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Pétrole et gaz: pas d'échéancier pour la fin du soutien

OTTAWA – Le gouvernement libéral reste muet sur son échéancier pour abolir les subventions aux énergies fossiles, au lendemain d’un budget qui a reconduit cette aide décriée par les groupes environnementaux.

Le gouvernement de Justin Trudeau se targue d’avoir présenté mardi le budget le «plus vert» jamais déposé à Ottawa, selon les mots de la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna.

Si les investissements pour la lutte aux changements climatiques et les technologies vertes ravissent en effet les écologistes, ils signalent cependant une ombre au tableau: les subventions aux combustibles fossiles sont maintenues.

Dans leur plateforme électorale, les libéraux s’étaient engagés à supprimer «graduellement les subventions accordées à la production de combustibles fossiles». Avec le budget, il est clair désormais que le début de cette réduction n’est pas pour cette année.

Interrogé sur le sujet à son entrée au caucus libéral, le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a indiqué que le «gouvernement avait choisi que ce n’était pas le moment approprié pour commencer ce processus».

Il n’a pas voulu spécifier s’il envisageait commencer la réduction de ces subventions avant la fin de l’actuel mandat libéral. «Prenons cela un budget à la fois», a-t-il lancé.

Le ministre a également rappelé que l’industrie pétrolière et gazière avait particulièrement souffert ces derniers temps avec la chute des prix. «Il y a tout plein d’enjeux qui sont importants dans les industries du pétrole et du gaz en ce moment, et le gouvernement veut exprimer son soutien à l’industrie de façons variées», a-t-il signalé.

Mais ce n’est que partie remise, selon sa collègue Mme McKenna, signalant que «la réalité, c’est que notre gouvernement est absolument engagé à le faire».

Les subventions aux combustibles fossiles ne sont pas chiffrées comme telles dans le budget, mais elles sont généralement estimées à environ 1 milliard $. Dans une étude de Oil Change International (OCI) parue en novembre, l’organisme évaluait les subventions fédérales à 1,6 milliard $ US pour l’année financière 2013-2014. À cela s’ajoutaient des subventions provinciales dépassant 1 milliard $.

En 2009, les pays membres du G20 se sont engagés à cesser à moyen terme les subventions «inefficaces» pour l’exploitation des énergies fossiles, dont le pétrole, le gaz et le charbon, en partie responsables des changements climatiques.

Selon Patrick Bonin, de Greenpeace, le problème est que le gouvernement n’a présenté aucun plan ou échéancier pour «rassurer» sur son intention véritable d’agir.

«C’est contre-productif de garder ces subventions-là en place. Ce sont des subventions qui vont aux compagnies les plus riches au monde, qui sont à la source du problème», a-t-il noté en entrevue.

Steven Guilbeault, d’Équiterre, abonde dans le même sens.

«On trouve ça tout à fait incohérent de continuer à financer ce secteur-là, un secteur qui est en perte de vitesse, a-t-il signalé. Plus on maintient des investissements dans ce secteur-là, plus on maintient artificiellement en vie ce secteur qui, de l’avis de tous, est voué à disparaître au cours des prochaines décennies.»

Dans le premier budget déposé par le ministre des Finances Bill Morneau, Ottawa s’est engagé à créer un fonds de 2 milliards $ pour assurer la transition vers une économie à faible émission de carbone, à partir de l’an prochain. Le fonds servira à financer les projets pour aider le Canada à atteindre sa cible de réduction des gaz à effet de serre.

Le gouvernement injecte par ailleurs 400 millions $ sur deux ans pour le développement des énergies propres.

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