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Québec prêt à aider Couche-Tard au besoin

MONTRÉAL – Le gouvernement du Québec est prêt à aider le président du conseil exécutif d’Alimentation Couche-Tard, Alain Bouchard, afin d’éviter la vente d’un autre fleuron du «Québec inc.», sans toutefois aller jusqu’à préciser les moyens qui pourraient être mis de l’avant.

L’homme d’affaires a semé l’émoi en évoquant la vente de la société, au cours d’une entrevue avec La Presse, si les actionnaires refusent de changer leur fusil d’épaule, ce qui entraînerait la fin des actions à droit de vote multiple en 2021. Par courriel, l’entreprise a refusé de commenter davantage les propos de M. Bouchard.

Cette déclaration a eu des échos jusqu’à l’Assemblée nationale, mercredi, où le ministre des Finances, Carlos Leitao, a assuré que Québec serait «toujours là» si M. Bouchard avait «besoin d’aide» afin d’éviter que la multinationale se retrouve sous contrôle étranger.

«En tant que gouvernement, nous regardons cela attentivement, a-t-il dit en mêlée de presse. Si l’actionnaire de contrôle a besoin d’une aide (…) du gouvernement, nous sommes-là.»

Le dossier du maintien des sièges sociaux a considérablement pris de l’ampleur sur la colline parlementaire depuis la vente des fleurons Rona (TSX:RON) à Lowe’s et, plus récemment, du Groupe St-Hubert à la société ontarienne Cara (TSX:CAO).

Une clause signée en 1995 prévoit la disparition des titres à 10 votes par action une fois que tous les fondateurs d’Alimentation Couche-Tard (TSX:ATD.B) auront atteint l’âge de 65 ans. Le plus jeune des quatre, Jacques d’Amours, fêtera son 65e anniversaire en décembre 2021.

Faute d’appuis, l’entreprise, dont la valeur boursière est de 33 milliards $, avait retiré à la dernière minute sa proposition visant à prolonger les modalités de ce statut lors de l’assemblée annuelle en septembre dernier.

Au cours de l’entrevue à La Presse, M. Bouchard, qui détient 38,94 pour cent de ces actions de catégorie A, a estimé que des actionnaires torontois de l’entreprise étaient en grande partie responsables de ce blocage.

La Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 26,9 millions d’actions de catégorie B, ou 6,42 pour cent, aurait voté en faveur du prolongement de la proposition.

Si l’institution prône une politique de six pour un en ce qui a trait aux actions multivotantes, elle était à l’aise avec le modèle de Couche-Tard en raison de sa solide performance.

De son côté, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a estimé que les actions multivotantes étaient «essentielles» pour le maintien de fleurons comme Couche-Tard et Bombardier (TSX:BBD.B) sous contrôle québécois.

Celle-ci n’a toutefois pas voulu dire précisément de quelle façon le gouvernement Couillard pourrait épauler l’entreprise.

«C’est au cas par cas, a dit Mme Anglade. Il faudrait s’asseoir avec les gros joueurs afin de prendre des décisions éclairées. Il faut trouver des formules pour garder le leadership au niveau québécois.»

Le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont pour leur part plaidé pour le déploiement rapide de mesures concrètes pour s’assurer de conserver les sièges sociaux au Québec.

Pour le chef péquiste Pierre Karl Péladeau, la fenêtre de cinq ans avant la fin des actions à droit de vote multiple est suffisante pour agir.

«Encore faudrait-il que le gouvernement, qui, théoriquement, devrait être au pouvoir jusqu’en 2018, comprenne les tenants et aboutissants du marché financier», a-t-il prévenu.

Selon M. Péladeau, il existe plusieurs moyens, comme des conventions d’actionnaires, à la disposition du premier ministre Philippe Couillard, qui, déplore-t-il, ne les connait pas.

Entre-temps, Investissement Québec (IQ), qui ne détient pas d’actions de Couche-Tard, a l’intention d’approcher l’entreprise, à un moment qui n’a pas été dévoilé, afin d’en savoir plus sur la «problématique», a confirmé sa porte-parole, Chantal Corbeil.

«Il peut y avoir différentes formes d’aide, a-t-elle expliqué. Cela dépend des besoins. Dans ce cas-ci, c’est probablement de la participation.»

Mme Corbeil a rappelé qu’Investissement Québec, qui ne possède aucune action de Couche-Tard, pouvait seulement être un partenaire minoritaire dans l’éventualité où une forme d’intervention serait envisagée.

À Ottawa, le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, s’est montré très prudent dans ses commentaires, affirmant qu’il s’agissait à ce stade-ci d’un enjeu interne.

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