que je lance à mon caucus est le suivant: Justin Trudeau n’est pas notre ennemi. L’ÉI l’est», a-t-elle tranché.

La chef intérimaire a tenu ces propos dans son bureau du parlement, où elle avait convié les médias pour le dévoilement de l’identité de son chef adjoint et du leader de l’opposition en Chambre.

Le poste de chef adjoint a été confié à Denis Lebel, qui avait brigué la direction intérimaire en duo avec Michelle Rempel. Ses faits d’armes comme lieutenant québécois — sous sa houlette, les conservateurs sont passés de cinq à 12 sièges au Québec — ont été salués par Mme Ambrose.

L’ancien président de la Chambre des communes Andrew Scheer, qui connaît bien les rouages des travaux parlementaires à Ottawa, a pour sa part hérité du titre de leader de l’opposition. Il ne sera donc pas de la course à sa succession.

Le trio a été questionné sur les dossiers chauds du moment, soit la mission militaire du Canada contre le groupe armé État islamique et le plan libéral d’accueillir 25 000 réfugiés syriens d’ici la fin de l’année.

Sur la question de l’opération humanitaire, ils ont préféré jouer de prudence, refusant de dire si le gouvernement de Justin Trudeau devrait repousser l’échéancier du 31 décembre.

«Pour l’instant, on n’a pas de plan qui a été déposé. On va attendre (de voir) quelles seront leurs stratégies, comment les choses vont se réaliser. Pour l’instant, ça demeure hypothétique», a soutenu M. Lebel.

«Mais je rappelle qu’il ne faut pas voir cette crise-là juste par l’accueil des réfugiés, a-t-il enchaîné. Si on ne fait pas le travail nécessaire pour combattre l’État islamique, on ne parlera pas de 25 000, on va parler de beaucoup plus encore.»

Car il est clair aux yeux des conservateurs que le retrait des six CF-18 canadiens qui bombardent en Irak et en Syrie est malavisé, surtout dans la foulée des attentats terroristes qui ont fait 129 morts et plus de 300 blessés vendredi dernier à Paris.

«Nos partenaires de la coalition intensifient leurs campagnes de bombardements contre l’ÉI et ils nous voient battre en retraite», a regretté Mme Ambrose.

«Ce n’est pas un bon signal à envoyer. Il n’est désormais plus seulement question de diminuer les capacités de l’ÉI: nos alliés parlent maintenant de vaincre l’ÉI», a poursuivi la chef intérimaire.

Les conservateurs réclament un débat à la Chambre des communes sur l’avenir de la mission militaire du Canada contre le groupe armé État islamique.

«L’opposition — à l’époque où M. Trudeau était dans l’opposition — voulait que le débat se fasse en Chambre. Aujourd’hui, nous serions très heureux de le faire», a affirmé Denis Lebel.

Le Parti libéral n’a pas voulu dire, mercredi, s’il avait l’intention d’accéder à cette demande.

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