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Morneau a-t-il oublié les enfants autochtones?

OTTAWA – La ministre fédérale des Affaires autochtones et du Nord réaffirme la détermination de son gouvernement à réviser tous les programmes d’aide pour les enfants autochtones, même si le budget déposé mardi ne semble pas, pour certains, refléter ces intentions.

Dans une entrevue accordée au lendemain du budget, Carolyn Bennett a par ailleurs indiqué, mercredi, que les Premières Nations devraient aussi un jour contrôler eux-mêmes leurs services d’aide à l’enfance.

Cindy Blackstock, présidente de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, dénonce depuis près de dix ans ce qu’elle qualifie de sous-financement chronique d’Ottawa dans les réserves à ce chapitre.

Les libéraux ont annoncé mardi, dans leur plan budgétaire, des investissements de 8,4 milliards $ en cinq ans pour l’amélioration des conditions de vie des peuples autochtones, notamment en matière d’éducation, d’infrastructures, d’eau potable et de logement social. Le gouvernement libéral prévoit ainsi consacrer 634,8 millions $ sur cinq ans aux services de soutien à l’enfance et à la famille, dans le but, dit-on, de prévenir plutôt que guérir.

Mais Mme Blackstock aurait souhaité que le gouvernement consacre 200 millions $ cette année seulement à l’aide à l’enfance pour les peuples autochtones. Son organisme ainsi que l’Assemblée des Premières Nations soutiennent qu’Ottawa viole la Loi canadienne sur les droits de la personne en n’offrant pas aux enfants autochtones la même qualité de services que pour la population en général.

Le Tribunal canadien des droits de la personne leur avait donné raison à la fin de janvier, et Ottawa a décidé de ne pas en appeler de cette décision. Or, Mme Blackstock soutient qu’en réservant cette année un budget de seulement 71 millions $ pour les soins aux enfants autochtones, le gouvernement ne respecte pas ses obligations juridiques, énoncées en janvier par le Tribunal des droits de la personne.

«Je ne sais même pas pourquoi je dois encore me battre là-dessus, soutient Mme Blackstock. Tout ce que je demande, c’est un traitement équitable pour ces enfants. Ça ne devrait pourtant pas être difficile pour un pays comme le nôtre! Pourtant, de voir à quel point il faut se battre, ça devient vraiment, vraiment décevant.»

Selon Mme Blackstock, le Tribunal des droits de la personne pourrait sommer le gouvernement de délier les cordons de sa bourse.

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, a aussi ajouté sa voix, mercredi, afin d’obtenir d’Ottawa plus d’argent pour les enfants autochtones et un réaménagement complet du système. «Ce n’est pas seulement une question d’argent, même si c’est un élément essentiel: les Premières Nations devraient obtenir le contrôle sur les services à l’enfance — non seulement dans les réserves, mais aussi hors des réserves.»

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