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Congédiée pour homosexualité: des excuses du gouvernement serait «un message fort»

Photo: Collaboration spéciale

L’ouverture du gouvernement canadien à accorder le pardon aux personnes condamnées pour homosexualité avant 1969, alors que cette orientation sexuelle était considérée comme un crime, sont encourageantes, selon Martine Roy, militante contre l’homophobie en milieu de travail. Celle qui a été renvoyée de l’armée canadienne en 1985 pour cause d’homosexualité fait partie d’un regroupement qui réclame des excuses aux centaines de personnes ayant subi un sort similaire dans la fonction publique jusqu’en 1992. Entrevue.

Que vous est-il arrivé lors de votre passage dans les Forces armées canadiennes?
Je suis entrée à 19 ans, en 1983, comme assistante médicale. Je n’étais pas tellement certaine de mon orientation sexuelle et je ne sais pas exactement comment ils ont eu des doutes. Peut-être que quelqu’un a donné mon nom, parce que la dénonciation était encouragée. Après plus d’un an, j’ai été arrêtée et amenée à un endroit que je n’avais jamais vu dans la base militaire. Pendant cinq heures, des membres de l’armée m’ont posé des questions très personnelles sur mes relations sexuelles. Ils m’ont laissé partir. Plus tard, j’ai été obligée de suivre des évaluations avec un psychiatre, qui devait déterminer si j’étais «normale» ou «anormale». Quelques mois après avoir signé un contrat de trois ans en tant que recherchiste en communication, on m’a annoncé que j’étais congédiée. Il faut dire que c’était écrit noir sur blanc dans la loi militaire que l’homosexualité était condamnable au même titre que l’inceste et le viol. Leur argument était que les personnes homosexuelles étaient moins «fiables».

Comment vous êtes-vous sentie?
Très affectée. Je m’étais joint aux Forces armées pour aider mon pays et l’entraînement est très dur. Après avoir travaillé si fort, je suis fait congédier pour quelque chose qui n’a aucun rapport avec mes compétences. Pendant dix ans, je me suis cherchée, j’avais peur d’être discriminée, j’ai vécu dans le placard jusqu’à ce que je découvre IBM, une entreprise très ouverte à la diversité. C’est ce qui m’a sauvé. Je connais des gens qui se sont suicidé ou qui n’ont pas été capables de revenir au travail après une expérience comme la mienne.

Pourquoi des excuses du gouvernement sont-elles importantes?
Même s’il y a eu une évolution, il y a encore du travail à faire pour faire changer les mentalités dans l’armée. Ce ne sont pas juste les lois qui peuvent changer les choses sur le terrain. Quand des marins gais s’embrassent publiquement, comme c’est arrivé récemment, ça peut aider leurs collègues à être plus ouverts. Le jour où le gouvernement va s’excuser, ça va envoyer un message fort, ça va sensibiliser. Ça va aussi faire du bien à ceux qui ont subi cette injustice.

Note de la rédaction: Cela fera trente ans le 4 mars prochain que le gouvernement canadien a annoncé que les employés ne seraient plus renvoyés de la fonction publique canadienne en raison de leur orientation sexuelle. Les Forces armées canadiennes, ont alors demandé une exemption et continué cette discrimination institutionnalisée jusqu’en 1992.

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