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Rapport Gagné: les acériculteurs manifestent

MONTRÉAL – Les producteurs de sirop d’érable ont été nombreux à manifester devant l’Assemblée nationale à Québec, mardi, reprochant à un rapport commandé par le gouvernement de vouloir ramener les producteurs «40 ans en arrière», dans l’insécurité financière et l’incertitude.

Le rapport Gagné, dévoilé la semaine dernière, recommande principalement de mettre fin au contingentement dans le secteur du sirop d’érable et d’ouvrir davantage l’industrie au libre marché.

Son auteur, Florent Gagné, y affirme que l’industrie acéricole du Québec, qui a déjà représenté 80 pour cent du marché mondial, est maintenant rendue à 70 pour cent. Et elle perdra une autre part de 10 pour cent au profit des Américains, d’ici quelques années, si certaines contraintes ne sont pas levées, selon M. Gagné.

La Fédération des producteurs acéricoles du Québec, qui gère les stocks de sirop d’érable, conteste même ces chiffres avancés par le rapport Gagné. Elle assure que la part de marché de l’industrie québécoise est plutôt de 75 pour cent et qu’elle a toujours fluctué de quelques points au fil des ans.

Le regroupement de producteurs de sirop d’érable reproche à M. Gagné de vouloir «mettre le feu» à l’industrie, de ramener les producteurs à une époque passée, dans l’insécurité financière et l’incertitude quant à leurs ventes.

«Les producteurs, avant la mise en marché collective, on était vraiment dans un marché complètement libre — on parle des années 1980-1990. L’offre et la demande régissaient 100 pour cent du prix, ce qui faisait en sorte qu’il y avait une instabilité et une incapacité de développer le milieu acéricole. Le prix, une année, était de 1 $ la livre et l’année suivante, il était à 2 $, puis il revenait à 1 $. On était vraiment dans un marché qui stagnait et qui ne se développait pas», a relaté au cours d’une entrevue Simon Trépanier, directeur général de la Fédération des producteurs acéricoles.

«Les producteurs ont dit à l’époque: ‘il faut vraiment se doter d’outils pour faire en sorte d’approvisionner les acheteurs de façon équitable, de façon conséquente et organisée pour que ça puisse se développer’. Et c’est exactement ce qui s’est passé», a soutenu M. Trépanier.

Il réfute donc les affirmations de M. Gagné voulant que ce soit le système actuel, avec ses règles, qui empêche l’industrie de croître davantage.

M. Trépanier affirme que la fédération voudrait développer davantage d’entailles d’érables, mais que c’est la Régie des marchés agricoles qui tarde à donner son approbation.

Il soupçonne quelqu’un d’avoir intérêt à démontrer que le système actuel ne fonctionne pas et de se servir ensuite de cet argument pour modifier les règles, pour des raisons idéologiques de libéralisation des marchés.

Et il montre du doigt le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis. «Il y a quelqu’un à quelque part qui semble vouloir que ça ne se développe pas, pour démontrer que le système ne fonctionne pas», a-t-il opiné.

De son côté, le ministre Paradis s’est porté à la défense du rapport Gagné, affirmant que le modèle actuel de mise en marché du sirop d’érable, il «faut l’ajuster, le libéraliser, le modifier», sinon les producteurs américains gagneront du terrain aux dépens de ceux du Québec.

M. Paradis a réfuté les reproches de la fédération voulant que M. Gagné propose de mettre le feu à l’industrie, ajoutant qu’il proposait tout de même de conserver l’agence de vente et la réserve stratégique de sirop d’érable, qui permettent de stabiliser les prix.

«La solution de facilité serait de tabletter» le rapport, ce qu’il n’a pas l’intention de faire, a-t-il ajouté. Il s’est néanmoins dit ouvert à continuer les discussions.

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