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Procès Turcotte: troisième jour de plaidoirie

Guy Turcotte. Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne
Stéphanie Marin - La Presse Canadienne

SAINT-JÉRÔME, Qc – Il est inconcevable qu’un père aimant et attentionné comme Guy Turcotte ait pu tuer ses enfants — sauf s’il souffrait d’une maladie mentale, a fait valoir le procureur principal de l’accusé, jeudi, au troisième jour de sa plaidoirie.

Affectueux, prévenant, préoccupé et soucieux du bien-être de ses enfants, «père poule», les qualificatifs ont été nombreux au procès pour décrire Guy Turcotte dans son rôle de père. Et le verdict de ses proches est unanime: il était un «bon papa», ce qui rend le drame du 20 février 2009 d’autant plus inimaginable, a argumenté Me Pierre Poupart devant le jury de 11 personnes.

L’accusé a poignardé à mort ses enfants, les tuant de 46 coups de couteau.

«Rappelez-vous que ce père aimant a causé la mort de ses enfants dans des circonstances que nous connaissons tous», a relaté le procureur.

«Il faut bien qu’il se soit passé quelque chose!» a-t-il ajouté.

Me Poupart s’est employé à rappeler le témoignage de nombreuses personnes qui ont défilé devant le tribunal et qui ont expliqué que l’ex-cardiologue était une personne agréable, polie, un collègue apprécié et qui savait dire merci.

«Est-ce là le portrait qu’on se fait des gens qui commettent des meurtres avec les intentions requises pour commettre des meurtres?», a demandé Me Poupart au jury.

Il a ainsi tracé un portrait favorable de son client, loin des stéréotypes de criminels et de meurtriers.

Me Poupart a aussi plaidé que Guy Turcotte n’avait pas planifié mourir ce jour-là et encore moins tuer ses enfants.

Il a énuméré ce que l’accusé avait fait dans les derniers jours et qui démontrent des projets: il a acheté des médicaments pour son fils, et le jour même du drame, un contenant de protéines d’entraînement grand format — car cela coûte moins cher et dure plus longtemps. Ce même jour, il a contacté une personne pour avoir de l’information sur le programme d’accès à la propriété puisqu’il était en train de s’acheter une maison.

Il n’y avait donc pas de préméditation, selon le procureur de l’accusé.

Me Poupart est aussi revenu sur l’appel téléphonique que Guy Turcotte a fait le soir du 20 février 2009 à une ancienne voisine et amie, qui gardait souvent ses enfants. Johanne Leclair devait s’occuper d’eux le 21 février, mais l’accusé a appelé pour annuler, lui disant, dans une très brève conversation, que ses plans avaient changé.

Cette dame a retenu de son message une grande tristesse, a plaidé Me Poupart.

«Si Johanne Leclair avait écouté un peu plus son intuition, on n’en serait peut-être pas là», a lancé le procureur en précisant que cela n’était pas de sa faute. Un reproche qu’il n’a pas formulé envers la mère de Guy Turcotte, qui lui a aussi parlé le soir du double meurtre, pendant plus d’une heure. Elle ne s’était pas déplacée à ce moment, son mari lui ayant dit d’attendre le lendemain.

Guy Turcotte tente, par la bouche de ses avocats, de convaincre le jury à son procès criminel de ne pas le condamner pour le meurtre prémédité de ses deux enfants.

L’ex-cardiologue a admis avoir causé la mort d’Olivier, âgé de 5 ans, et d’Anne-Sophie, âgée de 3 ans, le 20 février 2009.

Il présente une défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. Les deux experts psychiatres de la défense ont fait valoir qu’il souffrait, le soir du drame, d’un trouble de l’adaptation et qu’il était en pleine crise suicidaire.

«Nous sommes peut-être ici en l’absence de soins adéquats dont il avait bien besoin», a ajouté Me Poupart.

Le procès va se poursuivre lundi, le juge André Vincent devant siéger dans une autre affaire vendredi.

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