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Québec entend maintenir une démocratie scolaire

MONTRÉAL – Tout indique que des élections sous une forme ou une autre seront maintenues dans le cadre de la réforme de la gouvernance des commissions scolaires prévue au projet de loi 86, dont le contenu sera profondément revu si l’on se fie aux propos du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

De passage à Montréal, lundi, pour y annoncer des investissements dans la réhabilitation d’écoles délabrées, le ministre Proulx s’est réfugié derrière les nuances du projet de loi 86 pour expliquer ce changement de cap.

«Le projet de loi propose l’abolition des élections scolaires, a-t-il dit. Le projet de loi n’abolissait pas les élections. Il changeait la façon de tenir des élections et modifiait le type d’élections avec lequel on pouvait se retrouver. C’est là qu’il faut travailler.»

Il a reconnu que la vigoureuse opposition de la communauté anglophone avait pesé lourd dans cette révision de l’orientation originale, qui était d’abolir le scrutin, mais que les régions avaient également fait part de leur mécontentement.

«La communauté linguistique anglaise nous a dit ceci: ils étaient très attachés, effectivement, à leurs institutions. Il y a là un élément d’identité effectivement et il y a là un contrôle sur leurs institutions scolaires, mais ç’a été dit également dans les régions du Québec. Il y a un attachement à la démocratie», a précisé le ministre.

Sébastien Proulx a toutefois été très clair quant au fait qu’il n’a aucune intention de reléguer le projet de loi aux oubliettes, mais bien plutôt de bâtir sur ce qu’il considère être des éléments porteurs en appui à la réussite scolaire, tout en écartant les éléments qui suscitent la division.

Ces propos font écho à ceux du premier ministre Philippe Couillard qui, en entrevue au quotidien La Presse samedi, se disait désormais «en réflexion» sur cette question, ajoutant qu’il aimerait bien jumeler les élections scolaires aux élections municipales, bien que cette approche pose des problèmes logistiques évidents, notamment en matière de découpage de territoire.

Il s’agit d’un virage à 180 degrés par rapport à la position que défendait le premier ministre à l’automne, quand il estimait que le faible taux de participation ne justifiait plus la tenue d’élections. Bien que ce taux ne soit que d’environ 5 pour cent dans les commissions scolaires francophones, il dépasse les 17 pour cent pour les commissions scolaires anglophones, dont certaines brandissaient la menace de poursuites judiciaires advenant l’abolition de la démocratie scolaire.

Investissements immobiliers

Le ministre Proulx s’est présenté à l’école Saint-Nom-de-Jésus, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, pour y annoncer des investissements totalisant 367 millions $ dès 2016 pour la réfection et la réhabilitation d’écoles délabrées.

Cette école, construite en 1924, est fermée depuis octobre 2012 en raison de son état lamentable et ses quelque 130 élèves ont été relocalisés dans une autre école en attendant une réfection et son choix pour annoncer les investissements se voulait symbolique.

«Un endroit qui, aujourd’hui, lorsqu’on circule sur la rue, inspire de la gêne — j’avais même inscrit voire de la honte parfois — dans le quartier, a dit le ministre. Nous sommes ici dans une école qui n’en est plus une, non pas parce qu’il n’y a plus d’enfants qui pourraient la fréquenter, mais parce que son état ne permet plus de recevoir des enfants.»

La part du lion des sommes accordées par Québec, soit 127 millions $, ira aux écoles des cinq commissions scolaires de la métropole (CS de Montréal, CS de la Pointe-de-l’Île, CS Marguerite-Bourgeoys, CS English-Montreal, CS Lester-B.-Pearson). Ces cinq commissions scolaires ont déjà identifié près de 300 projets de réfection qui seront mis en chantier dès cette année.

À l’échelle provinciale, ce sont 1572 projets qui ont été autorisés par Québec pour l’entretien du parc immobilier scolaire en 2016, la somme de 367 millions $ provenant de l’enveloppe dédiée aux infrastructures.

La présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, s’est réjouie de l’annonce, bien qu’elle affirme que les sommes sont insuffisantes pour répondre à l’ensemble des besoins qui ont été engendrés par des années de négligence.

«Pendant des décennies, il y a eu peu d’investissements dans le parc scolaire québécois et on a fait face à une situation difficile dans les dernières années», a-t-elle indiqué lors de la conférence de presse, une évaluation partagée par le ministre Proulx.

«C’est clair qu’il faut faire le constat que, dans le passé, on n’en a pas fait suffisamment (…) À l’avenir, on ne doit plus se retrouver dans cette situation», a soutenu M. Proulx.

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