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Lait diafiltré: les libéraux sur la défensive

Dairy milking cow Photo: Archives Métro

OTTAWA – Les libéraux promettent de l’action dans le dossier de l’importation du lait diafiltré, mais le seul engagement qu’ils sont prêts à formuler pour le moment est celui de mener des consultations.

Sentant la pression monter, le gouvernement a convoqué la presse, mardi, simplement pour annoncer que des rencontres se tiendraient d’ici les prochaines semaines — et pour jeter le blâme sur le précédent gouvernement.

Cette convocation survenait peu avant un vote en Chambre sur une motion néo-démocrate enjoignant le gouvernement à agir sans plus tarder dans ce dossier, qui menace la survie des fermes familiales.

Elle survenait aussi alors que des dizaines de producteurs laitiers exaspérés manifestaient devant les bureaux de la compagnie Parmalat, à Montréal.

La motion de la députée Ruth Ellen Brosseau demandait notamment que l’on reconnaisse «l’importance des pertes économiques des producteurs laitiers canadiens qu’a entraînées l’importation de lait diafiltré des États-Unis».

Elle a été battue 171 à 142. Les députés conservateurs, néo-démocrates et bloquistes ont voté en sa faveur, mais les libéraux ont profité de leur majorité à la Chambre des communes pour la défaire.

Il était «impossible» d’appuyer une motion stipulant «que le gouvernement signe des accords commerciaux qui ouvrent des brèches dans la gestion de l’offre et auront un impact négatif sur l’industrie laitière canadienne», a justifié le ministre de l’Agriculture, Lawrence MacAulay.

Les représentants de l’industrie chiffrent à 220 millions $ les pertes liées aux importations de lait diafiltré en 2015, alors que les importations ont été de 32 000 tonnes, comparativement à environ 21 000 tonnes l’année précédente.

Considéré comme du lait par l’Agence canadienne des aliments (ACIA), le lait diafiltré — surtout utilisé dans la fabrication des fromages — est considéré comme un ingrédient à la frontière, ce qui lui permet d’échapper aux tarifs douaniers imposés au lait, oeufs et volailles.

La députée Brosseau n’a pas mâché ses mots pour critiquer l’attitude du gouvernement libéral dans ce dossier.

«C’est plus que frustrant. Je suis enragée. Le ministre de l’Agriculture dit: ‘On est en train de consulter’. C’est de la ‘bullshit’. Tout le monde sait quoi faire, mais ils (les libéraux) traînent de la patte. Je ne les comprends pas», a-t-elle tonné en mêlée de presse.

Le ministre MacAulay a pour sa part fait valoir en conférence de presse qu’il souhaitait une solution durable au problème, sans toutefois préciser quelles pourraient être les options envisageables ou l’échéancier que se donne le gouvernement.

«Comme je l’ai indiqué, nous allons nous asseoir avec les représentants de l’industrie et trouver une solution à long terme pour toutes les régions au pays», s’est-il contenté de dire.

Les libéraux comptent déposer prochainement au comité parlementaire de l’agriculture et de l’agroalimentaire une motion prévoyant une rencontre avec les producteurs laitiers et l’industrie laitière canadienne «au cours des 30 prochains jours».

Cette annonce a été accueillie «froidement» et «avec déception» par les Producteurs de lait du Québec, où l’exaspération semble à son comble.

«En février dernier, le ministre (…) MacAulay a déclaré qu’il n’avait jamais été dans les intentions que le lait diafiltré soit utilisé au lieu du lait dans les fromages et qu’il travaillait afin d’assurer que les règles soient claires pour tous», a signalé le président de l’organisation, Bruno Letendre.

«Le problème est connu et la solution aussi. Le gouvernement devrait assumer ses responsabilités et appliquer sa réglementation au lieu de relancer de nouvelles consultations», a-t-il ajouté par voie de communiqué.

L’Assemblée nationale du Québec compte également faire pression sur le gouvernement fédéral dans ce dossier. Ses députés ont adopté à l’unanimité, le 13 avril dernier, une motion pour que la définition du lait diafiltré soit mieux harmonisée.

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