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Le diocèse anglican de Québec fait le choix de l’investissement éthique

Photo: Jacques Boissinot/La Presse Canadienne
Rédaction - La Presse Canadienne

Il y a beaucoup de bancs vides dans les églises du diocèse anglican de Québec, mais les coffres sont plus garnis qu’ils ne l’ont été depuis plusieurs années.

Alors que les investissements bien avisés remplacent l’argent offert par les paroissiens comme source principale de revenus, le diocèse se tourne vers l’investissement éthique pour constituer son portefeuille d’une manière socialement responsable davantage en phase avec ses valeurs.

En décembre, le diocèse a complété le processus pour se départir de 1,72 million $ en investissements dans les carburants fossiles et de 525 000 $ dans les mines d’or et de cuivre. Se faisant, il a ajouté son nom à la liste croissante d’organisations ayant choisi de céder leurs parts dans le pétrole et le gaz en raison d’inquiétudes sur les changements climatiques.

L’évêque Dennis Drainville a indiqué que la prochaine étape pour les anglicans de Québec serait un virage des investissements vers les énergies renouvelables.

M. Drainville a fait valoir à La Presse Canadienne qu’il ne s’agissait pas seulement de céder des actifs, mais que la volonté était aussi d’utiliser l’argent “d’une manière qui nous aidera à construire un monde meilleur”.

Les origines de l’investissement dit “éthique” des églises remontent aux années 1970, lorsque plusieurs d’entre elles ont décidé de ne plus investir dans des entreprises comptant un bilan douteux sur les droits humains ou faisant commerce des armes, du tabac ou du jeu. Ces jours-ci, les organisations religieuses comme celle de M. Drainville portent une attention encore plus étroite aux choix d’investissements.

L’évêque a indiqué que l’église anglicane avait décidé de retirer ses billes du secteur minier il y a environ quatre ans en raison d’inquiétudes sur la détérioration de l’environnement et concernant les piètres conditions de travail sur les sites miniers de propriété canadienne dans les pays en voie de développement. Quelques années plus tard, elle a décidé de se joindre au mouvement de retrait du secteur des énergies fossiles.

Les églises anglicanes du Québec ne sont pas seules dans cette voie. L’Église unie du Canada a voté en août pour céder les 5,9 millions $ investis dans les entreprises du “Carbone 200”, et a complété le processus à la fin 2015, selon le directeur financier Erik Mathiesen.

“Il ne s’agissait pas d’une décision à proprement parler sur les investissements, mais plutôt d’une décision de l’église visant à attirer l’attention sur l’enjeu de la justice climatique en solidarité avec d’autres communautés religieuses à travers le monde”, a indiqué M. Mathiesen par courriel.

M. Mathiesen a affirmé que l’église avait aussi signé un pacte aux Nations unies pour l’investissement responsable et l’Engagement de Montréal sur le carbone (Montreal Carbon Pledge), qui prônent dans les deux cas la mesure et la réduction de l’intensité carbone.

Les diocèses anglicans de Montréal et d’Ottawa ont aussi voté pour mettre fin à leurs propres investissements dans les carburants fossiles, tout comme plusieurs églises unies, et d’autres organisations à caractère religieux.

Alors que les congrégations religieuses chancellent, le diocèse de M. Drainville compte sur son portefeuille non seulement pour tenter de construire un monde meilleur, mais également pour assurer sa survie.

M. Drainville a indiqué que le diocèse avait décidé de commencer à fermer des églises, à vendre des propriétés et à réinvestir les recettes il y a environ huit ans dans une période où il perdait des centaines de milliers de dollars par année.

Rien n’est encore très solide, mais il y a place à l’optimisme dix ans plus tard.

Le trésor du diocèse a affirmé dans un rapport, en novembre, que bien que des problèmes de dettes et de liquidités demeuraient, les fonds communs de l’église avaient progressé de 8,6 millions $ en 2008, à 17 millions $ l’an dernier. Le diocèse espère atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2017.

En 2014, le territoire du diocèse — un secteur incluant la ville de Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke — comptait seulement environ 4000 paroissiens actifs.

Sans ces investissements, le diocèse de Québec, fondé en 1793, serait disparu, a dit M. Drainville.

“Je vois l’église comme une communauté de gens qui ont profondément à coeur comment nous vivons et comment nous partageons nos ressources, et les investissements doivent entrer dans toutes ces considérations”, a-t-il fait valoir.

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