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L’enseignement de l’histoire inquiète des anglos

MONTRÉAL – Certains anglophones du Québec estiment que le nouveau programme d’enseignement de l’histoire au secondaire ignorera la contribution des non-francophones à l’histoire de la province.

La réforme, amorcée par le gouvernement du Parti québécois en 2014, est le fruit d’un rapport publié par les universitaires Jacques Beauchemin et Nadia Fahmy-Eid. Cette réforme avait ensuite été suspendue par les libéraux à leur arrivée au pouvoir mais elle avait été finalement relancée par le ministre Yves Bolduc.

Des projets pilotes se déroulent dans quelques écoles secondaires et le gouvernement espère que le programme sera enseigné en septembre dans tout le réseau — du moins en troisième secondaire.

John Commins, qui enseigne l’histoire à l’école secondaire Perspectives II, à Montréal, a été membre d’un comité qui avait contribué à l’élaboration, en 2003, du programme actuel. Il estime que le nouveau programme ignore les anglophones du Québec et la contribution des autres minorités, et que les étudiants anglophones et allophones ne se sentiront pas adéquatement représentés.

Selon lui, les francophones sont décrits comme une communauté monolithique en conflits perpétuels avec le reste du Canada. Par contre, les allophones seraient absents de ce programme: il n’y aurait aucune référence aux communautés grecque ou italienne, par exemple, mais plutôt des allusions à l’immigration en général, estime l’enseignant.

Le contenu du nouveau programme est entouré du plus grand secret — ceux qui l’on consulté auraient juré de garder le silence, selon M. Commins.

Bryan St-Louis, porte-parole au ministère de l’Éducation, a indiqué que le gouvernement refusait de commenter le contenu du nouveau cursus parce qu’il n’est pas encore public et qu’il pourrait encore être modifié. Ce sera au nouveau ministre, Sébastien Proulx, de confirmer la mise en place officielle du nouveau programme dans tout le réseau, a indiqué M. St-Louis.

Jack Jedwab, vice-président exécutif de l’Association d’études canadiennes, admet que l’enseignement de l’histoire fait toujours l’objet de débats enflammés, et le Québec n’y fait pas exception, avec les nationalistes «orthodoxes» et «modérés».

«Je crois que dans ce cas-ci, ce sont les modérés qui ont perdu», a estimé M. Jedwab, qui connaît le nouveau programme. «On aurait pu s’attendre à ce que l’actuel gouvernement (libéral) soit plus enclin à adopter la position modérée.»

M. Commins suggère qu’il serait peut-être temps pour la communauté anglophone d’exiger de pouvoir enseigner son propre programme d’histoire dans certaines écoles du Québec, comme le font les Franco-Ontariens ou certaines communautés des Premières Nations, a-t-il soutenu.

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