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Postes Canada: Ottawa lance une étude

A Canada Post mailbox is seen near Parliament Hill in Ottawa, Thursday May 5, 2016. The government announced it will review Canada Posts operations. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: La Presse canadienne
Fannie Olivier - La Presse Canadienne

OTTAWA – Les Canadiens qui espéraient le retour complet de la livraison du courrier à domicile devront revoir leurs attentes à la baisse.

Alors que bien des Canadiens avaient compris en campagne électorale que les libéraux promettaient de restaurer le service de livraison à domicile, le gouvernement met maintenant sur pied un comité chargé d’évaluer les «options viables» pour l’avenir de Postes Canada.

Est-ce dire que de nouvelles boîtes postales communautaires pourraient pousser en milieu urbain? «Aucune option n’est écartée», a signalé en conférence de presse à Ottawa, jeudi, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote.

Le gouvernement de Justin Trudeau entend procéder à cet examen en deux phases. D’abord, un groupe de travail se penchera sur les analyses déjà existantes sur la question et étudiera les meilleures pratiques qui prévalent actuellement à l’étranger. Il remettra ensuite son rapport à un comité parlementaire qui sillonnera le pays pour entendre le point de vue des gens. Ce comité devrait émettre ses recommandations avant la fin de l’année 2016. Le coût de l’exercice s’élèvera à 2 millions $.

Le service de livraison du courrier à domicile avait fait grand bruit pendant la campagne électorale. Le maire de Montréal, Denis Coderre, avait notamment causé l’émoi quand il s’était attaqué avec un marteau piqueur à une dalle destinée à soutenir une boîte postale.

Dans une conférence de presse conjointe avec M. Coderre, le chef libéral Justin Trudeau avait lancé: «Nous nous engageons à rétablir le courrier à domicile, les gens s’attendent à un certain service et nous allons le leur livrer». Son engagement à cet égard était cependant moins catégorique dans sa plateforme électorale. «Nous reviendrons sur la décision de Stephen Harper de mettre fin à la livraison du courrier à domicile au Canada», était-il écrit.

Les partis d’opposition ont accusé le premier ministre de rompre une promesse électorale.

«Le premier ministre n’a-t-il pas honte d’avoir berné les Canadiens?», a lancé le chef néo-démocrate Thomas Mulcair à la période de questions aux Communes.

«Au contraire. Ce à quoi nous nous sommes engagés, c’est de consulter, de réfléchir, de démontrer que nous comprenons que les Canadiens s’attendent à un meilleur niveau de service pour un moindre coût», a répliqué M. Trudeau. Il a par ailleurs rappelé qu’il avait imposé un moratoire sur l’implantation de nouvelles boîtes postales.

Services

En campagne, les libéraux avaient effectivement promis un examen de Postes Canada pour s’assurer de «services de qualité à un prix raisonnable». Cet engagement est ainsi respecté avec l’annonce de Mme Foote.

«C’est très important que nous regardions toutes les options possibles. Nous devons nous assurer que Postes Canada demeure viable», a expliqué la ministre en point de presse.

Cela signifie que de nouvelles avenues pourraient être envisagées — un service bancaire offert aux citoyens, par exemple — mais aussi que les services pourraient être touchés.

«Une option potentielle est de restaurer la livraison à domicile. La question: sera-t-elle restaurée deux fois, trois fois, cinq fois par semaine? Nous avons besoin d’entendre les Canadiens sur ce dont ils ont besoin», a-t-elle dit.

Aux yeux de Françoise Bertrand, présidente du groupe de travail sur Postes Canada, l’exercice est nécessaire parce que la façon dont sont utilisés les services postaux est en mutation.

«Les Canadiens et les Canadiennes sont de plus en plus nombreux à payer des factures et à faire des achats en ligne, a-t-elle noté. Le nombre de colis expédiés a par ailleurs augmenté, tandis que le volume de correspondances écrites a diminué. Il est clair que l’environnement dans lequel Postes Canada opère a beaucoup changé.»

La privatisation n’est pas sur la table, a clairement indiqué la ministre Foote.

Réactions mitigées

Tant Postes Canada que le syndicat des postiers ont salué l’initiative libérale. Denis Lemelin, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), s’est dit prêt et ouvert à participer à la réflexion, et ne craint pas qu’elle puisse aboutir ultimement à une diminution des services.

«Ça ne nous inquiète pas. Le comité indépendant a une responsabilité importante. Il faut qu’il fasse vraiment enquête sur quelles sont les possibilités et quels sont les coûts de ces possibilités-là», a-t-il noté en entrevue.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), lui, accuse les libéraux de renier leur promesse, un geste «inacceptable» aux yeux de la députée néo-démocrate et ancienne factrice Karine Trudel.

Pour le député conservateur Gérard Deltell, les promesses libérales quant au courrier à domicile étaient tout simplement impossibles à tenir. «C’était farfelu, irréaliste et irresponsable, et là, la vérité leur éclate en pleine face», a-t-il soutenu.

Le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, se demande pour sa part si la mise sur pied d’un groupe de travail est absolument nécessaire. «Comment ça se fait qu’en campagne électorale, on nous promet des choses, puis une fois élu, on nous dit « bien, savez-vous, on a peut-être été un peu trop vite dans nos promesses ». (…) Pour moi, c’est décevant», a-t-il indiqué.

La présidente de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Suzanne Roy, veut quant à elle s’assurer que Postes Canada consultera les élus municipaux et respectera les pouvoirs des municipalités en matière d’aménagement urbain.

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