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Santé: patients et médecins dénoncent les réformes

MONTRÉAL – Plusieurs regroupements de patients et même de médecins affirment que les réformes du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, accomplissent exactement le contraire du résultat qu’il prétend vouloir atteindre et que les patients en paient déjà un prix qui ira en s’aggravant.

L’Alliance des patients pour la santé et plusieurs autres groupes ont dressé mercredi, en conférence de presse à Montréal, un constat d’échec complet des réformes prévues par les projets de loi 10 et 20 du ministre Barrette et ont soumis des demandes afin de freiner les ardeurs de ce dernier.

«Le système de santé appartient à la population du Québec. Il n’appartient pas au ministre», a plaidé le président de l’Alliance, Jérôme Di Giovanni.

Les organismes reprochent au ministre Barrette de poser unilatéralement et sans consultation des gestes qui portent directement atteinte à l’accessibilité des soins.

«Le projet de loi 20 devait favoriser l’accès, a rappelé l’avocat en droit de la santé Jean-Pierre Ménard. Il n’y a rien qui favorise l’accès dans le projet de loi 20; (pire) encore, on désassure des services et on rajoute des frais accessoires par-dessus. Où sont les gains pour les patients? Ce sont des réformes qui ne répondent pas du tout aux besoins de la population.»

Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, s’est dit particulièrement dégoûté par l’imposition de frais accessoires dont il n’avait pas été question durant les consultations publiques et que le ministre a inclus dans la loi sans consultation et sans débat public.

«Je voyais la semaine dernière l’adoption du projet de loi 20 et je trouvais méprisante la façon avec laquelle les gens s’applaudissaient les uns les autres du côté du gouvernement, alors que des centaines de milliers de personnes n’auront pas accès aux soins parce qu’on leur demandera de payer des frais accessoires. J’ai trouvé ça d’un mépris consommé» a-t-il laissé tomber.

«Plus le ministre dit qu’il travaille pour les patients, plus ça nous coûte cher. On commence à se demander si on ne devrait pas lui demander d’arrêter de travailler pour nous», a-t-il échappé sur un ton dépité.

Les organismes s’inquiètent également de voir le Commissaire à la santé et au bien-être mener des sondages sur les personnes qui devraient recevoir des soins ou sur ce qui pourrait être retiré du panier de services assurés par la Régie de l’assurance-maladie, comme l’a fait le ministre Barrette avec la loi 20, dont il s’est servi pour désassurer en partie le service de procréation assistée.

«C’est la première fois qu’un ministre de la Santé désassure un bloc de services lui-même et le Dr Barrette a laissé clairement entendre qu’il n’entendait pas s’arrêter là, qu’il allait remettre en question d’autres services aussi, mais évidemment, comme d’habitude, sans débat public», a déploré Me Ménard.

Outre un débat public, les regroupements réclament une garantie d’accès aux services de santé, qui est complètement absente des textes des lois 10 et 20; un moratoire sur les compressions budgétaires; la création d’un Comité national de patients rattaché au bureau du ministre; et l’inscription du droit à la santé dans la Charte québécoise des droits et libertés afin de protéger le régime des atteintes politiques.

Plusieurs intervenants ont accusé au passage le ministre Barrette de tromper la population en affirmant sur toutes les tribunes publiques que ses réformes améliorent l’accessibilité alors que les projets de loi eux-mêmes démontrent le contraire et que la réalité sur le terrain confirme une détérioration de cet accès.

«Le ministre tient un discours politique qui est exactement le contraire de ce qu’il fait, a lancé Jean-Pierre Ménard. Nous, on regarde les textes de loi qui sont adoptés et c’est exactement le contraire de ce que dit le ministre et ça, il faut que la population commence à s’en rendre compte aussi.»

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