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L'oncle d'Alan Kurdi bientôt au Canada

Tima Kurdi. DARRYL DYCK / La Presse Canadienne Photo: DARRYL DYCK

VANCOUVER – La tante d’Alan Kurdi — ce jeune Syrien qui avait été photographié sans vie sur une plage turque — dit être déchirée entre le deuil et la joie alors qu’un de ses frères a été accepté comme réfugié au Canada.

Tima Kurdi a indiqué que la venue de son frère Mohammed, de sa femme et de ses cinq enfants a été approuvée par Citoyenneté et Immigration Canada. Mais elle soutient être toujours hantée par les souvenirs de ses neveux et de sa belle-soeur qui ont perdu la vie en tentant de rejoindre la Grèce depuis la côte turque en septembre.

«Pour être honnête, mes sentiments sont partagés en ce moment — mais je suis heureuse de pouvoir sauver ces vies», a-t-elle témoigné en entrevue téléphonique, vendredi.

«Au fond de moi, je suis si, si blessée chaque fois que je pense à mon frère Abdullah, a-t-elle affirmé. Chaque nuit, mes deux petits neveux, ça me brise le coeur… Ça me fait si mal, et j’espère qu’un jour ce sera plus facile.»

Les deux fils d’Abdullah et sa femme sont morts noyés en chemin vers la Grèce, une porte d’entrée à l’Union européenne. La photo du petit Alan, âgé de trois ans, gisant seul face contre le sable sur une plage turque avait défrayé les manchettes du monde entier et ébranlé la communauté internationale. Un véritable branle-bas de combat pour accélérer l’aide offerte aux réfugiés syriens qui fuient la guerre s’en était suivi.

La première demande de Mme Kurdi pour parrainer Mohammed et sa famille avait été rejetée, en raison de certains papiers manquants.

Mme Kurdi avait déclaré en septembre que le rejet de l’application de Mohammed avait anéanti l’espoir d’Abdullah d’atteindre le Canada. Il avait alors tenté la courte, mais dangereuse traversée de la Grèce vers la Turquie.

À la mi-octobre, un représentant de Citoyenneté et Immigration Canada a invité Mme Kurdi à remplir à nouveau les formulaires pour parrainer son frère, puisque le gouvernement n’exigeait plus de documents difficiles à obtenir auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Elle dit avoir ensuite reçu un courriel le 10 novembre confirmant que le parrainage était accepté. Or, la famille doit encore passer des contrôles de sécurité et des examens médicaux en Turquie avant de pouvoir rejoindre le Canada.

Pendant ce temps, Abdullah a perdu tout intérêt à venir au Canada. Il vit dans le nord de l’Irak, où le gouvernement régional du Kurdistan lui offre du soutien pour ouvrir un organisme qui viendrait en aide aux enfants réfugiés, a rapporté sa soeur.

«Sa vie est maintenant consacrée à aider les réfugiés. Il dit: « C’est pourquoi je veux être fort. C’est ce qui va me garder en vie »», a confié Mme Kurdi.

Son frère en a voulu au gouvernement canadien après la perte de sa famille, mais ses sentiments de colère se sont estompés avec le temps, a-t-elle ajouté.

«C’est ce qui s’est passé. Personne ne devrait être blâmé pour ça», lui aurait-il dit.

Bien qu’elle soit de confession musulmane, Mme Kurdi célèbre Noël chaque année avec son mari et son fils. Elle espère maintenant que la famille de son frère arrivera à temps pour les célébrations de fin d’année.

«Nous voulons décorer l’extérieur de la maison. Mais nous attendons en espérant que les enfants seront ici à temps pour nous aider», a-t-elle conclu.

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