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2015, l’année du visionnement en ligne

Portrait of a couple watching a movie while eating popcorn Photo: Getty Images/Wavebreak Media

TORONTO – Lorsque Anushie Mahavitane, une résidante de Toronto, peut enfin s’asseoir devant la télé, après les activités parascolaires de son fils, le souper, le rituel du dodo, il est souvent 20h30, 21h, et elle a manqué ses émissions favorites. C’est pourquoi elle fait partie des nombreux Canadiens qui ont consommé de plus en plus de télévision sur demande et en ligne, en 2015.

«L’une des principales raisons pour lesquelles je continue d’être abonnée au câble avec Rogers est la fonction sur demande», observe-t-elle.

Elle n’est pas la seule à regarder de plus en plus la télévision sur demande et sur Internet et non en diffusion classique. L’analyste de l’industrie Carmi Levy qualifie d’ailleurs 2015 d’«année charnière pour le visionnement en ligne au Canada» et prédit qu’encore plus de téléspectateurs se tourneront vers la télé sur le Web en 2016.

«Ç’a été l’année où le visionnement en ligne est vraiment devenu populaire», assure-t-il.

«CraveTV a trouvé son identité, tout comme Shomi, et bien sûr Netflix a continué d’être le poids lourd qu’il est. De l’affaire des avant-gardistes, le visionnement en ligne est devenu en 2015 l’affaire de tout le monde — et 2016 va simplement consolider ces gains. Il est bien implanté dans le paysage culturel et technologique canadien.»

Les grands diffuseurs ont travaillé du mieux qu’ils le pouvaient pour répondre à la nouvelle demande.

Bell Media remplit CraveTV, son service de vidéo sur demande, de contenu «premium», dont la nouvelle série «Billions» dès le 17 janvier.

«Ce que nous espérons et croyons, c’est que « Billions » sur Crave servira d’ambassadeur au contenu de haute qualité disponible», affirme Tracey Pearce, vice-présidente principale, Télévision spécialisée et payante.

CraveTV sera aussi offert à tous les Canadiens ayant une connexion Internet au cours de l’année prochaine. En février, le service lancera aussi sa première série originale, «Letterkenny», inspirée de la série YouTube «Letterkenny Problems» de l’acteur Jared Keeso, qui tient la vedette dans l’adaptation anglophone de «19-2».

Le service de vidéo sur demande de Rogers Communications (TSX:RCI.B) et de Shaw Communications (TSX:SJR.B), Shomi, ne sera pas en reste en ajoutant notamment la comédie de Patrick Stewart «Blunt Talk».

Selon la présidente de Shaw Media, Barb Williams, l’éclosion de la vidéo sur demande «n’a pas fait mal à nos affaires, elle a changé nos affaires».

«Nous voyons les plateformes de vidéo sur demande remporter de plus en plus de succès, donc nous trouvons des moyens de monétiser l’audience», explique-t-elle, ajoutant que Shaw investit aussi dans du contenu abrégé pour Facebook, Snapchat ou d’autres plateformes.

«Tout cela garde les gens dans le système et dans la télévision, et soutient nos chaînes, si on veut. Quoique la définition de ce qu’est une chaîne est de plus en plus large.»

Le phénomène semble en effet modifier le type d’émissions qui sont produites. Beaucoup de nouveaux venus prouvent qu’ils peuvent rivaliser avec la vieille garde.

Krysten Ritter, la vedette de la série originale de Netflix «Marvel’s Jessica Jones», trouve que les séries en ligne présentent un cachet qui est difficile à ignorer.

«Elles sont en quelque sorte devenues ce qu’était le cinéma indépendant il y a 10 ans, lorsque tout le monde voulait réaliser les parties très controversées d’un scénario», explique l’actrice, qui écrit et conçoit des projets de télévision avec son entreprise, Silent Machine Entertainment.

Le contraste est frappant avec les émissions diffusées à la télévision, qui s’adressent à un public plus large pour attirer des annonceurs et sont limitées par d’autres contraintes, comme l’ensemble de la programmation ou l’horaire.

«Et c’est très frustrant. J’ai fait deux épisodes pilotes fantastiques, mais ils n’ont pas été pris parce que les diffuseurs voulaient attendre que la bonne plage horaire se libère», se souvient Mme Ritter.

Chez Rogers Media, Hayden Mindell ne pense pas qu’il y ait une différence entre canaux de diffusion. «Tout est en visionnement en ligne maintenant, d’une certaine façon.»

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