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CSeries: Anglade parle d'un seuil de 300 commandes

QUÉBEC – La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a fixé la barre plus haut que la société Bombardier, mercredi, quant au nombre de commandes fermes à atteindre d’ici le début des livraisons des appareils CSeries.

Mme Anglade a affirmé dans un échange avec la presse parlementaire que le seuil de 300 commandes était un minimum pour ce programme, dans lequel le gouvernement québécois va investir 1,3 milliard $ CAN.

En juillet dernier, le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, avait plutôt pris ses distances de cet objectif fixé par l’équipe de direction qui l’avait précédé.

Durant une conférence téléphonique sur les résultats financiers du deuxième trimestre du géant du transport, M. Bellemare avait déclaré qu’il n’était «pas sûr que c’est une cible en soi».

Alors qu’elle insistait mercredi sur l’importance de miser sur les avions de Bombardier plutôt que sur le maintien de centres d’entretien pour Air Canada, Mme Anglade a été sans équivoque.

Selon la ministre, l’atteinte de 300 commandes fermes pourra créer un effet d’entraînement important pour Bombardier, qui peine à trouver des clients.

«Il faut franchir le cap minimalement de 300 commandes au niveau des Séries C et on est très proches du résultat, a-t-elle dit. C’est important le cap du 300 pour pouvoir déjà créer ce « momentum ».»

Le carnet de commandes de la CSeries compte actuellement 243 engagements fermes, un chiffre qui passera à 288 quand Air Canada matérialisera sa lettre d’intention pour l’acquisition de 45 appareils.

Avec son investissement, une transaction qui est en voie d’être complétée, le gouvernement québécois disposera d’une participation de 49,5 pour cent du programme de nouvel avion de Bombardier.

Quand Air Canada finalisera son achat, le gouvernement renoncera à un recours juridique pour le maintien d’activités d’entretien de toute sa flotte à Montréal, en échange d’un engagement du transporteur à faire la révision des CSeries pendant 20 ans au Québec.

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont exceptionnellement fait front commun lors d’une conférence de presse, mercredi, aux côtés d’anciens employés d’un sous-traitant du transporteur aérien, congédiés en 2012.

L’ancien représentant syndical des travailleurs d’Aveos, Jean Poirier, a affirmé que le gouvernement québécois n’aurait pas dû s’entendre avec Air Canada pour que l’entreprise suspende sa demande d’appel devant la Cour suprême.

Selon M. Poirier, cette décision entre en contradiction avec les propos de M. Couillard, qui a répété depuis la semaine dernière que Québec ne renoncerait à sa poursuite que si Air Canada officialise l’achat de 45 avions CSeries.

«Vous avez vu le même texte que moi, comme quoi ils ont arrêté, qu’ils suspendent les procédures jusqu’au mois de juillet, a-t-il dit. Puis M. Couillard dit que non, on n’arrête pas les procédures, on est encore en train de regarder ça. Pour moi, c’est de la contradiction totalement.»

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a affirmé que M. Couillard gaspille ses munitions alors que deux tribunaux ont déjà rendu des décisions favorables à Québec, selon qui Air Canada doit maintenir ses activités d’entretien à Montréal.

«Alors, nous avons la démonstration hors de tout doute que ce sont des « peewee » en matière de négociation, a-t-il dit. (…) Vous n’abandonnez pas des munitions qui vont justement vous amener à la table de négociation avec davantage de leviers.»

Le chef caquiste François Legault croit que Québec aurait intérêt à tout tenter pour faire valoir les jugements qu’il détient plutôt que de miser sur un engagement d’Air Canada de faire l’entretien de ses appareils de la CSeries à Montréal.

«Ça se peut qu’il y ait zéro emploi, a-t-il dit. Pourquoi sacrifier 1800 emplois de qualité, avec un jugement clair, pour du vent, pour du vent? Donc, moi, je comprends ces gens-là d’être en colère contre Philippe Couillard actuellement.»

Avant de se rendre à la période des questions, M. Couillard a accusé les partis de l’opposition de manipuler les travailleurs, dont plusieurs étaient des employés d’Air Canada jusqu’à ce que le transporteur vende ses activités d’entretien, ce qui a mené à la création d’Aveos.

«Ce qui est triste dans cette histoire, et je ressens beaucoup de sympathie et d’empathie pour les travailleurs, les deux partis de l’opposition manipulent les travailleurs d’Aveos, a-t-il dit. Ils ne leur disent pas la vérité, on va leur dire la vérité.»

En chambre, M. Couillard a lancé un message aux ex-employés d’Aveos, au sujet de ses adversaires.

«N’écoutez pas ces porteurs de nuages», a-t-il dit.

Avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres, Mme Anglade a affirmé que le litige avec Air Canada avait été suspendu, devant la Cour suprême, sans toutefois être annulé.

«C’est suspendu pour permettre aux parties d’échanger et de trouver le terrain d’entente», a-t-elle dit.

Mardi, M. Couillard a indiqué qu’il ne revenait pas au gouvernement d’exiger des planchers d’emploi lorsqu’il transige avec des entreprises.

Bien que le souhait du gouvernement soit de créer 1000 emplois spécialisés dans l’entretien et la révision des CSeries, comparativement aux 1800 d’Aveos, Mme Anglade a fait valoir que la loi actuelle, qui oblige Air Canada à maintenir ces activités à Montréal, ne fixe pas le nombre de travailleurs.

«On nous demande de réclamer un plancher d’emploi mais même la loi ne réclame pas de plancher d’emploi», a-t-elle souligné.

La ministre n’a pas été en mesure de dire si, après deux décisions favorables devant des tribunaux inférieurs, le gouvernement québécois est en position d’en obtenir une troisième en Cour suprême.

«Je ne vais pas spéculer, je ne suis même pas avocate», a-t-elle dit.

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