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Barrette demande des excuses à Legault

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne Photo: Jacques Boissinot / La Presse Canadienne
Patrice Bergeron - La Presse Canadienne

QUÉBEC – Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a demandé des excuses jeudi au chef caquiste François Legault après qu’il a traité le PLQ de «parti de pourris».

Il réagissait ainsi aux déclarations de mercredi de M. Legault, qui estime qu’«il y a de l’argent sale au Parti libéral et qu’on peut dire que ce parti est pourri».

Le premier ministre Philippe Couillard a soutenu pour sa part que le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a ainsi insulté des milliers de membres et bénévoles du PLQ.

La CAQ demande aux libéraux de mettre de côté la totalité du financement politique reçu entre 1998 et 2011 par l’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau, arrêtée la semaine dernière par l’Unité permanente anticorruption (UPAC). M. Legault veut empêcher les libéraux de faire la prochaine campagne électorale avec cette somme d’un million de dollars, en soutenant qu’une partie provient de dons présumés illégaux.

Gaétan Barrette a demandé à M. Legault s’il était pourri à l’époque où il avait été candidat caquiste, à la campagne électorale de 2012.

«M. Legault salit tout le monde et il me salit, moi, a déclaré M. Barrette dans un point de presse à la sortie de la séance du caucus libéral. (…) M. Legault, est-ce que je suis un pourri? Il est clair que M. Legault devrait s’excuser, ne serait-ce qu’auprès de moi. Croyez-moi, je n’ai pas changé, à part le look. Je suis devenu pourri par association?»

Le ministre a vigoureusement condamné les méthodes du chef caquiste, tout en ne se faisant pas d’illusion sur sa demande d’excuses.

«Le problème de François Legault, il est simple. C’est de la petite politique partisane que je pourrais qualifier de minable. On fait des procès d’intention. (…) Mais savez-vous quoi? Jamais il n’aura le courage de s’excuser», a-t-il dit.

Saumon politique

Quant à savoir pourquoi il s’est alors associé au chef caquiste quand il a fondé son parti, Gaétan Barrette a soutenu qu’il ne connaissait pas M. Legault sous cet angle. Selon lui, ce sont les antécédents péquistes du chef caquiste, ancien ministre du Parti québécois, qui refont surface.

«C’est son vrai visage qui ressort, a déclaré M. Barrette. Peut-être que c’est un saumon politique, il revient à sa source et sa source est péquiste. Et quel est le parti qui est le plus lourd dans ses insinuations? C’est le Parti québécois. C’est son côté péquiste qui revient à la surface.»

François Legault a laissé savoir jeudi en fin d’après-midi qu’il n’avait pas du tout l’intention de présenter des excuses. En entrevue téléphonique, son porte-parole, Guillaume Simard-Leduc, a rappelé que M. Barrette, candidat caquiste en 2012, avait lui-même exclu dans une entrevue télévisée de se joindre au PLQ en raison de l’aura de corruption qui entourait le parti.

Quant au premier ministre, il a dénoncé deux fois plutôt qu’une les commentaires du chef de la CAQ. Il y voit une insulte à l’ensemble des membres du parti.

«M. Legault a choisi son niveau de discours, et ce n’est pas le mien, a dit Philippe Couillard, jeudi matin, avant d’entrer à la séance de son caucus. Moi, je suis en politique pour débattre d’idées et de projets pour le Québec. Comme d’ailleurs les dizaines de milliers de membres, les bénévoles, les députés, que M. Legault a choisi d’insulter hier, c’est son choix.»

Selon le premier ministre, M. Legault contribue au cynisme de la population avec de tels propos, répondant ainsi à un sondage paru jeudi suggérant que la confiance des citoyens envers leurs élus est basse.

«Quand on a le niveau de langage que M. Legault a choisi hier (mercredi), on nourrit ça», a dit M. Couillard.

Par ailleurs, le premier ministre a défié quiconque de «trouver autre chose que des pratiques exemplaires» dans le financement actuel de son parti. Toutefois, il a refusé d’évoquer un remboursement des sommes si la cour conclut qu’il s’agissait de sommes recueillies illégalement.

À la période de questions en chambre, Philippe Couillard en a rajouté, en soutenant que M. Legault «avait choisi le caniveau», mais qu’en dépit des calculs électoralistes de la CAQ, «la population n’aime pas la boue».

Le chef caquiste a quant à lui rétorqué que les «Québécois aiment mieux quelqu’un qui est franc et honnête, que quelqu’un qui fait de belles phrases et essaie de donner des leçons».

En conférence de presse, en matinée, M. Legault a persisté tout en laissant entendre que l’opinion publique le soutenait pour avoir dit ce que de nombreuses personnes pensent.

«Ce que j’ai entendu hier, à peu près toute la journée, c’est: enfin quelqu’un qui ose dire ce qu’on pense», a-t-il justifié.

Le chef de la CAQ dénonce le fait que les libéraux se réfugient derrière le délai de prescription prévu de cinq ans pour ne pas rembourser les sommes qui pourraient avoir été collectées illégalement avant 2011.

«Ça veut dire que M. Couillard se distancie de Nathalie Normandeau puis Jean Charest, mais il veut garder l’argent qui a été collecté par Nathalie Normandeau puis Jean Charest», a-t-il dit.

Rappelons que la semaine dernière a été riche en excuses et en demandes d’excuses. Gaétan Barrette a lui-même dû présenter des excuses à la députée péquiste Diane Lamarre, après avoir laissé entendre qu’elle avait cautionné un stratagème de surfacturation des pharmaciens, lorsqu’elle était présidente de leur ordre.

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a présenté ses excuses à M. Barrette pour l’avoir traité de tartuffe, dans la foulée de l’affrontement Barrette-Lamarre.

Enfin, François Legault avait demandé des excuses à Philippe Couillard, qui l’avait accusé de souffler sur les braises de l’intolérance pour avoir remis en question la nouvelle cible d’immigration du gouvernement, fixée à 60 000 personnes par an.

Cependant, le premier ministre n’a pas répondu à sa requête.

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