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NPD: Bien difficile lendemain de veille

Federal NDP leader Thomas Mulcair makes a speech during the 2016 NDP Federal Convention in Edmonton Alta, on Sunday April 10, 2016. THE CANADIAN PRESS/Jason Franson Photo: THE CANADIAN PRESS

OTTAWA – Douloureux lendemain de veille pour les élus néo-démocrates qui sont rentrés à Ottawa après un congrès où les militants ont montré la porte à Thomas Mulcair.

M. Mulcair ne s’est pas présenté aux Communes, lundi. Mais à une ou deux exceptions près, ses collègues députés étaient prêts à le garder comme chef, en attendant son successeur dans un ou deux ans.

C’est ainsi qu’ils ont choisi d’interpréter le geste de dimanche de manière très technique.

«La question était « est-ce qu’on veut une élection à la chefferie? ». Les délégués ont décidé ainsi. Mais notre chef reste notre chef. (…) Il est toujours chef du parti tant et aussi longtemps que son successeur n’est pas choisi. Alors, s’il veut continuer dans ce rôle, moi je l’appuie pleinement», a offert Peter Julian, député de Colombie-Britannique, à son arrivée aux Communes, lundi matin.

Cette compréhension des choses a été reprise en écho par presque tous ses collègues à leur arrivée en après-midi. Pierre-Luc Dusseault, député de Sherbrooke, faisait exception.

«Faut clarifier qui sera là par intérim. Est-ce que ce sera lui? Est-ce que ce sera quelqu’un d’autre?», s’est demandé M. Dusseault, croyant que la chose serait réglée au retour de M. Mulcair sur la colline, mercredi.

M. Dusseault n’était pas prêt à dire que M. Mulcair est le chef intérimaire qu’il faut. «Je n’ai pas encore fait mon idée sur cette question-là. Ça va être une discussion à avoir avec les membres de notre caucus pour savoir si cette situation-là serait l’idéal», a-t-il confié.

Don Davies, député de Vancouver-Kingsway, est l’autre élu qui exprimait des doutes, lundi. Quant à lui, le sort de M. Mulcair est en sursis.

«Vous savez, les chiffres veulent dire quelque chose», a insisté M. Davies, en soulignant les 48 pour cent d’appui obtenus par le chef néo-démocrate au vote de dimanche. «D’après moi, ce sera très difficile pour M. Mulcair de rester là jusqu’à l’élection du prochain chef dans un an et demi», a-t-il tranché, ajoutant qu’il veut discuter tout de suite du choix du chef intérimaire, pas convaincu que ce devrait être M. Mulcair.

Moins tranchant, le député montréalais Alexandre Boulerice pourrait tout de même se montrer impatient.

«Ce qui va se passer dans un an, c’est impossible de le dire. Ça va dépendre à quel point M. Mulcair est confortable de faire ce travail-là longtemps, à quel point le caucus est à l’aise avec ça, aussi», a-t-il dit en entrevue téléphonique, avant de conclure qu’il faudrait laisser M. Mulcair à son poste «pour les semaines qui viennent (…) jusqu’à au moins la fin de la session au moins de juin».

Dimanche, après avoir accusé le coup, M. Mulcair a déclaré qu’il resterait à la tête du NPD en attendant son successeur.

«C’est son choix. Je respecte son choix», a laissé tomber Roméo Saganash en se glissant dans l’antichambre des Communes.

«On a besoin d’une personne pour assurer la transition. Je crois qu’il est l’homme de la situation», a dit la députée de Jonquière, Karine Trudel.

«C’est à M. Mulcair de décider le temps qu’il souhaite rester. (…) Il y aura une course à la chefferie et dans l’intérim, je pense qu’on peut profiter de ses compétences», a jugé, de son côté, l’élu de Trois-Rivières, Robert Aubin.

M. Julian, qui milite dans le parti depuis 40 ans, a fait remarquer que les chefs néo-démocrates ont toujours continué à mener les troupes en attendant leur successeur. Et même si le geste posé par les militants au congrès d’Edmonton, dimanche, était une première pour le Nouveau Parti démocratique, il est convaincu qu’il n’est pas question, dans ce cas, de choisir un leader par intérim.

Des aspirants chefs?

La formation aura jusqu’à deux ans pour sélectionner un nouveau dirigeant. Alors que la poussière retombait à peine sur Edmonton, personne ne levait la main pour signaler son intérêt.

Un ancien candidat à la chefferie, Brian Topp, a annoncé sur sa page Facebook qu’il ne tenterait pas sa chance une seconde fois.

Tous les députés à Ottawa à qui la question a été posée ont soit rejeté pour de bon l’option, ou ont dit qu’ils ne réfléchissaient pas encore à ça.

Mais s’il n’y réfléchit pas encore, le député Boulerice annonce que cette réflexion, il va la faire avec l’aide de sa famille et de ses collègues. «On n’en est pas là aujourd’hui. Ça fait 24 heures à peu près qu’on a appris le résultat du vote. Alors, on va prendre le temps qu’il faut pour soupeser les choses», a-t-il affirmé.

Le député Julian qui, lui, n’a pas voulu parler de ses aspirations personnelles, a plutôt rappelé le récent passé de son parti — vague orange, décès de Jack Layton, élection de Thomas Mulcair, résultats électoraux décevants de 2015 — pour expliquer un certain essoufflement. «C’était cinq ans intenses d’action et je pense que (…) on mérite d’avoir une période de réflexion. Où on s’en va?», a-t-il fait valoir.

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