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Allocations professionnelles: les pharmaciens propriétaires critiquent Barrette

MONTRÉAL — Les pharmaciens propriétaires accusent le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, d’avoir renié sa promesse en retardant le déplafonnement complet de leurs allocations professionnelles.

Publié mercredi dans la Gazette officielle du Québec, le règlement modifié a fait bondir l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), qui compte forcer Québec à respecter son engagement.

“Nous allons examiner tous les moyens pour se défendre, a dit mercredi son président, Jean Thiffault, refusant d’entrer dans les détails. On n’écarte aucune option.”

À compter du 28 avril, le pourcentage de ristournes que les fabricants de médicaments génériques peuvent verser aux pharmaciens oscillera entre 25 et 30 pour cent d’ici la fin de l’année, pour ensuite être déplafonné pour deux ans et trois mois.

Or, l’entente de principe signée en juin 2015 entre les deux parties prévoyait un déplafonnement complet pour trois ans à compter de l’entrée en vigueur du règlement.

“Le ministre revient sur sa signature, a déploré M. Thiffault. Clairement, pour les pharmaciens du Québec, le lien de confiance est brisé.”

Le déplafonnement des montants versés par des fabricants de médicaments génériques devait permettre à Québec de récupérer 400 millions $ sur trois ans par l’entremise de ponctions dans les revenus des pharmaciens propriétaires.

Depuis 2012, le plafond des ristournes versées aux pharmaciens avait été fixé à 15 pour cent par le gouvernement provincial.

L’AQPP, qui attend ce règlement depuis 10 mois, accuse M. Barrette d’avoir procédé à une modification “unilatérale” de l’entente intervenue en juin dernier, qualifiant d’“affront” la démarche du ministre de la Santé.

Au cours d’un entretien téléphonique, M. Barrette a rejeté les accusations de l’AQPP, expliquant avoir apporté un changement pour tenir compte du projet de loi 81 visant à réduire le coût de certains médicaments.

Cette nouvelle législation permettrait à Québec de lancer des appels d’offres afin de conclure un contrat avec un fabricant pour certains médicaments.

“Les pharmaciens ont dit publiquement que la ponction (salariale) dans l’entente aurait été compensée si le plafond des ristournes était à 23 pour cent, a répliqué M. Barrette. Ça, c’est eux qui le disent. Moi je ne suis pas allé à 23 pour cent, mais à 25, puis 30 pour cent.”

L’AQPP a qualifié de “belle diversion” cette sortie du ministre de la Santé, affirmant que la donnée de 23 pour cent ne figurait dans aucun de ses documents officiels. L’Association a par ailleurs estimé à 82 millions $ le manque à gagner engendré par ce retard supplémentaire de neuf mois dans le déplafonnement des ristournes.

Elle a rappelé que les contraintes imposées par le gouvernement Couillard avaient forcé ses 2048 pharmaciens membres à licencier quelque 1000 employés depuis septembre dernier.

La décision de M. Barrette entraînera probablement d’autres pertes d’emplois, a prévenu le président de l’AQPP, ajoutant que ses membres avaient déjà remis 50 millions $ au gouvernement Couillard depuis l’automne.

“Les impacts vont être encore plus réels, a affirmé M. Thiffault. Les files d’attentes vont aussi être plus longues dans les pharmacies et les heures d’ouverture seront réévaluées.”

Le porte-parole péquiste en matière de services sociaux et de santé publique, Jean-François Lisée, a abondé dans le même sens, accusant au passage le ministre Barrette d’appliquer une politique du “deux poids, deux mesures”.

“Quand c’est pour les médecins, tout est bon, a dit M. Lisée. Quand c’est les pharmaciens, non. Les infirmières, non plus.”

Le président de l’AQPP a par ailleurs réfuté la thèse selon laquelle les pharmaciens pourraient davantage être à la merci des fabricants de médicaments génériques.

Questionné à ce sujet, M. Thiffault a répondu que les sommes reçues figuraient dans un registre fourni à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), ce qui, à son avis, est synonyme de transparence.

“Ultimement, les allocations, les pharmaciens n’y tiennent pas tant que cela, a-t-il ajouté. Ce qu’on souhaite, c’est de s’en éloigner le plus possible.”

Le président de l’AQPP estime que l’entente de trois ans conclue avec Québec devait également permettre de trouver un nouveau mode de rémunération pour les pharmaciens propriétaires.

Le Groupe Jean Coutu ainsi que l’Ordre des pharmaciens du Québec n’ont pas voulu commenter.

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