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Couillard lance un appel à la raison

QUÉBEC – Le premier ministre Philippe Couillard a mis en garde, mardi, contre les dérives irrationnelles dans le débat sur le dossier du projet d’oléoduc de TransCanada.

M. Couillard a lancé cet appel au lendemain de l’ouverture des audiences sur les impacts du projet Énergie Est, qui a été marquée par des perturbations de manifestants, à Lévis.

La première séance du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a été suspendue pendant une vingtaine de minutes, lundi soir, à la suite de cette manifestation d’opposants.

Leur intervention est survenue au moment où des représentants de TransCanada présentaient le projet aux commissaires du BAPE.

À l’Assemblée nationale, mardi, M. Couillard s’est érigé contre les interventions irrationnelles qui pourraient marquer les débats dans ce dossier.

Dans un échange avec la presse parlementaire, avant une réunion des députés libéraux, le premier ministre a lancé un appel à la raison.

«Je dirais qu’il faut avoir un débat rationnel et raisonné là-dessus, a-t-il dit. Je ne crois pas que ça aide d’avoir des manifestations qui bloquent le droit de parole des gens, qui sont agressives, d’un côté ou de l’autre.»

Alors que les invectives ont fusé lundi entre opposants et partisans du projet, pendant l’interruption de la séance du BAPE, M. Couillard a également servi sa mise en garde à ceux qui voudraient manifester pour le projet.

«(Lundi) ce qu’on a vu c’est des gens opposés au projet manifester très fortement. Je pense que si des gens favorables au projet manifestaient aussi fortement, ça ne serait pas bien accueilli par l’autre côté, a-t-il dit. Alors on a besoin d’un débat rationnel et respectueux.»

Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Bonnardel, a également dénoncé les perturbations de lundi soir, en marge d’un exposé sur les attentes budgétaires caquistes.

«Ce sont des gens mal élevés qui étaient présents (lundi) pour le BAPE, a-t-il dit. Ces gens n’ont pas à faire ça. Les gens qui étaient présents voulaient discuter, voulaient avoir des réponses à leurs questions.»

En Chambre, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a accusé le gouvernement d’amorcer les travaux d’évaluation du projet d’oléoduc de 4600 km, qui doit relier l’Alberta et la Saskatchewan au Nouveau-Brunswick, sans toutes les informations nécessaires.

«Dans le fond, c’est un BAPE de façade pour sauver les apparences, a-t-il dit. C’est donc sans avis de projet, sans étude d’impact que les travaux du BAPE ont commencé.»

M. Couillard a répondu en faisant valoir que le gouvernement a amorcé un recours juridique pour forcer l’entreprise à se conformer à ces exigences.

Le premier ministre a également souligné les contradictions de M. Péladeau, qui a affirmé la semaine dernière que la position du PQ, contre le projet de pipeline, pourrait changer.

«Je ne sais toujours pas, et personne ne sait quelle est la position du chef de l’opposition officielle sur ce projet, a-t-il dit. Je pense qu’il essaie de conserver une possibilité de sortie de tous les côtés, alors que plusieurs membres de son caucus ont exprimé clairement, Quik aux fraises ou pas, une opposition complète au projet.»

Par ailleurs, M. Couillard a indiqué qu’il n’avait eu aucun échange avec son prédécesseur Jean Charest qui, à titre de conseiller en communications de TransCanada, serait intervenu auprès du cabinet du premier ministre Justin Trudeau.

«Je n’ai pas parlé avec M. Charest d’Énergie Est», a-t-il dit.

M. Charest a évoqué la possibilité d’organiser une rencontre entre TransCanada et M. Trudeau lors d’une conversation avec un membre de son cabinet, a rapporté la semaine dernière The Globe and Mail.

Lors d’un point de presse, avant la période des questions, M. Péladeau a rappelé que les interventions de M. Charest s’ajoutent aux activités de lobbyisme d’un membre du Parti libéral du Québec, Patrice Ryan.

«Les illustrations sont malheureusement trop nombreuses pour ne pas conclure autre chose, que c’est le festival du lobbyisme à l’intérieur du gouvernement et du Parti libéral», a-t-il dit.

Le chef caquiste François Legault, ouvert au projet d’oléoduc, a déclaré que le mandat de M. Charest montre que les prises de positions environnementales de M. Couillard, notamment concernant le pétrole sur l’île d’Anticosti, ne sont pas partagées de tous les libéraux.

«M. Couillard est en train de s’embarquer dans une trajectoire qui est très différente de l’ADN du Parti libéral, donc j’ai hâte de voir la suite», a-t-il dit.

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