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Nouveau programme de prévention contre l’exploitation sexuelle

LAVAL, Qc – Québec annonce un nouveau programme intitulé «Prévention Jeunesse» dans le cadre de la lutte contre l’exploitation sexuelle des jeunes et, de manière plus générale, contre les divers phénomènes pouvant mettre à risque la sécurité des jeunes.

L’objectif du programme est de fournir une structure pour coordonner les efforts de différents acteurs impliqués dans la prévention afin de leur permettre d’intervenir de manière urgente et immédiate dans des situations problématiques impliquant des jeunes.

«L’objectif (…) est d’accompagner les intervenants locaux en instaurant un corridor de service permettant non seulement un meilleur échange d’information, mais aussi la prise en charge rapide de nos jeunes vulnérables ou des victimes», a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, en procédant à l’annonce du programme, mardi à Laval, où un premier projet-pilote sera instauré.

Pour l’instant, le programme est doté d’une enveloppe de 3 millions $ sur cinq ans et prévoit la mise sur pied de cinq projets-pilote, dont seulement celui de Laval est déterminé pour le moment. Chaque projet aura donc droit à une enveloppe de 125 000 $ par année sur cinq ans.

L’argent servira notamment à l’embauche d’un coordonnateur qui viendra chapeauter une équipe regroupant des policiers, des spécialistes du milieu juridique, des centres jeunesse, des maisons de jeunes et du milieu scolaire ainsi que des organismes communautaires oeuvrant dans ce domaine.

Le ministre Coiteux a précisé que cette enveloppe pourrait être bonifiée au besoin et qu’il ne s’agissait que d’une étape dans les efforts de son gouvernement.

«On travaille sur un plan beaucoup plus global d’intervention dans le domaine des violences faites aux femmes et notamment de l’exploitation sexuelle. Tout ça va s’arrimer ensemble pour un programme qui va être beaucoup plus global. Il fallait commencer avec quelques chose qui est demandé par le milieu qui va permettre de démarrer tout de suite», a indiqué le ministre.

Le porte-parole péquiste en matière de protection de la jeunesse, Jean-François Lisée, a aussitôt réagi en dénonçant la timidité de cet effort, qualifiant l’investissement de 625 000 $ par année de minime.

«Ils ont coupé 21,1 millions $ dans le système et aujourd’hui, ils annoncent 625 000 $ par an pour cinq ans, a-t-il déclaré. On est loin du compte. Et il a fallu, pour ce réinvestissement bienvenu mais minime, une crise majeure, deux semaines de médiatisation importante.»

Le député de Rosemont a également fait valoir que le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a répété la semaine dernière sa demande d’obtenir des fonds additionnels pour la création d’une escouade mixte de lutte contre l’exploitation sexuelle, demande qui avait déjà été faite en 2014, sans succès.

«Ils n’arrêtent pas de le demander. Ils demandent des fonds pour faire cette escouade mixte. Le ministre n’avait rien à dire là-dessus aujourd’hui», a dénoncé M. Lisée, qui s’est également étonné du silence du ministre Coiteux sur la publicité pour les services sexuels sur Internet et ailleurs, une infraction criminelle contre laquelle il n’a pris aucune mesure.

La Coalition avenir Québec a fait écho aux critiques péquistes, notamment sur l’absence de réponse du ministre Coiteux aux demandes répétées du SPVM.

La porte-parole caquiste en matière de condition féminine, Nathalie Roy, a également dénoncé l’incohérence de la démarche, notant que Québec annonce un premier projet à Laval sans même attendre le rapport du vérificateur qu’il a mandaté pour revoir les procédures au centre jeunesse de Laval la semaine dernière.

Par ailleurs, Mme Roy s’est insurgée contre l’approche choisie par le gouvernement Couillard avec ce programme. «Face à cette crise, on ne trouve rien de mieux à faire que de pelleter le problème dans la cour des organismes communautaires et on leur dit: arrangez-vous», a-t-elle lancé.

«Je trouve que c’est indécent. Pour le moment, ce qu’on fait, c’est vraiment de la structurite aiguë», a-t-elle laissé tomber avec dérision en entrevue avec La Presse Canadienne.

«125 000 $ par année… ouf. Quand on sait que c’est pour l’embauche d’un coordonnateur pour mettre en place des opérations pour répondre aux besoins spécifiques, c’est dire aux gens qui sont en place: vous n’êtes pas capables de faire la job», a dit Mme Roy.

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