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Québec est en voie d'atteindre l'équilibre

Jocelyne Richer et Patrice Bergeron - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Québec réaffirme être sur la voie de rétablir l’équilibre des finances publiques dans l’année qui vient, après six ans de déficits.

Malgré cela, il ne faut pas croire que les contribuables sont à l’abri de nouvelles hausses de taxes. Il n’y en a aucune pour l’instant, mais rien n’est exclu d’ici la fin du mandat.

L’effort soutenu consenti par Québec pour comprimer les dépenses gouvernementales fait en sorte que le déficit en 2014-2015 atteindra 1,1 milliard $ au lieu de 2,3 milliards $.

L’objectif du déficit zéro, promesse phare du gouvernement Couillard, devrait donc être atteint, comme prévu, sans trop de difficultés, au terme de l’exercice 2015-2016, a commenté jeudi le ministre des Finances, Carlos Leitao, en rendant publique sa mise à jour économique du budget de mars dernier.

La mise à jour permet de faire le point sur la situation des finances publiques, ainsi que de revoir au besoin les prévisions de croissance, de revenus et de dépenses. Cette année, contrairement à l’an dernier, la mise à jour ne comporte aucune nouvelle mesure fiscale, donc pas même un aperçu des baisses d’impôt promises.

L’économie demeure fragile: prévue à 2 pour cent, la croissance économique anticipée au Québec en 2015 est ramenée à 1,5 pour cent et à 1,7 pour cent en 2016.

Le climat de tension dans le milieu de l’éducation, qui s’estime frappé de compressions budgétaires affectant directement les services aux élèves, semble avoir eu un écho à Québec. Le gouvernement réinvestit dès maintenant 20 millions $ dans le réseau, puis ajoutera 80 millions $ par année à compter de 2016 en services directs aux élèves.

L’éducation est donc le seul secteur à recevoir une injection de fonds inattendue de Québec. Sur un budget global de 17 milliards $, l’ajout ne fera cependant pas une grande différence, surtout que les sommes supplémentaires sont destinées exclusivement aux clientèles défavorisées et aux régions dévitalisées.

Au total, les dépenses du gouvernement augmenteront de 3 pour cent en 2015-2016, tandis que les revenus devraient croître de 4,1 pour cent. «Nous dépensons moins que nous gagnons», a conclu fièrement le ministre Leitao, en conférence de presse.

La consommation des ménages devrait augmenter légèrement (1,9 pour cent) en 2015.

Le secteur des exportations, sur lequel Québec mise de plus en plus pour boucler son budget, semble sur une bonne lancée, avec une hausse de 6,4 pour cent pour les huit premiers mois de l’année.

La réforme fiscale majeure promise par le gouvernement Couillard pourrait bien être remise à plus tard. Chose certaine, rien ne se passera tant que le gouvernement Trudeau n’aura pas présenté la sienne. Québec devra s’arrimer à Ottawa, a dit M. Leitao. «Avant de faire quoi que ce soit, il va falloir d’abord bien analyser ce qui sera fait au niveau fédéral, et puis par la suite on s’ajuste», a-t-il dit.

M. Leitao est aussi revenu à la charge avec son projet d’«écofiscalité», destiné à utiliser les taxes, tarifs et crédits d’impôt pour forcer les contribuables à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement. Une hausse de la taxe sur l’essence pourrait bien faire partie de l’arsenal des mesures privilégiées par Québec, a réaffirmé le ministre.

«Qui sait ce que la vie nous réserve?», a dit le ministre, qui considère «qu’il serait irresponsable de commencer à fermer, à verrouiller à double et à triple tour la porte» d’une hausse de taxe sur l’essence d’ici la fin du mandat.

Le Québec doit aussi absolument continuer à contribuer au Fonds des générations pour contenir son niveau d’endettement (objectif: 45 pour cent du PIB en 2025) et surtout maintenir sa cote de crédit, a indiqué par ailleurs le ministre des Finances. Ainsi, le Québec peut emprunter des milliards sans problème sur les marchés financiers.

L’opposition officielle n’a pas tardé à réagir. Selon le Parti québécois, l’équilibre budgétaire est en voie d’être atteint au prix d’une «austérité sévère» et d’une hausse de 1500 $ du fardeau fiscal moyen des particuliers.

Le porte-parole aux finances, Nicolas Marceau, a fait remarquer que le ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) a augmenté, ce qui signifie «la détérioration de la santé des finances publiques».

Cela est attribuable à la mauvaise performance économique du gouvernement, une «croissance très lente», a déploré M. Marceau. Les compressions ont ralenti l’économie, les politiques d’austérité du gouvernement sont donc «autodestructrices», a fait valoir le député de Rousseau, en conférence de presse.

De son côté, la Coalition avenir Québec plaide aussi que le retour prévu à l’équilibre budgétaire se fait sur le dos des contribuables, en raison des hausses de taxes et de tarifs.

«On ne peut pas faire confiance à ce ministre des Finances», a affirmé le député caquiste de Granby, François Bonnardel, qui a soutenu que le plan économique du gouvernement est une «honte».

Québec solidaire a vivement condamné la faiblesse du réinvestissement en éducation, au moment où Québec veut réduire, d’une autre main, de 120 millions $ le financement des garderies subventionnées.

Selon Amir Kahdir, le gouvernement prend les gens pour des «dupes». Un point positif, cependant: les manifestations pour protéger les écoles ont fait reculer les libéraux. «Le travail de mobilisation des parents et des professeurs a quand même eu un effet, parce que ce gouvernement était aveugle aux dégâts causés par ses politiques d’austérité. Il est obligé d’accepter que ça fait très, très mal au réseau public», a-t-il dit.

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