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Le ton monte à l'Assemblée nationale

Quebec Second Opposition Leader Francois Legault questions the government over political parties public financing and the corruption charges that were laid against former deputy premier Nathalie Normandeau, Wednesday, March 23, 2016 at the legislature in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot Photo: Archives | Jacques Boissinot/La Presse Canadienne

QUÉBEC – Le Parti libéral du Québec s’est fait traiter de «pourri», mercredi, tandis que l’impartialité du président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a été remise en question.

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a ouvert le bal, en Chambre, en laissant tomber que le PLQ était un «parti de pourris».

Ses propos prononcés hors-champ ont été captés par les micros du Salon bleu durant la période des questions, mais M. Legault a récidivé par la suite, lors d’un point de presse.

«Il y a de l’argent sale qui est au Parti libéral donc on peut dire que le Parti libéral est pourri», a-t-il dit.

Mercredi, la CAQ a demandé aux libéraux de mettre de côté la totalité du financement politique reçu entre 1998 et 2011 par l’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau, arrêtée la semaine dernière par l’Unité permanente anticorruption (UPAC).

M. Legault veut empêcher les libéraux de faire la prochaine campagne électorale avec cette somme de 1 million $, en soutenant qu’une partie provient de dons présumés illégaux.

Selon le chef caquiste, le premier ministre Philippe Couillard doit accepter de rembourser les sommes potentiellement illégales au-delà de la période de prescription prévue à la loi électorale, qui est actuellement de cinq ans.

«On est dans une situation où un parti a récolté beaucoup d’argent de façon illégale, a-t-il dit. Il y a des accusations qui sont tombées, il y a une vice-première ministre qui a été arrêtée jeudi dernier, mais malgré cela, on a un chef du Parti libéral qui nous dit: moi je ne rembourserai pas l’argent avant 2011.»

En sortant du conseil des ministres, le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a renvoyé à M. Legault le qualificatif de «pourri» en rappelant que le chef caquiste avait un objectif de 100 000 $ de contribution lorsqu’il était ministre de la Santé dans un gouvernement péquiste.

«M. Legault a fait la même chose, il était ministre de la Santé, il faisait des cocktails avec le pharmaceutique et il collectait 100 000 $, a-t-il dit. Il nous accuse de ce qu’il est.»

M. Legault s’est défendu en affirmant qu’il n’avait «jamais donné de contrat en échange d’une contribution politique, c’est ça qui est la grosse nuance».

«Mes amis me finançaient parce qu’ils avaient confiance que je pouvais changer les choses en politique, que je pourrais relancer l’économie du Québec», a-t-il dit.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a utilisé les mêmes termes que M. Legault, lors d’un point de presse où il a estimé à 20 millions $ la valeur des contributions illégales reçues par le PLQ depuis 1996.

«Un parti qui a obtenu un financement illégal, possiblement autour de 20 millions $, qui ont coûté combien de centaine de millions ou milliards aux Québécois, on ne le sait pas parce qu’il y a des contrats qui ont été truqués à cause de ça, ça s’appelle un parti pourri», a-t-il dit.

M. Legault a laissé tomber que les libéraux étaient pourris en Chambre, alors que les représentants de l’opposition se heurtaient aux limites imposées par le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, dans leur débat concernant les retombées de l’arrestation de Mme Normandeau.

M. Chagnon a invoqué à plusieurs reprises les dispositions de l’article 35 du règlement de la Chambre, qui interdit aux députés de «parler d’une affaire qui est devant les tribunaux».

Selon M. Fournier, les interventions en Chambre de M. Chagnon sont justifiées afin de protéger l’intégrité des procédures judiciaires.

«Si un parlementaire vient qualifier des procédures, interpréter des procédures, il risque de provoquer un avortement de procès, a-t-il dit. Il risque de s’impliquer dans un processus judiciaire et c’est impossible dans notre ordre à nous.»

M. Khadir a affirmé que les interventions de M. Chagnon, qu’il a rapproché de celles des leaders du gouvernement, nuisent à sa confiance envers la présidence de la Chambre.

«Il y a des choses qui minent ma confiance, a-t-il dit. Quand je vois le président se lever avec le même empressement que le leader de du Parti libéral ou son adjoint, ça crée un malaise. Il faut surmonter et balayer ce malaise.»

Québec solidaire a écrit à M. Chagnon afin d’exiger un avis juridique indépendant pour administrer les débats en fonction de l’article 35.

«La présidence est trop prudente, sous la pression probablement du parti au pouvoir, a-t-il dit. Et la présidence n’a pas à plier devant le parti au pouvoir. Pour être au-dessus de cette perception, la présidence devrait appuyer ses décisions sur un avis juridique d’un expert indépendant.»

M. Legault a demandé une rencontre avec M. Chagnon afin d’éclaircir son interprétation des règles parlementaires à ce sujet.

«Ça n’a pas de bon sens qu’on ne puisse pas poser de questions sur Nathalie Normandeau, sur l’argent qui a été amassé illégalement par le Parti libéral parce que c’est devant les tribunaux», a-t-il dit.

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