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Une politique énergétique qui ménage la chèvre et une partie du chou

Photo: Chantal Levesque/Métro

La nouvelle politique énergétique du Québec cible une baisse de l’utilisation du pétrole de 40% d’ici 2030. Mais elle ne ferme pas la porte à l’exploitation du pétrole québécois.

«Ce que nous proposons, c’est un nouveau pacte énergétique», a déclaré jeudi le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand en présentant les quatre principales cibles de la nouvelle politique.

Outre la réduction de la consommation de pétrole de 40% d’ici 2030, le Québec veut éliminer l’utilisation du charbon, faire passer la part des énergies renouvelables de 48% à 61% de la consommation énergétique du Québec et augmenter de moitié la production de bioénergie, notamment la production de gaz à partir de la décomposition des déchets.

Le gouvernement ne ferme pas la porte à l’exploitation de pétrole québécois, contrairement à ce qu’avait pu laisser entendre le premier ministre Couillard lors de la Conférence de Paris sur le climat. «La fin des énergies fossiles n’est pas pour demain […] S’il advenait qu’un projet pétrolier ou gazier soit autorisé, le Québec exigerait des redevances, mais aurait aussi des exigences environnementales extrêmement strictes», a ajouté le ministre Arcand.

Si les plans d’action qui suivront la nouvelle politique seront présentés dans les prochaines semaines, le ministre de l’Environnement David Heurtel a profité du dévoilement de la politique pour annoncer la mise en place d’un projet pilote de stations services multicarburants (biocarburants, gaz naturel et électricité). «Nous sommes au début de la fin de l’ère des hydrocarbures», a-t-il déclaré.

Pour améliorer de 15% l’efficacité et l’innovation énergétique, le Québec mettra aussi en place un guichet unique administrant tous les programmes de subventions actuellement dispersés entre plusieurs ministères. Il disposera d’une enveloppe de 4G$ sur 15 ans.

La nouvelle politique a été globalement bien reçue par les groupes environnementaux. «Il est dommage toutefois de constater que Québec laisse toujours ouverte la porte à l’exploitation des hydrocarbures», a déclaré Steven Guilbeault, directeur principal d’Équiterre.

«Au-delà de la vision, des mesures concrètes doivent être prises dès maintenant, notamment pour transformer le secteur des transports qui consomme 75% du pétrole au Québec» a ajouté Jean-Patrick Toussaint. Or, l’objectif gouvernemental de 100 000 véhicules électriques sur les routes d’ici 2020 est loin d’être atteint, avec moins de 10 000 autos électriques actuellement sur les routes. Au contraire, les Québécois achètent de plus en plus de SUV, a souligné le spécialiste de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau sur les ondes de Radio-Canada.

Le secteur privé a lui aussi bien reçu les grandes orientations de la politique québécoise. La Fédération des chambres de commerce du Québec salue notamment le fait que le gaz naturel soit reconnu comme un important contributeur à la transition énergétique. Le PDG du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, a indiqué que son organisation «ne se questionnait pas tant les objectifs que sur l’échéancier et les moyens d’y parvenir. Puisque les entreprises ont déjà contribué pour beaucoup à la réduction globale de nos émissions de GES, le gouvernement du Québec se doit de prévoir des mesures de soutien», a-t-il déclaré.

 

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