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Uber: Québec écarte la solution de Toronto

FILE - In this Dec. 16, 2014, file photo a man leaves the headquarters of Uber in San Francisco. The ride-hailing company said Thursday, April 7, 2016 it will pay at least $10 million to settle a case in which California prosecutors alleged it misled passengers over the quality of its driver background checks. (AP Photo/Eric Risberg, File) Photo: AP

QUÉBEC – Le gouvernement Couillard écarte le scénario de Toronto pour régler le problème Uber.

La Ville de Toronto a annoncé jeudi qu’elle ouvrait la porte au controversé service de transport avec un régime sur mesure pour lui. Les règles seront plus souples pour UberX que pour l’industrie du taxi, ce qui a déclenché la colère des chauffeurs de taxi de cette ville.

Des manifestations de chauffeurs de taxi se déroulaient à Montréal et à Québec vendredi pour dénoncer les activités d’Uber. Elles ont visé l’aéroport Jean-Lesage à Québec, alors que du côté de Montréal, le cortège des protestataires s’est rendu au bureau du premier ministre Philippe Couillard, au centre-ville, en après-midi. Les manifestants ont fait sentir leur présence tout en respectant la loi et l’ordre, selon les corps policiers des deux villes. Aucun méfait ou débordement n’a été signalé.

Vendredi matin, le ministre des Transports, Jacques Daoust, a rappelé d’entrée de jeu qu’Uber demeurait illégal et que l’entreprise devra se plier, au nom de l’équité, au cadre réglementaire uniforme d’un projet de loi. Son dépôt était prévu pourtant à la fin de mars, mais il a été retardé parce que le ministre dit vouloir mieux tenir compte des enjeux des régions, auxquels il a été sensibilisé.

Jeudi, le conseil municipal de Toronto a proposé de nouvelles règles pour les services de transport de personnes. Le maire John Tory a dit qu’il voulait ainsi «faire passer les intérêts des résidants en premier». Les chauffeurs d’Uber devront contracter une assurance responsabilité, faire vérifier leurs antécédents judiciaires, et leurs véhicules devront avoir sept ans ou moins d’âge, à l’instar des taxis.

Toutefois, les permis pour Uber coûteront seulement 10 $ par chauffeur, en plus de 0,20 $ par course, il n’y aura pas de plafonnement du coût de la course et les véhicules devront être inspectés une fois l’an, alors que pour l’industrie du taxi, le permis coûte 290 $, les tarifs sont plafonnés et les véhicules doivent être inspectés deux fois l’an.

Jacques Daoust a été appelé à réagir en conférence de presse vendredi matin au compromis torontois. Il a mis l’accent sur l’illégalité de la multinationale Uber et sur l’équité qu’il recherchait pour les chauffeurs de taxi.

«UberX est une opération qui n’est pas légale, qui ne paie pas ses taxes et ses impôts, a d’abord rappelé le ministre des Transports, en marge d’une annonce sur des investissements routiers. Une opération qui est parallèle à un système de taxi avec un marché secondaire de permis, beaucoup de ces permis sont hypothéqués et ont été payés cher. Est-ce qu’on peut légitimement abandonner les chauffeurs de taxi en leur disant que cela ne vaut plus rien?»

M. Daoust a dit être préoccupé non pas par l’importance d’abolir Uber, mais plutôt soucieux de donner un «environnement égal à tout le monde» qui devra être respecté.

Le ministre a dû par ailleurs justifier les délais dans le dépôt du projet de loi, qui était prévu à la fin de mars. Il a expliqué que des vérifications supplémentaires devaient être effectuées avec le conseil des ministres avant de déposer la pièce législative, pour mieux tenir compte des préoccupations des régions et des personnes à mobilité réduite.

M. Daoust a donné en exemple des régions comme la Gaspésie où le transport collectif est parfois assumé par le taxi, mais où la valeur des permis est moins élevée qu’à Montréal ou Laval, et il faudra donc appliquer une «modulation».

«Le projet de loi est à quelques semaines d’être déposé. (…) Ça progresse à l’intérieur de la machine», a-t-il dit.

En entrevue téléphonique, la porte-parole du ministre, Mélissa Turgeon, a soutenu que le gouvernement était solidaire de la volonté de M. Daoust, contrairement aux échos rapportés dans certains médias, laissant entendre qu’il y avait des dissensions entre le ministre et le premier ministre Philippe Couillard.

Vendredi matin, la direction d’Uber au Québec a également fait une sortie publique. Le directeur général de l’entreprise, Jean-Nicolas Guillemette, s’est réjoui de la décision de Toronto. Il a appelé le gouvernement du Québec à emboiter le pas et à ne pas céder devant «l’intimidation du lobby des taxis».

«Si le ministre décide de protéger le monopole de l’industrie du taxi et de limiter les options de transports, il ira directement à l’encontre de la volonté de la population», a-t-il déclaré en conférence de presse à Montréal.

Les représentants de l’industrie du taxi n’ont pas tardé à riposter en accusant Uber de «désinformation». Le Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT), qui fait la guerre à Uber, a rappelé dans un communiqué que Toronto avait simplement déposé un projet de règlement qui était susceptible de changer au fil des débats.

«Ça prend un front de boeuf pour mentir de manière aussi éhontée, en s’achetant des sondages et en insultant les élus du Québec», a déclaré le représentant du CPCDIT, l’ancien ministre péquiste Guy Chevrette.

Le Comité provincial a déploré «l’inaction» du gouvernement qui laisse pourrir la situation et a annoncé des moyens de pression qui auront lieu dans les prochains jours.

Précisons que Uber prétend être un service de covoiturage urbain, alors que le gouvernement estime qu’il s’agit plutôt d’un taxi illégal, puisque dans un covoiturage, c’est le chauffeur qui choisit la destination et non le passager.

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