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Garderie: un regroupement craint un «désastre»

Alexandre Robillard et Vicky Fragasso-Marquis - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Les regroupements du secteur des services de garde ont claqué la porte des discussions entreprises cet automne avec le ministère de la Famille sur leur financement, craignant un «désastre» et un «nivellement par le bas» dans le système de garderies tel qu’on le connaît aujourd’hui.

La coalition, qui a annoncé sa décision jeudi après-midi à Montréal, calcule que, selon les exigences du gouvernement, des compressions de 320 millions $ pourraient être imposées aux services de garde, mettant en danger environ 5000 emplois. C’est l’Association québécoises des centres de la petite enfance (AQCPE) qui a avancé ce chiffre selon les indications du ministère, qui n’a pas fourni clairement de données, a-t-on indiqué.

Selon l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ), le gouvernement souhaite que les deux tiers des garderies s’inspirent du tiers qui «coûte moins cher». Or, le président de AGPQ, Samir Alahmad, indique que le ministère n’a pas précisé pourquoi ces garderies avaient remis des rapports financiers plus positifs; il serait difficile de prédire si ce modèle pourrait se transposer dans les autres garderies.

M. Alahmad note que ces garderies ne respectent peut-être pas le ratio entre enfants et éducatrices, ni le guide alimentaire canadien dans ses menus, par exemple — ce qui tire nécessairement les coûts vers le bas.

Julie Plamondon, du Rassemblement des garderies privées du Québec, considère que le réseau était déjà «à bout de souffle» avec les dernières coupes du gouvernement. En imposer davantage mettra sans contredit le réseau «en péril», a-t-elle déploré.

Si elles se confirmaient, les compressions en 2016-2017 suivraient celles de 74 millions $ pour l’année en cours.

«C’est quoi leur objectif? Est-ce que c’est leur objectif d’en finir avec les services de garde (actuels)? Qu’ils le disent», a pesté M. Alahmad. Les regroupements disent qu’ils réintégreront la table de discussions lorsqu’ils auront l’impression de participer à de vraies négociations et non à une conversation «à sens unique», ont-ils soutenu.

Plus tôt, jeudi, le gouvernement Couillard a confirmé qu’il remettait en question les performances de gestion du secteur des services de garde.

«Je trouve qu’il est tout à fait correct de s’inspirer des meilleures gestionnaires possible, d’avoir les services publics de la meilleure qualité possible pour le meilleur prix possible», a-t-il dit à l’Assemblée nationale pendant la période de questions, où il s’est fait talonner par le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau. M. Péladeau a accusé le gouvernement de vouloir niveler par le bas avec son plan de compression.

«Le gouvernement libéral s’évertue à l’affaiblir, a-t-il dit au Salon bleu. Il a, depuis un an et demi, tout fait pour favoriser les garderies privées, et maintenant il veut couper 120 millions $ en procédant à un nivellement par le bas dans tout le réseau des garderies subventionnées.»

En répondant à M. Péladeau en Chambre, M. Couillard a cependant soutenu que cette opération vise à rehausser les pratiques de gestion des établissements moins performants.

«J’y vois plutôt une tentative de rehaussement vers le haut, vers les meilleures pratiques de gestion et de meilleurs rapports entre l’investissement public et la qualité des services obtenus», a-t-il dit.

La ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a exprimé son intérêt jeudi à comprendre pourquoi certains établissements sont plus performants que d’autres. Tout en affirmant qu’aucune décision n’est prise, Mme Charbonneau a toutefois fait référence à une éventuelle mesure de leur performance qui s’établirait en fonction du tiers le plus performant.

«On ne peut pas passer à côté du fait qu’il faut se poser des questions sur pourquoi il y a un tiers performant, pourquoi en ce moment il y en a qui réussissent très bien et qu’il y en a qui ont des difficultés», a-t-elle dit dans un point de presse avant un caucus des députés libéraux.

Mme Charbonneau a refusé de dire si cette préoccupation pour la gestion dans les services de garde pourrait se traduire par des pertes de postes. «Je n’irai pas là, moi j’en suis plus sur le financement pour le service à chacun des enfants», a-t-elle dit.

La coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David, estime que la ministre procède à un «saccage» du réseau des services de garde. «Nos enfants n’ont pas à payer pour votre obsession à atteindre le sacro-saint équilibre budgétaire. Pourquoi les emplois de Bombardier valent-ils plus que ceux des éducatrices?», a-t-elle déploré par voie de communiqué.

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