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CF-18: Trudeau n'entend pas faire volte-face

Canadian Prime Minister Justin Trudeau lays a flower at a memorial outside the Bataclan cafe Sunday November 29, 2015 in Paris, France. Trudeau is in Paris to attend the United Nations climate change summit. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: Adrian Wyld/The Canadian Press
Fannie Olivier - La Presse Canadienne

PARIS – Le président français François Hollande ne tient pas rigueur au Canada de cesser ses frappes aériennes en Syrie et en Irak, si l’on en croit le premier ministre Justin Trudeau.

Les deux politiciens ont eu un dîner de travail à l’Élysée, dimanche, où il a été question notamment de sécurité, deux semaines après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts. Depuis, le président français mène une croisade diplomatique pour intensifier la riposte contre l’État islamique.

Malgré cela, M. Trudeau n’envisage pas revenir sur sa décision de rappeler les chasseurs canadiens CF-18, actuellement déployés pour venir prêter main forte à la coalition militaire dirigée par les États-Unis.

«Dans les conversations avec le président, il a été très rassuré et content du fait que je continue à être très impliqué dans la coalition contre l’État islamique, et que nous allons continuer de contribuer d’une façon importante, même si ce n’est pas par des frappes aériennes», a soutenu M. Trudeau lors d’un bref point de presse suivant sa rencontre avec le président.

Quelques minutes plus tôt, dans une déclaration conjointe, M. Hollande avait évoqué le fait que chaque allié devait contribuer à cette lutte selon ses moyens.

«Nous devons agir sur le plan militaire, et le Canada a réaffirmé un certain nombre de principes qui pour nous sont essentiels, c’est-à-dire la solidarité dans l’action contre le terrorisme, chacun y apportant ses moyens», a-t-il indiqué.

M. Trudeau souhaite recentrer les efforts du Canada sur l’entraînement des combattants kurdes affrontant les djihadistes et prévoit rappeler les six chasseurs canadiens à la fin du mois de mars.

Hommage au Bataclan

En matinée, M. Trudeau et le premier ministre du Québec Philippe Couillard ont rendu hommage aux victimes des attaques terroristes, en allant déposer des fleurs devant la salle de spectacle du Bataclan.

Ils étaient accompagnés de quelques artistes du Québec, dont l’imitatrice Véronic Dicaire, qui a entamé «Quand les hommes vivront d’amour», devant le mémorial improvisé rassemblant des centaines de fleurs, messages et photos laissés par les passants. Sa voix a été jointe par celles de MM. Trudeau et Couillard, qui ont eux aussi murmuré l’émouvante chanson composée par Raymond Lévesque.

Parmi les 130 victimes des attaques dans la capitale française, 90 ont péri au Bataclan.

D’autres dignitaires étaient sur place pour cette initiative du gouvernement du Québec, dont le premier ministre français Manuel Valls, la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire de Montréal Denis Coderre.

L’événement a été «extrêmement émouvant», a confié M. Trudeau. «Ça souligne à quel point l’amitié et les relations entre la France et le Canada sont serrées.»

«Je crois que la foule qui nous entourait était également gagnée par l’émotion», a signalé M. Couillard, particulièrement remué par l’interprétation de Mme Dicaire «à capella, en pleine rue, il fait froid. Ça a été très très beau et très touchant.»

Pour Mme Dicaire, il s’agit-là de la «chanson par excellence pour expliquer comment on se sent par rapport à cette situation. Malheureusement, elle est encore de circonstance.»

Quatre autres premiers ministres provinciaux devaient par ailleurs se rendre au Bataclan au cours de la journée pour se recueillir, dont celles de l’Ontario, Kathleen Wynne, de l’Alberta, Rachel Notley, de la Colombie-Britannique, Christy Clark, et celui de la Saskatchewan, Brad Wall.

COP21

Tous sont à Paris dans le cadre des négociations de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui s’est officiellement ouverte en fin de journée.

Les 190 pays participants doivent s’entendre sur un accord universel permettant de limiter à 2 degrés Celcius le réchauffement de la planète.

Après avoir fait figure de cancre dans ce domaine — remportant années après années les prix citrons «Fossile» remis par les groupes écologistes — le Canada arrive sur place avec un visage et un discours nouveau. Ottawa a promis de s’entretenir avec les provinces afin de discuter d’une nouvelle cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il s’est également engagé à verser 2,65 milliards $ sur cinq ans pour aider les pays en développement touchés de plein fouet par les changements climatiques.

À ce sujet, M. Hollande n’a eu que de bons mots pour le Canada. «Nous voyons les progrès depuis plusieurs mois, nous voyons les signes d’espoir et je dois dire que, parmi ces signes d’espoir, il y a la position du Canada», a-t-il soutenu.

Selon M. Trudeau, le nouveau discours du Canada sur le sujet «va donner un nouvel élan et une démonstration claire que le momentum est en train de tourner vers l’implication robuste en matière de changements climatiques.»

M. Hollande a mis la barre très haute: il veut un accord ambitieux et contraignant, des mots qu’il a répété dimanche. «S’il n’y a pas d’éléments contraignants, il n’y aura pas véritablement de crédibilité», a plaidé le président.

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