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Anticosti: le PQ salue le recul de Couillard

QUÉBEC – Le premier ministre Philippe Couillard revient à la raison après s’être opposé aux forages par fracturation hydraulique sur l’île d’Anticosti, a souligné lundi le Parti québécois.

Le député péquiste Alain Therrien, porte-parole en matière d’énergie et ressources naturelles, a salué l’ouverture de M. Couillard à la prochaine étape du programme d’exploration d’hydrocarbures, dont le gouvernement est un partenaire financier.

Dans une entrevue téléphonique, M. Therrien a estimé que le recul de M. Couillard est un geste exceptionnel illustrant que sa position était indéfendable.

«La bonne nouvelle là-dedans c’est qu’il a pris conscience de l’erreur extrêmement grave qu’il a faite, ce qui est rare chez lui, a-t-il dit. Donc ça c’est une victoire en soi parce que je pense que c’est une des premières fois qu’il recule à la suite d’une erreur aussi importante qu’il a faite.»

La semaine dernière, le cabinet de M. Couillard a indiqué qu’il respectera le contrat sur l’exploration d’Anticosti, qui prévoit trois forages par fracturation hydraulique.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a affirmé de son côté que le «malaise» de M. Couillard se limiterait à une éventuelle exploitation d’hydrocarbures sur l’île du golfe Saint-Laurent.

Un porte-parole du premier ministre a expliqué que M. Couillard éprouverait un malaise devant un recours «à grande échelle» à la fracturation, une méthode de forage controversée qui nécessite l’injection de produits chimiques dans le sol.

Cette position contraste avec les déclarations de M. Couillard, en février, quand il s’était engagé à «tout faire» pour empêcher ce procédé à Anticosti, a relevé M. Therrien lundi.

«Il était dans une situation qui était indéfendable par rapport au milieu des affaires et je suis convaincu que dans son gouvernement, les gens l’ont rappelé à l’ordre pour lui dire que ça n’avait pas de maudit bon sens ce qu’il faisait», a-t-il dit.

M. Couillard avait cédé à l’émotivité lorsqu’il a pour la première fois décidé unilatéralement, en décembre dernier à Paris, de prendre ses distances du projet d’exploration, à l’occasion du sommet des Nations unies sur les changements climatiques, a indiqué le député péquiste.

«C’est les émotions qui parlaient, a-t-il dit. En politique, le premier ministre du Québec n’est pas payé pour y aller de ses émotions, il est payé pour prendre des décisions intelligentes qui vont dans le sens de l’amélioration du niveau de vie de sa collectivité.»

Selon M. Therrien, l’opposition de M. Couillard à la fracturation hydraulique, prévue au contrat qui lie le gouvernement, aurait nui à la crédibilité du Québec dans les cercles d’affaires.

«C’est une erreur grave, les gens n’ont pas saisi à quel point c’était important comme erreur, de menacer une entreprise de briser un contrat parce que lui considère que Anticosti c’est beau», a-t-il dit.

En février, Pétrolia a déposé au ministère de l’Environnement une demande d’autorisation réglementaire pour passer à l’étape des trois forages par fracturation.

Devant l’opposition de M. Couillard, qui a également affirmé que les fonctionnaires obéiraient à ses ordres, l’entreprise avait exprimé des craintes que le processus administratif soit «vicié».

Lundi, M. Therrien a enjoint le premier ministre à dissiper toute ambiguïté qui pourrait persister sur son influence dans le processus d’émission du certificat réclamé par Pétrolia.

«Il devrait dire que, hors de tout doute raisonnable, il n’ira pas s’immiscer dans le processus commencé par Pétrolia pour obtenir son certificat, a-t-il dit. Qu’il s’engage solennellement.»

Lundi, le groupe écologiste Nature Québec a invité M. Couillard à ne pas banaliser l’impact environnemental de trois forages par fracturation hydraulique, prévus cet été.

Lors d’une entrevue, le directeur général de Nature Québec, Christian Simard, a observé un changement dans les déclarations de M. Couillard.

«Le gouvernement semble vouloir acheter la paix pour l’été prochain, au détriment de l’hydrologie fragile des rivières d’Anticosti, a-t-il dit. On aurait espéré que le premier ministre maintienne la voie qu’il avait tracée et qu’il ne cède pas aux pressions de Pétrolia. On est déçu de cette décision.»

Selon M. Simard, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, doit refuser l’émission du certificat d’autorisation réclamé par Pétrolia pour ses trois forages prévus l’été prochain.

«Il y a des impacts à la fracturation hydraulique, a-t-il dit. Et d’avoir ces impacts, alors qu’on n’a pas l’intention d’aller de l’avant, c’est des impacts qui sont selon nous injustifiables et on espère que le ministère de l’Environnement n’émettra pas de certificat d’autorisation. Il a le droit de le faire.»

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