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Le Québec dans le rouge plutôt que dans le vert

Sans mesures plus agressives, le Québec ratera ses cibles environnementales en 2020, clame le chercheur Pierre-Olivier Pineau, qui présentait mercredi sa deuxième édition de l’État de l’énergie au Québec. Entrevue.

Pineau-Pierre-Olivier-wideQuels sont les bons coups à souligner?
Au-delà du bon coup historique que constitue le choix de privilégier l’hydroélectricité (près de 35% de notre énergie consommée) on peut souligner le choix de développer la biométhanisation. Cette méthode, qui permet de faire de l’énergie en compostant nos déchets, est une méthode plus coûteuse que l’enfouissement, mais qui permet de produire de l’énergie localement tout en préservant l’environnement. Le choix de développer l’utilisation du gaz naturel liquéfié permettra aussi de réduire la pollution liée au camionnage tout en réduisant notre dépendance au pétrole (le camionnage représentait 12% de la consommation énergétique du Québec en 2014). On peut aussi souligner le fait que les raffineries québécoises produisent 30% moins de GES par litre de pétrole raffiné que la moyenne canadienne.

Et les mauvais coups?
Entre 1990 et 2012, le parc de véhicules a crû de 45% alors que la population n’a augmenté que de 16%, ce qui a alourdi notre facture énergétique. La même constatation se fait du côté résidentiel (hausse de la taille moyenne des habitations). Un autre mauvais coup, c’est l’abandon en 2004 de la publication des statistiques énergétiques par le ministère des Ressources naturelles. Les données les plus récentes datent de 2011. Ça empêche donc d’avoir un portrait fidèle de la situation et ça nuit aussi, par exemple, au développement de certaines filières prometteuses telles que la production d’énergie à partir des résidus de bois issus des forêts.

Que devra faire le Québec pour atteindre ses cibles environnementales?
La principale chose à faire à court terme (-20% de GES en 2020) serait de développer de façon très agressive les systèmes de covoiturage 2.0 pour que les gens délaissent leurs autos. Une sorte d’Uber citoyen où les gens pourraient en temps réel trouver grâce à leur téléphone un véhicule se rendant dans la même direction. En ajoutant cela à de grands systèmes de voitures en libre-service, on pourrait aller chercher une réduction de 10 millions de tonnes (MT) de CO2. Dans le secteur des déchets, avec la biométhanisation, on peut aller chercher un autre quatre millions de réduction. C’est sûr que c’est ambitieux, mais sans ambition, on n’y arrivera pas. Pour la cible de 2030, ça passe par l’électrification des transports.

Qu’allez-vous suivre en 2016?
La nouvelle politique énergétique sera présentée. C’est majeur, car il y a plusieurs choses à améliorer, dont la tarification plus haute de l’électricité, si l’on veut réduire la consommation au Québec et aussi engranger réellement des sous avec nos exportations. Actuellement, on vend notre électricité au coût de production. Il y a aussi le marché du carbone qui permet d’engranger des fonds pour des projets verts en tarifant la pollution. L’Ontario et le Manitoba vont embarquer dans le projet. Finalement, le gouvernement fera connaître sa position concernant l’exploitation du pétrole québécois. Va-t-on dire non à cette filière?

Lire le rapport ici.

 

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