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Syndicats: Québec se dirige vers un affrontement dans le monde municipal

QUÉBEC – Un «cocktail Molotov» attend les libéraux: le gouvernement se dirige vers un affrontement avec les employés municipaux s’il change le rapport de forces des négociations en faveur des maires, ont lancé en mise en garde les principaux chefs syndicaux au premier ministre Philippe Couillard, vendredi.

Le nouveau Pacte fiscal signé l’automne dernier avec les municipalités prévoit une révision des règles de négociations et d’arbitrage qui permettrait aux villes de décréter les conditions de travail, ce qui provoque la colère des syndicats.

Dans un point de presse au terme du traditionnel entretien de la Fête des travailleurs des leaders syndicaux avec le premier ministre, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, a déclaré que si le gouvernement «tripote» le Code du travail, il risque d’y avoir un conflit.

«Mettez les cols bleus, les cols blancs, les pompiers et les policiers ensemble, ça peut faire un méchant cocktail Molotov», a-t-il prévenu, flanqué de ses homologues des autres centrales syndicales, vendredi matin, à l’extérieur de l’immeuble du Conseil exécutif à Québec.

M. Boyer a fait remarquer que le régime actuel fonctionne bien puisqu’il n’y a pas eu de conflit majeur avec les syndicats municipaux au cours des dernières années. Les syndicats ne voient pas l’utilité de modifier les règles du Code du travail qui ont été validées par les tribunaux, que ce soit le droit d’association ou le droit à la libre-négociation, a-t-il poursuivi.

«(Les maires) se plaignent, mais je ne sais pas de quoi», a dit le chef de la FTQ. Son collègue, le président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), François Vaudreuil, a renchéri et a accusé les élus municipaux de fabulation.

«À force de répéter un truc qui n’existe pas et qui n’est pas vrai, on finit par le croire, or c’est ça, de la fabulation, a déclaré M. Vaudreuil. Quand les maires disent qu’ils n’ont pas de rapports de forces, je peux vous dire que cela varie énormément d’une ville à l’autre. Les travailleurs acceptent des conditions en fonction de la réalité qu’ils vivent.»

M. Vaudreuil a affirmé que les leaders syndicaux sont sortis de la rencontre avec «beaucoup d’inquiétudes» sur les mécanismes de négociations qui seront mis en place. M. Couillard leur a dit qu’il partageait leur opinion sur l’importance du droit d’association et du droit à la libre-négociation, mais ils espèrent que leur interprétation ne diffère pas, a dit le chef de la CSD.

Par ailleurs, la rencontre a été «stérile» sur les «conséquences de l’austérité», a résumé M. Vaudreuil. Les leaders syndicaux disent ne pas avoir été rassurés du tout.

«Il y a des réinvestissements dans le dernier budget Leitao mais jamais à la hauteur des besoins en santé et en éducation», a affirmé le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Jacques Létourneau.

Ils disent avoir mis en garde M. Couillard contre les compressions dans les CPE et «l’hypercentralisation» du réseau de la santé aux mains du ministre Gaétan Barrette.

Par ailleurs, le premier ministre leur a annoncé la tenue d’un forum sur l’économie auquel les syndicats seraient conviés avec le patronat, dans le but de «redynamiser l’économie», selon les mots de M. Vaudreuil. Les dirigeants syndicaux y voient un gain, même si la forme de ce forum n’a pas été définie.

«L’année dernière ou l’année d’avant, le gouvernement ne voulait rien savoir, a dit M. Létourneau. Là, il y a une reconnaissance que si le gouvernement et les acteurs ne donnent pas un coup de barre, on va continuer à créer des emplois précaires.»

Enfin, la ministre du Travail, Dominique Vien, qui a pris part à la réunion au côté du premier ministre, l’a qualifiée de «très importante, très intéressante», au cours d’un bref point de presse où elle a tourné les talons sans commenter davantage.

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