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Rencontre fédérale-provinciale sur le climat

OTTAWA – Un consensus a émergé lors de la première rencontre fédérale-provinciale en sept ans: le temps est venu de rétablir la réputation du Canada à l’étranger quant à la lutte contre les changements climatiques.

Mais au-delà de la nécessité de redorer le blason du pays, aucune décision significative n’a été prise lors de la réunion entre Justin Trudeau et les premiers ministres provinciaux et territoriaux à Ottawa, lundi.

À quelques jours de l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris, l’objectif du gouvernement libéral était d’abord de démontrer ses bonnes intentions dans le dossier.

Au point de presse suivant la rencontre tard en soirée, M. Trudeau a assuré que la nouvelle approche canadienne détonerait avec celle du gouvernement conservateur, quand provinces, fédéral et organismes «se contredisaient un petit peu».

Selon lui, on verra à Paris un Canada avec «une approche coordonnée et une vision que le Canada va faire sa part pour (s’attaquer aux) changements climatiques, pour encourager les autres pays à faire de même et à bâtir un monde meilleur pour les prochaines générations.»

Avant même la rencontre, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait insisté sur le fait qu’il était important de procéder au «rebranding» du Canada sur la scène internationale. Selon lui, la réputation du pays est fortement liée au développement des sables bitumineux albertains, malgré qu’il soit le troisième producteur d’hydro-électricité dans le monde.

«C’est un pays dont, maintenant, avec l’annonce de l’Alberta, près de 80 pour cent de la population va être dans un régime de fixation du prix du carbone. Cette histoire n’est pas connue», a-t-il illustré.

La première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, a évoqué un «oeil au beurre noir» pour qualifier la réputation du Canada en matière d’environnement. Celui du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, a insisté sur l’importance de la coopération entre les différents paliers de gouvernement, notant que les changements climatiques ne connaissent pas de frontières.

Tous ont salué le plan albertain dévoilé dimanche par Rachel Notley, qui a annoncé notamment une taxe sur le carbone de 20 $ par tonne de gaz à effet de serre (GES) en 2017, puis de 30 $ l’année suivante. Elle a également plafonné à 100 mégatonnes par an les émissions provenant des sables bitumineux.

«Avec l’Alberta qui pose un geste si fort en ce sens, je pense que nous allons maintenant à Paris comme un pays qui a (…) quelque chose de solide à offrir pour ce qui est de notre façon d’aller de l’avant et d’avoir un impact comme provinces et comme nation», a noté la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

Flexibilité

Les discussions de lundi n’avaient pas pour objectif d’établir une nouvelle cible de réduction des GES pour le Canada. Le gouvernement Trudeau a déjà indiqué qu’il comptait se rendre à Paris avec la cible fixée précédemment par les conservateurs, soit une réduction des émissions de 30 pour cent par rapport à 2005, d’ici 2030.

Une nouvelle cible pourrait toutefois être choisie dans la foulée de la conférence, la ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, Catherine McKenna, ayant promis de rencontrer ses homologues provinciaux sur le sujet dans les 90 jours suivant la COP21 afin de diminuer «rapidement» les GES.

Au-delà des cibles, les provinces ont insisté sur le fait qu’Ottawa devait leur laisser le champ libre sur les façons de s’attaquer au problème.

«La base ici devrait être un prix sur le carbone. Comment vous y parvenez, que ce soit par une taxe ou un système de plafonnement et d’échange, devrait être laissé entièrement à l’initiative des provinces», a insisté M. Couillard.

M. Trudeau a semblé lui donner raison. «Le Canada se doit de présenter une approche qui est à l’image des Canadiens, c’est-à-dire diverse. Nous avons dix provinces et trois territoires qui ont des géographies, des économies très différentes. Et ce que j’ai dit depuis le début, c’est que nous nous devons de respecter les provinces dans leurs approches pour réduire les GES», a-t-il affirmé.

Quel sera le rôle du fédéral dans ce contexte? «Le gouvernement fédéral peut et doit jouer un rôle pour viser des cibles ambitieuses», a plaidé M. Trudeau.

Voix discordantes

En point de presse en début d’après-midi, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a toutefois réclamé qu’Ottawa impose des cibles et une loi obligeant de faire rapport pour s’assurer que le Canada diminuera bel et bien ses émissions de GES.

«Il faut éviter une situation où une province pourrait tout simplement décider de ne rien faire. Et c’est malheureusement la situation qui risque de se produire avec ce que M. Trudeau est en train de proposer, s’il laisse ça exclusivement aux provinces», a-t-il soutenu.

Du côté des conservateurs, le député Ed Fast, porte-parole en matière d’environnement, s’est inquiété de l’impact sur l’industrie énergétique des engagements qui seront pris à la COP21. «Ce n’est pas le moment d’imposer d’autres mesures punitives à une industrie qui lutte déjà avec la baisse des prix mondiaux, et qui emploie des centaines de milliers de Canadiens», a-t-il écrit dans un communiqué.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, tenait un discours semblable. M. Wall est vu, par certains, comme possible prétendant au leadership du Parti conservateur fédéral.

«Quel que soit l’accord auquel nous arrivons à Paris (…), nous devons comprendre l’impact que cela aura sur les emplois, sur le secteur de l’énergie qui a déjà subi de lourdes mises à pied», a fait valoir M. Wall.

«Nous devons aller à Paris avec un plan, mais assurons-nous que ce plan tienne compte de l’impact que nous pourrions avoir sur la Saskatchewan, sur l’Alberta, sur les familles canadiennes qui dépendent du secteur de l’énergie pour leur gagne-pain», a-t-il insisté.

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