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Une nouvelle politique d’approvisionnement en santé réclamée

Photo: Josie Desmarais/Métro

La politique gouvernementale d’approvisionnement des établissements de santé doit être révisée, a déclaré mardi le regroupement canadien des entreprises de technologies médicales, le MEDEC.

Les contrats d’approvisionnement des organismes publics sont actuellement accordés aux plus bas soumissionnaires, avec peu d’égards pour la qualité des produits, les bénéfices pour les patients et les conséquences sur les coûts globaux du système de santé.

«Il y a toutes sortes de facteurs qui peuvent faire en sorte qu’un produit moins cher coûte plus cher au système», a avancé Benoît Larose, vice-président de MEDEC pour le Québec.

«Le cas classique, ce sont les gants, a renchérit son collègue Philippe Coutu, vice-président du comité Valeur de l’innovation. Tu peux prendre les gants les moins chers, mais s’il y en a un qui se brise à chaque chirurgie, tu te retrouves à en acheter plus.»

Selon M. Larose, de nombreuses technologies développées au Québec avec le soutien de fonds publics ne trouvent ainsi pas leur premier marché au Québec. «Ce sont des patients et des systèmes de santé de l’étranger qui bénéficient d’innovations générées ici», a-t-il dénoncé.

Johanne Castonguay, économiste au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), déplore également la situation. Elle donne l’exemple d’un nouveau test permettant de faire un diagnostic de grippe en une heure plutôt qu’en trois jours, ce qui permettrait de donner plus rapidement les bons traitements aux patients et d’éviter une hospitalisation. «On ne l’achète pas, parce que ça coûte trop cher», a-t-elle avancé.

M. Larose a pour sa part mentionné les stimulateurs cardiaques qui permettent un suivi à distance par le clinicien, sans que le patient ait à revenir à l’hôpital. «Peu de patients en bénéficient au Québec, parce que ça coûte plus cher que les implants de base. Pourtant, les patients génèrent des coûts lorsqu’ils reviennent à l’hôpital. Si on faisait un calcul de retour sur l’investissement, probablement que ça se payerait assez rapidement», a-t-il soutenu.

Selon Yves Verboven, directeur de MedTech Europe, des modes d’approvisionnement incluant davantage de critères de qualité et d’analyse d’impact sur les coûts ont donné des résultats positifs dans plusieurs pays d’Europe. Il était invité mardi par le MEDEC à donner une conférence.

Le gouvernement n’est toutefois pas pressé de mettre en branle une telle réforme. «Nous sommes déjà au Québec parmi les meilleurs en Amérique du Nord en matière d’achat d’équipement avec des prix bas, a fait savoir Julie White, attachée de presse du ministre de la Santé Gaétan Barrette. Ceci étant, s’il y a des façons de s’améliorer, nous sommes ouverts.»

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