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Projet de loi de Mauril Bélanger freiné par le PC

OTTAWA – Les députés conservateurs ont contrecarré les efforts visant à s’assurer que le député libéral mourant Mauril Bélanger puisse voir se réaliser son rêve d’un hymne national sans distinction de genre.

Ses collègues libéraux, avec l’aide des néo-démocrates, ont tenté deux manoeuvres procédurales, vendredi, pour accélérer le traitement du projet de loi d’initiative parlementaire de M. Bélanger.

Mais les députés conservateurs ont bloqué les deux tentatives. Ils ont mobilisé suffisamment d’intervenants pour combler la première heure de la période de débats allouée sur le projet de loi, plutôt que de restreindre les échanges et d’entraîner un vote en deuxième lecture la semaine prochaine.

Le député libéral Greg Fergus a cherché à obtenir l’aval de tous pour poursuivre le débat pour une autre heure — ce qui aurait également forcé un vote la semaine prochaine —, mais les députés conservateurs ont refusé. Par conséquent, le projet de loi a peu de chance d’être débattu de nouveau ou de faire l’objet d’un vote avant l’automne prochain.

Le projet de loi d’initiative parlementaire C-210 vise à remplacer les mots «thy sons» par «of us» dans la version anglaise de l’hymne national du Canada pour éliminer toute distinction de genre. Il n’aurait aucun impact sur la version française.

M. Fergus s’est dit en colère, et a soutenu que les conservateurs ne faisaient que retarder l’inévitable. Le projet de loi de M. Bélanger, ou un autre similaire, sera éventuellement adopté, et la seule chose que les conservateurs ont contrecarré, vendredi, est une tentative de s’assurer que le projet aboutisse «alors que Mauril (Bélanger) peut encore en tirer satisfaction».

M. Bélanger a effectué vendredi un retour à la Chambre des communes pour lancer le débat en deuxième lecture de son projet de loi visant à modifier l’hymne national.

L’élu d’Ottawa, qui a appris l’automne dernier qu’il souffrait de sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Lou Gehrig, a perdu une partie de sa motricité et l’usage de la parole.

Ovationné par ses collègues à son entrée en Chambre, en fauteuil roulant, il a présenté ses arguments à travers une voix synthétique. M. Bélanger avait eu recours à cette même technologie le jour où il a présidé à titre honorifique les travaux parlementaires, en mars.

«Notre hymne national ne devrait pas ignorer la contribution grandissante de 52 pour cent de notre population», a-t-il exposé sous le regard de son épouse, qui était assise dans les tribunes en compagnie de l’ancien chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae.

«Les progrès réalisés par les femmes dans notre société sont significatifs, et ils devraient être pleinement reconnus», a poursuivi Mauril Bélanger, qui sera resté en Chambre pendant un peu plus de 15 minutes avant de quitter, sous les applaudissements de ses pairs.

La ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, qui représente elle aussi une circonscription d’Ottawa, s’est montrée très émue pendant le discours de son collègue, à qui elle avait rendu hommage auparavant.

«C’est un grand ami, c’est un grand parlementaire, je suis vraiment heureuse qu’il soit ici pour cette grande journée», a-t-elle dit en mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes après la période des questions, vendredi.

Elle disait espérer que les parlementaires donnent leur aval à C-210. «L’hymne national, c’est quelque chose qui nous unit comme Canadiens. On est en 2016. On devrait avoir un hymne qui reflète les hommes et les femmes», a-t-elle affirmé.

Dans les rangs conservateurs, on ne semblait pas chaud à l’idée — une suggestion qui était pourtant contenue dans le discours du Trône du gouvernement Harper en 2010.

«L’intention derrière ce projet de loi est bonne; nos symboles et nos institutions devraient être les plus inclusifs possibles. Par contre, réécrire les paroles de notre hymne national au nom de la rectitude politique va trop loin», a offert le député conservateur Larry Maguire.

Dans les banquettes libérales, on a réagi bruyamment à la déclaration. Mais c’est la réaction de la députée néo-démocrate qui a pris la parole immédiatement après le conservateur qui a sans contredit été la plus cinglante.

«Le précédent gouvernement a passé 10 ans à s’attaquer sans retenue aux programmes destinés aux femmes. (…) Je ne peux pas croire qu’il tienne de tels propos alors que l’on offre une opportunité fantastique de redorer l’image du Parti conservateur», a lancé Sheila Malcolmson.

Le député conservateur Gérard Deltell est lui aussi en désaccord avec les changements proposés dans le projet de loi.

«Je ne suis pas tout à fait ouvert par rapport à cette question-là. Pour moi, l’hymne national, ça reflète notre histoire, notre réalité, et je suis tout à fait à l’aise avec les paroles de l’hymne national», a-t-il fait valoir vendredi matin en mêlée de presse.

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