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Bilan des six premiers mois de Trudeau

OTTAWA – Après six mois au pouvoir, Justin Trudeau estime s’en être plutôt bien tiré — même s’il concède qu’il y a toujours place à l’amélioration. L’opposition, elle, dénonce le peu de réalisations et les promesses brisées des libéraux.

Exceptionnellement, le premier ministre a ouvert aux journalistes les portes de sa réunion de caucus mercredi matin, le temps d’un discours à ses députés et ministres. «Comme je le disais toujours en campagne électorale, faire mieux est toujours possible. Et cela s’applique à nous au cours des six derniers mois», a-t-il lancé à ses troupes.

M. Trudeau a spécifié qu’il y avait notamment plus à faire pour que son gouvernement soit aussi ouvert et transparent que promis. Le ministère des Finances a notamment été critiqué récemment pour son manque de collaboration avec le Directeur parlementaire du budget (DPB), alors qu’il refusait de divulguer son analyse des coûts des promesses électorales. Plus tard en point de presse, il a assuré que son gouvernement était en train de «parler» au DPB, afin d’être certain qu’il puisse faire son travail.

«On est dans une situation où on a hérité des processus et un gouvernement qui n’a pas eu, pendant dix ans, l’habitude de l’ouverture et de la transparence», s’est-il justifié, faisant référence aux conservateurs.

M. Trudeau a par ailleurs fait un retour sur les réalisations de son gouvernement jusqu’à présent, vantant notamment la baisse d’impôt pour la classe moyenne et l’entrée en vigueur prochaine de l’allocation pour les familles.

Il a répété l’évidence: il reste beaucoup de travail à faire pour livrer ce qui a été promis aux électeurs canadiens en octobre. «Nous avons connu un assez bon départ, mais rappelons-nous qu’il y a pas mal plus de travail devant nous que derrière nous», a-t-il noté.

En conférence de presse, il a été interrogé sur différents dossiers qui restent en suspens. Sur la réforme électorale, il a assuré avoir toujours l’intention de tenir parole avant le prochain scrutin. Il a également dit vouloir agir contre la traite des personnes — un thème qui a resurgi avec une hausse des fugues dans les centres jeunesses du Québec — mais n’a pas fourni d’échéancier.

Promesses brisées

Les partis d’opposition ont évidemment une évaluation beaucoup moins rose des six premiers mois du gouvernement libéral à Ottawa.

Le député conservateur Tony Clement a entre autres dénoncé le retrait des militaires canadiens de la mission de bombardements aériens contre le groupe État islamique. Selon M. Clement, cela nuit à la sécurité des Canadiens. «Je pense que c’est un virage à 180 degrés dans la mauvaise direction», a-t-il illustré.

En Chambre, son collègue Denis Lebel s’en est pris au bilan économique de M. Trudeau et au déficit prévu dans le premier budget. «Il n’a fallu qu’un seul mois aux libéraux pour qu’ils dilapident le surplus conservateur de 7,5 milliards $, a-t-il affirmé. Pire, ils ont dépensé 5 milliards $ supplémentaires pour en arriver à un déficit de 13 milliards $. Cette façon de faire est irrespectueuse des contribuables canadiens.»

Le chef néo-démocrate sortant, Thomas Mulcair, a soutenu que M. Trudeau avait accompli peu de choses au cours des six derniers mois, notamment sur le dossier des changements climatiques. «Je salue le changement de ton. Nous n’avons plus affaire à des troglodytes qui nient l’existence des changements climatiques, a-t-il ironisé. Nous avons affaire à quelqu’un qui est excellent en termes de relations publiques, mais qui ne livre pas la marchandise.»

M. Mulcair a déploré que les troupes libérales n’aient toujours pas rétabli le service du courrier à domicile, aient renoncé à baisser les impôts pour les petites et moyennes entreprises et aient coupé court aux débats dans le dossier de l’aide médicale à mourir.

Pour le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, le bilan de M. Trudeau est «négatif et triste pour le Québec». Il a critiqué le manque d’empressement dans le dossier de l’importation du lait diafiltré qui nuit aux agriculteurs locaux, l’inaction devant les demandes d’aide de Bombardier et l’imposition de la loi C-10 qui allège les conditions imposées à Air Canada pour l’entretien de ses avions au pays.

«Quarante députés du Québec chez les libéraux? On aurait été aussi bien de laisser ces sièges-là vacants, on aurait probablement été mieux servis», a-t-il lancé.

Dans le dossier des changements climatiques, la chef du Parti vert, Elizabeth May, a également critiqué la lenteur de M. Trudeau. Elle craint désormais qu’en dépit des belles paroles, le Canada conserve pour de bon les cibles peu ambitieuses de réduction des gaz à effet de serre (GES) de l’ancien gouvernement conservateur.

Si elle accorde une «note parfaite» au gouvernement Trudeau lors des négociations pour l’Accord de Paris, elle dit «s’attendre à plus» pour ce qui est des gestes concrets à poser au Canada pour réduire les GES.

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