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Suicide assisté: le libéral Anthony Housefather devra relever un défi de taille

Photo: Jacques Boissinot

OTTAWA – Le député libéral Anthony Housefather était déjà sous pression depuis son élection dans la circonscription québécoise de Mont-Royal.

Son prédécesseur? Irwin Cotler, un député très respecté pour son travail en faveur de la justice et des droits de la personne qui a représenté la circonscription pendant 16 ans.

M. Housefather savait qu’il avait de grands souliers à chausser, même si, comme il aimait le dire à la blague, M. Cotler ne porte que du huit.

Mais la tâche qui l’attend maintenant promet d’accentuer encore plus la pression. Anthony Housefather est en effet le président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes, qui devra bientôt se pencher sur le controversé projet de loi du gouvernement libéral concernant le suicide médicalement assisté.

Faire en sorte que tous les acteurs aient le sentiment que leur voix a été entendue durant le débat sera un défi, a-t-il reconnu.

«De nombreuses valeurs sont impliquées et certaines pourraient entrer en conflit avec d’autres, a expliqué M. Housefather. Notre travail en tant que députés sera de nous assurer que tous ces conflits soient réglés et mon objectif est que tout le monde ait l’impression que c’est exactement ce que notre comité a fait.»

Anthony Housefather n’a pas encore accroché une seule photo aux murs de son bureau situé au rez-de-chaussée sur la colline parlementaire et n’aura probablement pas le temps de décorer dans les semaines à venir.

Le comité ne devrait pas recevoir le projet de loi avant mai et sera contraint de composer avec un échéancier serré puisque la nouvelle loi devra être promulguée d’ici le 6 juin afin de respecter le jugement de la Cour suprême ayant invalidé l’interdiction du suicide médicalement assisté, l’estimant inconstitutionnelle.

Travailler tard le soir, commencer tôt le matin et tenir cinq réunions par jour, toutes ces options sont sur la table, a indiqué M. Housefather, pour permettre au comité de terminer ses travaux avant l’échéance.

Un autre objectif est de rendre l’examen du projet de loi le moins partisan possible. L’un des moyens pour y parvenir sera d’élaborer une liste de témoins commune plutôt que de laisser chaque parti soumettre la sienne.

«J’espère que nous pourrons nous réunir et comprendre ce que chacun pense. Si nous ne réussissons pas à obtenir un consensus, au moins nous aurons essayé, nous saurons pourquoi nous avons échoué et nous respecterons le point de vue de chacun», a déclaré le député.

Anthony Housefather, qui est âgé de 44 ans, a un grand sourire et déborde d’énergie.

Il essaie de s’entraîner 90 minutes par jour et adore nager, lui qui a déjà fait de la compétition durant sa jeunesse et, plus récemment, participé aux Maccabiades, une variante juive des Jeux olympiques qui a lieu tous les quatre ans en Israël.

Mais sa voix baisse d’une octave lorsqu’on lui demande son opinion personnelle concernant le droit d’une personne à mettre fin à sa vie.

«Je crois en l’autonomie des individus et je crois que, de manière générale, les individus devraient avoir le droit de contrôler leur existence et dans certains cas spécifiques et limités, leur mort, a-t-il affirmé. Mais je crois que le but pour moi, c’est que très peu de personnes souhaitent se prévaloir de ce droit parce que nous aurons su créer un système de santé et de soins palliatifs qui assurent aux gens de finir leurs jours de façon naturelle sans souffrir constamment.»

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